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La maison Forstner

Montbéliard | Doubs | 1602
Époque moderne

La maison Forstner
© Ville de Montbéliard

Un hôtel Renaissance

Situé sur la place Saint-Martin, en face du temple, cet hôtel particulier est la luxueuse résidence d’une puissante famille. Il doit son nom au chancelier Forstner, engagé au service du prince de Wurtemberg. Il a été construit à la fin du XVIe siècle, son architecte reste inconnu. Pourtant il a réalisé là une œuvre qui marque l’histoire de la ville. La façade impose un style d’architecture résolument nouveau à Montbéliard. C’est le style Renaissance. Il rompt avec la mode gothique qui triomphe en Europe depuis le XIIe siècle et se veut retour à l’Antiquité. D’ailleurs le bâtiment reprend les éléments d’architecture du temple grec ou romain : les quatre niveaux sont décorés de colonnes, parfois doubles, comme de chaque côté de la majestueuse porte d’entrée, et surmontées d’un entablement classique avec ses 3 parties : architrave, frise sculptée et corniche. Les chapiteaux, diffèrent selon les étages, doriques et corinthiens au rez-de-chaussée, ioniques au 1er étage, corinthiens au 2ème et composites au 3ème.

En savoir plus

Des caractéristiques typiques de la Renaissance

Cet hôtel particulier a été construit entre 1596 et 1602 par Joseph Morlot. Il détonne parmi l’ensemble des demeures montbéliardaises. En effet, si la composition de la maison reste de conception traditionnelle avec son corps de bâtiment sur rue doublé à l’arrière de galeries de distribution en bois, la façade par contre s’impose par son remarquable quadrillage d’ordres superposés directement puisé dans la tradition antique. Les quatre niveaux sont décorés de colonnes aux chapiteaux doriques au rez-de-chaussée, ioniques au premier étage, corinthiens au second et composites au troisième. Fidèle à l’architecture du temple grec chaque étage est surmonté d’un entablement classique avec ses trois éléments : architrave, frise et corniche. Le rez-de-chaussée s’enrichit en outre de deux oculi et comprend un portail monumental flanqué de part et d’autre de colonnes géminées aux chapiteaux corinthiens et surmonté d’un arc en plein cintre dont la clef s’orne d’un délicat mascaron. De nombreuses ouvertures, rythment la composition : les étages sont percés d’élégantes fenêtres à meneaux harmonieusement distribuées dans les travées latérales, alors que la travée centrale qui constitue l’axe de symétrie de l’édifice reste pleine. Ce palais est un joyau de la première Renaissance, celle qui rompt avec la tradition du gothique flamboyant tout en ciselures capricieuses et élancements verticaux pour redécouvrir les canons antiques d’équilibre des formes, de proportion et de mesure. Le premier exemple de façade similaire en Franche-Comté est celui du Palais du chancelier Granvelle à Besançon (1534) qui introduit dans la région cette sensibilité nouvelle. A Montbéliard, cet hôtel particulier si novateur appartient à des étrangers : les Morlot, originaires de Lorraine, maîtres de forges de la Principauté chargés de l’exploitation du site de Chagey. Il est racheté au XVIIe siècle par le prince qui en fait don à son chancelier Christoph von Forstner. Le temple Saint-Martin est un autre témoignage de la Renaissance mais il est d’une facture plus tardive, inspiré par le maniérisme italien.

Contexte

Construire à l’époque de la Renaissance 

La période de la Renaissance est marquée par la recherche d’harmonie et de perfection. 

Peintres et architectes de la Renaissance, grâce aux progrès des mathématiques, développent un style nouveau. Avec la perspective, ils changent les habitudes visuelles des spectateurs. Inspirés de l'Antiquité, ces artistes proposent une nouvelle vision du monde et de l'homme. Ils veulent figurer une beauté idéale. En architecture, en sculpture, en peinture, ils recherchent l'harmonie, la simplicité des lignes, les proportions parfaites. Coupoles et colonnes antiques sont remises à la mode. Vers 1475, Martini et Laurana peignent la cité idéale. Cette représentation urbaine mêle formes antiques, symétrie et perspective. 

L'humaniste anglais Thomas More décrit dans son livre L'Utopie une société parfaite, idéale, où règnent l'égalité et l'harmonie entre les hommes. 

Complément(s)

Document(s)

Heinrich Schickhardt et l’épanouissement artistique de la Renaissance

Qu’y a-t-il de commun entre un temple antique et la façade du temple Saint-Martin de Montbéliard ? Entre un autel de Padoue et le portail de ce même temple ? Les réponses dans ce riche dossier documentaire !

© Archives municipales de Montbéliard

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