L’église du Sacré-Coeur
Une église exceptionnelle
Entre 1950 et 1960, ce sont près de 450 églises qui sont édifiées en France. L’église du Sacré-Cœur sous l’impulsion de l’abbé Prenel fait partie de ce renouveau de l’art sacré qui en Franche-Comté est dominé par la construction de la ChapellePetit lieu de culte construit à la campagne, sur un domaine privé, dans un hôpital… ou partie annexe d’une église qui comporte un autel. Le Corbusier à Ronchamp. L’architecte Maurice Novarina qui s’est distingué par la construction de l’église du Plateau d’Assy (Savoie) et les artistes qui ont travaillé à cette occasion avec lui, Bazaine et Léger interviennent dans le projet d’Audincourt (1949-1951). Béton armé et pierre appareillée donnent naissance à un bâtiment aux volumes dépouillés. La charpente en bois cintrée semble suspendue au dessus de la couronne en pavés de verre colorés dus à Fernand Léger, pavés qui forment le lien avec les murs. Clocher et baptistèreEdifice où l’on administre le baptême. sont détachés de la nefPartie centrale d’une église où se rassemblent les fidèles. Située entre l’entrée et le transept, elle est divisée en travée.. Le baptistèreEdifice où l’on administre le baptême. éclairé par des vitraux de Jean Bazaine, qui intervient aussi sur la mosaïqueDécor multicolore constitué de petits carreaux de pierre ou de terre cuite assemblés de façon à figurer un dessin. de la façade, abrite une cuve baptismale en pierre d’une grande pureté. Pavement, mosaïqueDécor multicolore constitué de petits carreaux de pierre ou de terre cuite assemblés de façon à figurer un dessin. murale, vitraux de la crypte sont dus à Jean Le Moal. Les couleurs chatoyantes, l’abstraction, le dépouillement en matière de mobilier confèrent une très grande modernité à cet édifice. Il est le fruit des dons mais il est du aussi au travail des paroissiens, nouveaux ouvriers de l’industrie automobile alors en plein essor, qui viennent s’installer dans ces quartiers récents à loyers modérés et qui s’impliquent dans la fabrication du mobilier par exemple de l’église.
En savoir plus
Un des hauts lieux de l’art sacré du XXe siècle
Jalon majeur parmi les quelque quatre cent cinquante églises élevées en France entre 1950 et 1960, le Sacré-Cœur d’Audincourt marque la réconciliation de l’art sacré avec la création artistique contemporaine, sous l’impulsion décisive du dominicain Marie-Alain Couturier (1877-1954). Ce même élan se re à l’église du plateau d’Assy (1950) et à la chapellePetit lieu de culte construit à la campagne, sur un domaine privé, dans un hôpital… ou partie annexe d’une église qui comporte un autel. de Vence (1951) où le Père Couturier propose à l’avant-garde de son époque de faire œuvre de créateurs, sans se préoccuper de l’appartenance religieuse ou politique des artistes, mais uniquement de leur génie.
Avec des moyens plus réduits mais avec le concours des habitants de ce nouveau quartier ouvrier (qui ont creusé les fondations, fabriqué l’autelTable où l’on célèbre la messe., les bancs, la serrurerie…), le chantier du Sacré-Cœur réunit donc plusieurs artistes d’avant-garde, comme le communiste Fernand Léger.
Il s’agit de la deuxième église catholique élevée au XXe siècle à Audincourt puisque, dès 1929-1932, Dom Bellot, architecte et moine bénédictinMoine suivant la règle de saint Benoît., avait fait reconstruire dans le quartier des Forges la vaste église de l’Immaculée Conception aux curieuses voûtes polygonales faites de brique et de béton. L’abbé Prenel, curéPrêtre chargé d’une cure, fonction de direction spirituelle et d’administration d’une paroisse. de la paroisse d’Audincourt, souhaite une église novatrice, simple, alliant pureté et lumière, propre à élever l’âme du fidèle vers Dieu. Il fait appel à un célèbre architecte, Maurice Novarina, qui dirigera par la suite de grandes opérations d’urbanisme comme Planoise à Besançon ou le village olympique de Grenoble. Il conçoit une architecture extérieure dépouillée: une structure en béton, que certains jugent décevante, formée d’une vaste nefPartie centrale d’une église où se rassemblent les fidèles. Située entre l’entrée et le transept, elle est divisée en travée., jouxtée de part et d’autre par un baptistèreEdifice où l’on administre le baptême. circulaire à toit conique et un campanileTour situé à côté d’une église et abritant les cloches. de plan rectangulaire. En revanche, cette enveloppe austère se veut l’écrin d’un intérieur magnifié par des œuvres d’art majeures. La mosaïqueDécor multicolore constitué de petits carreaux de pierre ou de terre cuite assemblés de façon à figurer un dessin. du parvis, conçue par Bazaine, est une énorme tache de couleur, hymne à la joie et à la foiPour le christianisme, croyance et confiance en Dieu.. Dans la crypte, les dalles vitrées de Le Moal créent une atmosphère plus retenue, propice à la méditation. Le thème omniprésent des vitraux du baptistèreEdifice où l’on administre le baptême. est celui de l’eau vive, symbole de l’entrée dans la communauté chrétienne.
