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La chapelle Saint-Maurice

Jougne | Doubs | 1150
Moyen Âge

La chapelle Saint-Maurice
Jérome Mongreville, © Région Franche-Comté, Inventaire du patrimoine.

Un bâtiment étape

En contrebas du bourg, Jougne conserve, au centre du cimetière, l’une des rares chapelles du XIIe siècle du Haut-Doubs : Saint-Maurice de la Ferrière. A 1 000 m d’altitude, la cluse de Jougne est au Moyen Âge le passage naturel le plus accessible pour traverser le Jura. Les bénédictins de Saint-Maurice d’Agaune (en Suisse) ont construit à cet endroit un prieuré servant de lieu d’étape pour les religieux se rendant en Bourgogne. La chapelle du XIIe siècle est le vestige de ce prieuré. Bien que remaniée vers 1500 et privée alors de son abside, elle a conservé l’essentiel de ses caractéristiques romanes. La nef unique et le chœur forment un ensemble de quatre travées. Ils sont couverts d’une voûte en berceau brisé renforcée par des arcs doubleaux. Des fenêtres en plein cintre, de taille réduite, éclairent la chapelle. Sous le chœur, une crypte, contemporaine de la nef d’après des études récentes, est aménagée pour abriter les reliques. Elles sont considérées au Moyen Âge comme un véritable trésor sacré. Celles de saint Maurice, martyr très populaire, attirent les foules de pèlerins vers son tombeau, à l’abbaye d’Agaune.

En savoir plus

Sur un axe majeur de communication au Moyen Âge

Ancienne église de Jougne, remplacée dans sa fonction paroissiale en 1858 par l’actuelle église Saint-Maurice, la chapelle de la Ferrière rappelle par son ancienneté (XIIe siècle) l’importance de la cluse jurassienne qui permettait alors de relier, via Pontarlier, la Bourgogne, la Champagne et la Flandre à la Suisse et à l’Italie (par le col du Grand Saint-Bernard, dit alors Montjoux), c’est-à-dire les régions les plus dynamiques d’Occident. Sur cet axe circulaient pèlerins, soldats et marchands, ces derniers transportant principalement, sur des chariots, sacs de laine, pièces d’étoffes et sel (en provenance de Salins). L’apogée de l’activité de Jougne se situe aux XIIIe et XIVe siècles avant que l’axe genevois ne s’impose au XVe siècle. Le nom même de Saint-Maurice témoigne de l’importance du pèlerinage qui attirait les foules vers l’abbaye valaisanne d’Agaune, gardienne du tombeau du saint.
Au début du XVIe siècle, la chapelle de Jougne fait l’objet de remaniements consécutifs à un effondrement partiel de la voûte : reconstruction de deux travées, ajout de massifs contreforts extérieurs. Mais le caractère originel de l’église est conservé à l’exception de la démolition du chevet à trois pans. Il convient toutefois de souligner que la construction d’une voûte brisée (ici en tuf, pierre moins lourde) relève d’un usage peu courant au XIIe siècle en Franche-Comté où les églises recevaient en général une couverture sur charpente. Le décor sculpté des chapiteaux, des colonnes à l’entrée du chœur souligne le caractère sacré du lieu surélevé par rapport à la nef.

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Document(s)

Les fermes de Jougne

Et si vous rentriez aussi dans les fermes de Jougne ? Comme dans de nombreux villages du Haut-Doubs, elles abritent sous le même toit hommes, animaux, réserves alimentaires, matériel agricole et artisanal.

© Inventaire du patrimoine, Région Franche-Comté, 2009

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