La Porte noire
Une porte pour un triomphe
Nous sommes ici devant un arc de triomphe construit au IIe siècle de notre ère. Il est placé à l’entrée sud de la ville au point de départ de la route principale reliant Rome à Vesontio (Besançon). À Rome, ces monuments servent pour des cérémonies appelées les triomphes pendant lesquelles l’empereur victorieux et son armée défilent pour montrer leur victoire et se purifier. La région Franche-Comté, appelée Séquanie est conquise par les Romains au Ier siècle après J.-C. Les Romains agrandissent et embellissent Vesontio en y construisant de nombreux édifices. Mais à Vesontio, l’arc n’est pas destiné à ces cérémonies mais est édifié pour marquer la soumission et la reconnaissance de la ville à l’égard de l’empereur. Ainsi, les sculptures qui recouvrent entièrement la Porte Noire montrent des scènes de bataille rappelant les victoires de l’empereur Marc Aurèle pour qui l’arc avait été construit. D’ailleurs, sur la face interne gauche de l’arc, est représenté un combat de fantassins romains contre des BarbaresDésigne les peuples extérieurs à l’Empire romain. qui s’enfuient. Puis, l’on voit les BarbaresDésigne les peuples extérieurs à l’Empire romain. captifs, les mains derrière le dos, se soumettre à l’empereur. Le monument tel qu’on le voit aujourd’hui ne ressemble pas exactement à celui de l’époque romaine. Il a été construit avec une pierre calcaireRoche sédimentaire formée essentiellement de carbonate de calcium. Le calcaire est perméable. L’essentiel des couches calcaire de Franche-Comté datent du jurassique, de l’ère secondaire. tendre qui s’est abîmée au fil des années. Un programme de restauration du monument a été mis en place.
En savoir plus
Un monument à décrypter
L’arc de triomphe, appelé communément « Porte Noire » est assurément l’illustration la plus prestigieuse du passé romain de Besançon. L’oppidum gaulois, Vesontio, évoqué par César dans la « Guerre des Gaules », est devenu capitale de la Séquanie (dont le territoire correspond à la Franche-Comté) à l’époque romaine. Érigé vers 175 après Jésus-Christ en l’honneur de l’empereur Marc Aurèle, cet arc de triomphe marque la reconnaissance et le loyalisme des Séquanes à l’égard de Rome et de l’empereur. Cet arc honorifique romain est miraculeusement conservé compte tenu des aléas de son histoire. Construit en pierre locale, l’arc est à l’origine rehaussé de couleurs vives. Aujourd’hui aucune trace de peinture n’est visible. Il porte un très riche décor sculpté. Les colonnes sont ornées soit de motifs végétaux peuplés de petits génies ailés, soit de scènes mythologiques : la déesse Minerve terrassant un géant, Jupiter foudroyant les géants ou bien encore Thésée combattant le Minotaure. Le décor représente aussi des combats d’infanterie et de cavalerie ou des captifs amenés à un général romain. Des armes (boucliers et casques principalement) constituent des éléments des frises décoratives. La partie supérieure de l’arc qui servait de socle à une sculpture en bronze représentant l’empereur, debout dans un quadrige (char attelé à quatre chevaux), a disparu. L’arc est donc plus haut à l’origine (le niveau de la chaussée actuelle est supérieur à celui du niveau primitif). La porte est associée aux victoires militaires historiques de l’empereur Marc Aurèle contre des Parthes. Il est possible que le côté de la porte où les sculptures ne sont pas conservées évoque les guerres germaniques de Marc Aurèle. Au IIIe siècle de notre ère, en raison de l’insécurité due aux migrations des peuples germaniques, la Porte Noire perd son rôle honorifique et revêt un caractère défensif. La population de Besançon s’abrite sur les pentes de la citadelle et l’arc joue le rôle de porte de ville incluse dans une muraille défensive. Aujourd’hui, la Porte Noire ne se présente plus sous son aspect antique. L’arc de triomphe est désormais encastré latéralement dans le rectorat et dans l’archevêché, alors que dans l’Antiquité, il était entièrement dégagé et toutes ses faces étaient visibles. Son nom de « Porte Noire » lui aurait été donné au Moyen Âge en raison d’un incendie.
