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La célébration du premier anniversaire de la prise des Tuileries à Auxerre

Auxerre | Yonne | Archives départementales de l'Yonne | 1793
Époque contemporaine | Révolution française

© Archives départemantales de l'Yonne, L 224

Sous la Ie République, les autorités mettent en place de nouvelles fêtes pour exalter l’esprit républicain, célébrant parfois l’abolition de la monarchie (21 septembre 1792) mais surtout sa chute le 10 août 1792. Cet anniversaire de la prise des Tuileries est considéré comme une fête nationale.

À Auxerre, le 10 août 1793, une procession a lieu de la place de la Fraternité (parvis Saint-Etienne) à l’arbre de la fraternité en passant par le Champ de Mars (place de l’Arquebuse) où il est procédé à une cérémonie républicaine puis par l’ancienne demeure de Lepeletier de Saint-Fargeau « premier martyr de la République ». Sur le Champ de Mars, sont érigés pour l’occasion des monuments éphémères, un portique ressemblant à un arc de triomphe, un autel de la patrie et un temple circulaire dédié à la liberté. Deux lavis du peintre Chanel, membre du comité de surveillance d’Avallon quelques mois plus tard, représentent le portique et le temple. Tous deux rappellent l’architecture républicaine romaine.

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Le temple circulaire, ouvert, rappelant une tholos grecque, repose sur huit colonnes cannelées à chapiteaux composites décorées de verdure ; il est surmonté d’une voûte à caissons. Il abrite une allégorie de la République, une femme en tunique romaine, casquée comme la déesse Minerve. Celle-ci tient des faisceaux dans sa main droite et une lance dans sa main gauche. De part et d’autre du temple, deux statues sur piédestal célèbrent des héros de la République romaine qui portent les attributs guerriers des Romains, bouclier, glaive, armure et casque : Lucius Junius Brutus, fondateur de la République romaine en 509 avant notre ère, et Caius Mucius Scaevola qui, deux ans plus tard, se porta volontaire pour assassiner le roi des Étrusques qui voulait rétablir les Tarquins sur le trône de Rome.

Le portique est construit sur le modèle des arcs de triomphe à trois baies célébrant les victoires romaines, avec quatre colonnes corinthiennes. Il est surmonté d’une statue de femme tenant le triangle équilatéral symbole de l’égalité dans la main droite et une coupe avec une flamme dans la main gauche, allégorie de la République. Deux bustes de profil, dans des médaillons entourés de couronnes, sont sculptés au-dessus de deux portes latérales. Il s’agit de Caton – Caton l’Ancien, qui a combattu les Carthaginois à la fin du IIIe siècle avant notre ère ou Caton d’Utique qui s’est opposé à l’ambition de César – et de Publius Horatius Cocles, personnage légendaire qui aurait combattu les Étrusques à la fin du VIe siècle avant notre ère.

Ces deux monuments célèbrent donc la liberté républicaine acquise par les armes et qui doit être défendue contre les monarchies européennes.

La cérémonie toute entière fait d’ailleurs constamment référence à la République et à ses valeurs de liberté et d’égalité : elle célèbre la nouvelle constitution républicaine adoptée quelques semaines plus tôt (juin 1793) et marque la rupture avec l’Ancien régime à travers le brûlement des titres féodaux.

Nathalie Verpeaux, professeure d’histoire-géographie.

Contexte

Gouverner en 1793

Depuis la proclamation de la République en septembre 1792, la situation évolue vite en France. En 1793, Louis XVI, condamné pour trahison, est guillotiné. La France doit faire face à une coalition des monarques européens. Menacée par les défaites militaires, la Révolution est en danger. Pour la défendre, une levée en masse de 300000 hommes est décrétée. En juin 1793, les Montagnards, appuyés par les sans-culottes, prennent le pouvoir. Les Girondins, plus modérés, sont emprisonnés. Un gouvernement exceptionnel se met en place : c'est le Comité de salut public. Sa tâche est de combattre tous les ennemis de la Révolution, à l'extérieur les autres monarchies, mais aussi à l'intérieur les partisans de la contre-révolution et les opposants au gouvernement. Le Comité instaure la Terreur. Au-delà de Paris, la guerre civile menace, notamment avec l'insurrection vendéenne. Les passions sont à leur apogée.  

Dans ce Comité de salut public, on trouve une dizaine de personnes dont des personnalités comme Robespierre ou Saint-Just. La « Loi des suspects» de septembre 1793 permet d'arrêter tous ceux qui sont accusés d'être des «ennemis de la liberté» et de les faire comparaitre devant le tribunal révolutionnaire. Une telle formule laisse place à l'arbitraire. Des représentants du Comité sont envoyés en province. Partout en France des milliers de personnes sont arrêtées. En quelques mois, la révolte vendéenne est écrasée et les armées étrangères sont repoussées. La Révolution est sauvée mais le bilan de la Terreur est lourd : 17000 condamnations à mort, 200000 victimes de la guerre civile dont 130O00 Vendéens. Finalement, Robespierre et ses partisans, accusés de dictature, sont arrêtés et guillotinés en juillet 1794. 

Les institutions de la Terreur sont démantelées, les suspects sont libérés. La République reste cependant fragile. 

Complément(s)

Image(s)

 

Une représentation du portique, Archives départementales de l’Yonne, L 224.

 

 

 

 

 

Principales étapes du cortège du 10 août 1793 à Auxerre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le compte-rendu de la cérémonie, Archives départementales de l’Yonne, L 224.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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