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Le temple Saint-Martin

Montbéliard | Doubs | 1607
Époque moderne

Le temple Saint-Martin
© Ville de Montbéliard

Un temple pour Montbéliard

En 1584, alors que la chrétienté se divise entre catholiques et protestants, le pays de Montbéliard penche pour la Réforme et adopte la religion luthérienne. Le prince Frédéric fait alors édifier sur la place Saint-Martin un nouveau lieu de culte qui manifeste à la fois le prestige du luthéranisme et la grandeur du souverain. Le chantier est confié à l’architecte, ingénieur et urbaniste Schickhardt et s’étend de 1601 à 1607. L’architecture est novatrice, à la fois inspirée par le modèle antique et par les influences italiennes. En effet, en 1598 et 1600, Schickhardt fait deux séjours en Italie, berceau de la Renaissance, d’où il rapporte des esquisses précises des monuments visités, et des idées qu’il met en œuvre à Saint-Martin, son chef-d’œuvre. Il choisit la structure rigoureuse du temple antique, posé sur un podium, entouré d’une colonnade de pilastres, ornés de chapiteaux toscans, surmontés d’un entablement et d’un fronton. Il agrémente les façades de profondes fenêtres coiffées de frontons alternativement triangulaires ou cintrés. Ce temple est le plus ancien de France encore en activité. Les protestants ont pris l’habitude, dans certains pays comme la France, d’appeler leurs lieux de culte des temples pour les distinguer des églises catholiques. Ils s’en différencient également par leur dépouillement, à l’extérieur comme à l’intérieur.

En savoir plus

Le génie de Schickhardt

Au cours des querelles religieuses du XVIe siècle, le prince Frédéric a réussi à imposer le luthéranisme dans la principauté de Montbéliard. Pour manifester le triomphe de la religion nouvelle, il envisage la construction d’un temple consacré au culte protestant. Il veut aussi marquer la cité de son empreinte de prince bâtisseur en l’ornant d’un nouvel édifice cultuel, rendu d’autant plus nécessaire que la population a fortement augmenté.
Le chantier se déroule de 1601 à 1607, sous la direction de l’architecte en chef de la principauté, Schickhardt, qui réalise là son œuvre la plus aboutie. Il s’est inspiré des modèles antiques et italiens qu’il a admirés, dessinés, et analysés lors de deux séjours effectués en 1598 et 1600 en Italie, foyer de la Renaissance et matrice du renouvellement artistique européen. L’édifice, dans la tradition du temple romain, est un double carré, posé sur un haut soubassement. Il est ceint d’une colonnade de pilastres toscans qui déterminent des travées percées de profondes baies rectangulaires au chambranle mouluré que coiffe un fronton tantôt rectangulaire, tantôt cintré. Les quatre façades sont traitées à l’identique, ce qui confère à l’édifice un caractère majestueux et monumental. Un portail architecturé occupe la travée centrale des façades nord, sud et ouest, et c’est là que l’inspiration italienne est la plus prégnante avec, pour la porte sud, un encadrement de colonnes géminées posées sur un socle élevé, un entablement que surmonte un fronton brisé orné de volutes, directement repris de l’autel de l’église Sainte-Justine à Padoue. Pourtant, le génie de Schickhardt est de ne pas être resté un imitateur servile : fécondé par l’héritage antique et l’apport italien, il a développé un style personnel qui repose, dans l’esprit de la Réforme, sur la mesure, la rigueur et le dépouillement et qui préfigure également le classicisme dans la lignée de Palladio.

Contexte

Croire et prier au début du XVIe siècle 

La naissance du protestantisme 

Au début de l'époque moderne, l'Église catholique ne répond plus aux besoins de nombreux fidèles qui s'inquiètent de leur salut. Beaucoup de chrétiens critiquent les abus de la Papauté. Ils dénoncent la richesse, l'absentéisme et le manque d'instruction du clergé. Les humanistes de la Renaissance redécouvrent la Bible. Ils souhaitent un christianisme plus proche des principes de l'Évangile. Dès le XVe siècle, de plus en plus de chrétiens appellent à une réforme de l'Église. 

Un moine allemand, Martin Luther, s'interroge : est-il sauvé par Dieu ou condamné pour ses péchés ? Sa lecture de la Bible le convainc que seule sa foi peut le sauver. Dieu accorderait ainsi gratuitement son salut. 

Luther critique alors violemment le trafic des indulgences. En échange d'argent, l'Église accordait en effet aux fidèles des indulgences, c'est-à-dire le pardon de leurs fautes. Pour Luther, c'est une atteinte à la gloire de Dieu qui, seul, a le pouvoir de pardonner les péchés des hommes. 

En 1517, il publie 95 thèses pour réformer l'Église. Ses idées sont condamnées par le Pape. Luther refuse de se soumettre. Il est excommunié. 

Soutenus par des princes allemands, Luther et ses partisans créent la première Église protestante. Ils rejettent l'autorité du Pape. Pour les protestants, les croyances chrétiennes ne peuvent être fondées que sur la Bible. Elle est traduite en langue courante pour que tous les fidèles la comprennent. Des pratiques catholiques comme le culte des saints et de la Vierge, qui n'ont pas de fondement dans les saintes écritures, sont condamnées. Seuls deux sacrements sont retenus : le baptême et l'eucharistie (la Sainte Cène). 

Complément(s)

Document(s)

Heinrich Schickhardt et l’épanouissement artistique de la Renaissance

Qu’y a-t-il de commun entre un temple antique et la façade du temple Saint-Martin de Montbéliard ? Entre un autel de Padoue et le portail de ce même temple ? Les réponses dans ce riche dossier documentaire !

© Archives municipales de Montbéliard

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