Contexte
Croire et prier pour les catholiques au XXe siècle
Dans les années 1950 et 1960, l'Église essaie d'assurer sa présence au sein d'une société en pleine mutation. Elle s’appuie sur de nombreux mouvements d'action catholique. L'expérience des prêtres ouvriers répond à cette même volonté de s’adresser à des milieux où la référence religieuse disparaît. Certains prêtres ouvriers rejoignent les combats syndicaux, voire politiques, de la classe ouvrière. L'expérience est condamnée par le pape Pie XII. Le concile Vatican II est réuni par le pape Jean XXIII en 1962. Il essaie d'imposer un aggiornamento, c'est-à-dire une mise à jour, une réforme de l'Église catholique pour qu'elle s'inscrive pleinement dans le monde moderne.
Le mouvement œcuménique s'efforce quant à lui de promouvoir l'unité des chrétiens des différentes confessions (catholique, protestante, orthodoxe) et d'encourager des actions communes.
Ce renouveau de l'Église se traduit aussi par une nouvelle architecture religieuse. Elle est confiée parfois aux architectes et artistes les plus novateurs du temps. Ces derniers, dans les années 1950 et 1960, sont souvent éloignés de toute pratique religieuse. Léger, Matisse, Chagall, Lurçat, Bazaine et Germaine Richier sont ainsi mobilisés par le père dominicain Couturier. Dans cet esprit, Le Corbusier conçoit la chapelle de Ronchamp et le couvent dominicain de la Tourette.
Malgré ces efforts, la tendance profonde et de longue durée des sociétés d'Europe occidentale reste la déchristianisation. Un certain dynamisme existe encore, l'Église mobilise des foules considérables lors de grands rassemblements. Cependant, chaque génération, depuis des décennies, est moins pratiquante et moins croyante que la génération qui l'a précédée. Il n'y a plus qu'une centaine de prêtres ordonnés par an contre 285 en 1970. Aujourd'hui, 53 % des Français se disent catholiques et 4,5 % sont des pratiquants réguliers.
Complément(s)
Image(s)
Document(s)
L’église Saint-Louis de Montrapon à Besançon
À Besançon, comme à Audincourt, la naissance de nouveaux quartiers après guerre nécessite de nouveaux lieux de culte. Imganée et débutée dans les années cinquante, l’église Saint-Louis de Montrapon n’est pas sans rappeler le Sacré-Coeur d’Audincourt.
© CRDP de Franche-Comté, 2009
Laissez-vous conter… les clochers du Pays de Montbéliard
Dans le Pays de Montbéliard, il ne faut pas se fier aux apparences : un clocher peut en cacher un autre !
© Ville de Montbéliard
Vidéo(s)
Eglise du Sacré-Coeur d’Audincourt : le projet
Un film d’Yves Bouvier – durée : 1 minute
Production CRDP de Franche-Comté
Découvrez le projet de l’église du Sacré-Coeur d’Audincourt et les choix de l’architecte retenu, Maurice Novarina.
© Centre régional de documentation pédagogique de Franche-Comté
Eglise d’Audincourt : promenade
Un film d’Yves Bouvier – durée : 1 minute
Production CRDP de Franche-Comté
Vous êtes en face de l’église du Sacré-Coeur : laissez-vous guider pour découvrir l’architecture de Maurice Novarina !
© Centre régional de documentation pédagogique de Franche-Comté
Site(s)
Reportage sur l’inauguration de l’église d’Audincourt
En présence du ministre de l’Information Robert Buron, voici l’inauguration de l’église moderne du Sacré Coeur construite par Maurice Novarina en 1949 et décorée par Jean Bazaine, Fernand Léger et Jean Le Moal.