Contexte
Combattre dans l'Antiquité
Jusqu’à la fin du IIe siècle av. J.-C., tout citoyen de la République romaine, de 17 à 46 ans, peut être mobilisé pour la guerre. Le consul Marius transforme en 107 av. J.-C. l'armée romaine. Elle devient alors une armée de métier. L'armée est bien organisée et la discipline est très sévère.
Chaque légion comporte environ 4 200 hommes et est divisée en 30 manipules, soit 60 centuries. Les centuries (unités de 60 à 30 hommes) sont commandées par des centurions. 300 cavaliers complètent ce dispositif.
En cas de faute grave, on peut procéder à la décimation : pour punir une troupe fautive, un soldat sur dix est tiré au sort et exécuté.
Les légions romaines construisent des camps fortifiés. Ces campements quadrangulaires sont entourés d'une palissade de pieux en bois, d'un fossé et d'une levée de terre. Une grande tour de bois permet aux guetteurs de surveiller les alentours. À l'intérieur, les tentes des soldats sont disposées en quartiers rectangulaires, le long de deux voies perpendiculaires.
Un camp dispose d'une écurie et d'un autel pour les rites religieux. De part et d'autre de la tente du consul se situent le forum et la caisse des légions. Le forum comporte des boutiques et le tribunal, la caisse des légions conserve la solde des soldats.
Le légionnaire est protégé par son bouclier, une cotte de mailles et un casque ; le centurion possède un casque de bronze et une cuirasse. Les armes offensives sont le javelot et le glaive. La plupart des légionnaires sont des fantassins. À l'offensive, ils se protègent avec leur bouclier en formant les fameuses tortues.
Les Romains maîtrisent l'art de conduire le siège d'une ville ou d'une forteresse. Ils utilisent des tours d'assaut, des catapultes, des onagres, de grandes arbalètes et des béliers. Pour mener le siège d'Alésia, Jules César entoure le mont Auxois, au sommet duquel se trouve l'oppidum, de deux lignes de fortifications et de dix camps retranchés. Aucun secours ne pouvait parvenir à Vercingétorix.
Complément(s)
Image(s)
Document(s)
Laissez-vous conter… la Porte Noire
Porte ou monument honorifique ? Arc de triomphe ou élément défensif ? Découvrez la réponse dans ce document illustré de nombreux plans, schémas, gravures…
© Ville de Besançon – Service du Patrimoine
Raconte-moi… Besançon – Sur les pas des Gallo-Romains
L’tinéraire d’un enfant, de la citadelle à l’amphithéâtreEdifice circulaire à gradins consacré essentiellement aux combats de gladiateurs. Au centre se situe l’arène. More ! Partez à la découverte de la ville antique de Besançon aux Ier et IIe siècles de notre ère !
© Ville de Besançon – Service du Patrimoine
Vidéo(s)
De Vesontio à Besançon : Vesontio, cité romaine
Un film d’Antonio Gonzales, Agathe Legros, Annick Richard, Georges Tirologos – 9 minutes Production ISTA – PUFC, 2006 Et si vous empruntiez, en images de synthèse, les rues de Vesontio ?
© Presses universitaires de Franche-Comté, 2006
Site(s)
Plus de 2000 ans d’histoire à Besançon
L’INRAP a développé un site dédié à la ville de Besançon. 20 années d’archéologieScience des vestiges anciens, des traces matérielles laissées par le passé, que l’on retrouve notamment en procédant à des fouilles. L’archéologie n’est pas réservée à l’Antiquité. Des fouilles permettent de retrouver des traces de toutes les époques, y compris de l’histoire contemporaine… préventive sont ainsi rassemblées et accessibles par thème, lieu ou époque. Une véritable mine !