retour

« Songe et mensonge de Franco »

Vézelay | Yonne | Musée Zervos | 1937
Époque contemporaine | La guerre aux XIX et XX ème siècle

Eau-forte, 2ème état rehaussé d’aquatinte au sucre. 38,9 x 57,5 cm Dédicacées et signées en bas à droite Musée Zervos, inv. MZ 213.1 et 213.2
Picasso © Musée Zervos, Vézelay – CDY 2024 Nomenclature : Pablo PICASSO (1881-1973) Sueño y mentira de Franco, 1937 Eau-forte, 2ème état rehaussé d’aquatinte au sucre. 38,9 x 57,5 cm Dédicacées et signées en bas à droite Musée Zervos, inv. MZ 213.1 et 213.2

« Songe et mensonge de Franco » est une série de gravures réalisée par Pablo Picasso au cours de l’année 1937. Elle met en scène la figure monstrueuse du dictateur qui vient de s’emparer du pouvoir dans l’Espagne natale de l’artiste ; ce qui affecte énormément l’artiste. Elle est composée de deux planches de neuf vignettes chacune, la figure monstrueuse du dictateur, proche du personnage Ubu d’Alfred Jarry. Franco à cheval, en mantille ou priant, apparaît en bouffon sanguinaire, tandis qu’en contrechamp, Picasso figure les désastres de la guerre dans la lignée des gravures dénonciatrices Francisco de Goya comme par exemple dans « Le sommeil de la raison engendre des monstres ». La série gravée destinée à être vendue sous forme de cartes postales pour soutenir le gouvernement républicain et seront reproduites dans Cahiers d’art (n°1-3). Dans cette œuvre apparaissent les prémices de Guernica que Picasso réalisera finalement pour le Pavillon Espagnol, après le bombardement de la ville le 26 avril. La sérié est réalisé au cours de l’année 1937 comme l’atteste la date imprimée à l’envers. Elle aurait dû être inscrite ainsi sur la plaque de métal pour être imprimée à l’endroit sur le papier. La série sera exposée avec Guernica lors de l’Exposition internationale de Paris.

En savoir plus

La guerre civile débutée en 1936 est aussi une guerre culturelle. Picasso est nommé directeur du Musée du Prado par le gouvernement républicain. il s’agit de s’allier le prestige international de l’artiste. C’est symbolique : Picasso vit en France. Il n’ira pas à Madrid soutenir le camp républicain. Pas plus qu’il n’a réagi à la mort du poète Garcia Lorca. En 1937,cette série de gravures est la première réaction politique de Picasso. Il accepte aussi la commande publique qui lui est faite pour la décoration du pavillon républicain espagnol pour l’Exposition internationale des Arts et des Techniques. La première déclaration politique de l’artiste date de 1937, travaillant à « Guernica »: « La guerre d’Espagne est la bataille de la réaction contre le peuple, contre la liberté. Toute ma vie d’artiste n’a été qu’une lutte continuelle contre la réaction et la mort de l’art. Dans le panneau auquel je travaille et que j’appellerai “Guernica”, et dans toutes mes œuvres récentes, j’exprime clairement mon horreur de la caste militaire qui a fait sombrer l’Espagne dans un océan de douleur et de mort. » Sueño y mentira de Franco est une sorte de bande dessinée, dix-huit gravures dans lesquelles il associe des textes poétiques. Cette série peut ainsi être rapprochée de la bande dessinée comme outil de combat combat politique, à l’image des vignettes antifranquistes qui paraissent à la même époque dans L’Humanité ou, dans les années 1970, des caricatures de Reiser en couverture de Charlie Hebdo. Les œuvres de Picasso de la fin des années 1930 nourriront l’imaginaire d’auteurs de bande dessinée. Elle seront reprises et détournées par Art Spiegelman dans Ace Hole Midget Detective (1974) ou Edgar P. Jacobs qui insèrerat des fragments du Guernica de Picasso (1937) dans un paysage post-apocalyptique dans Le Piège diabolique (1960-1961)
Cédric Micchi, enseignant d’arts plastiques, missionné auprès de la conservation départementale des musées du Conseil Départemental de l’Yonne

Contexte

En 1936, la victoire du Frente popular aux élections législatives provoque le soulèvement du général Franco, partisan d’un régime autoritaire fondé sur l’armée et l’Eglise. C’est le début d’une guerre civile sanglante qui se termine par la fin de la République espagnole en 1939. Alors que les démocraties occidentales défendent le principe de la non-intervention pour ne pas déstabiliser l’ordre européen, l’Italie et l’Allemagne soutiennent Franco en lui envoyant des hommes et du matériel militaire. De son côté, l’URSS de Staline envoie aux républicains espagnols du matériel et des experts militaires, tandis que de nombreux communistes européens s’engagent dans les Brigades internationales. La guerre d’Espagne montre l’impuissance des démocraties occidentales.

Abonnez-vous à notre lettre d'information !

et restez informé(e) de l'actualité du site

retour