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Une société féminine au cœur de la Révolution

Besançon | Doubs | Archives départementales du Doubs | 1793
Époque contemporaine | Révolution française

Une société féminine au cœur de la Révolution
© Archives du Doubs, L 2882, G Antoni.

Le club des Amies de la Vérité et de l'Egalité

Deux années après l’apparition des premières sociétés populaires féminines à Paris, un club des « Amies de la vérité et de l’égalité » est constitué à Besançon en octobre 1792. Les Bisontines qui en sont à l’initiative se réunissent d’abord dans des ateliers de bienfaisance afin de collecter, repriser et envoyer des vêtements aux bataillons de volontaires. Au début de l’année 1793, elles sont 60 à 80 à débattre chaque semaine dans la chapelle des Capucins (face à hôpital Saint-Jacques), à signer des pétitions adressées à la Convention et à participer à l’expansion du « républicanisme » comme le relate cet article de La Vedette, le journal local des Jacobins. Ce dernier reflète surtout les représentations que ces Républicains se font des femmes : leur supposée fragilité physique est associée à une immaturité politique, les hommes sont garants de leur moralité et leur fonction sociale est circonscrite aux tâches maternelles : l’instruction des vertus publiques aux enfants, les soins et le soutien aux combattants et le contrôle de l’approvisionnement en pain.

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Des femmes en révolution

Les sociétés féminines naissent dans l’orbite de leurs homologues masculines. Celles-ci, incarnation de l’explosion de la sociabilité politique révolutionnaire, s’intègrent dans un réseau national de clubs constitué depuis Paris. Leurs relations horizontales participent à l’intégration des régions dans l’espace national et leurs membres (environ 600 à Besançon) constituent une avant-garde du républicanisme. Ainsi, en 1793, ne se contentant plus d’organiser les fêtes civiques, les sociétés supervisent les activités de la municipalité, interviennent dans la nomination des fonctionnaires ou délivrent les certificats de civisme. Toutefois, si les femmes fondent à leur tour des clubs, le rôle qui leur est dévolu reste très spécifique. Bien que leur implication dans les événements révolutionnaires soit indiscutable, leurs empiétements dans la sphère politique sont marginaux. C’est ce qu’illustre la figure de la citoyenne Maugras à laquelle l’article fait allusion. Cette maîtresse-modiste passionnée de politique est la présidente d’un club où se réunissent non seulement quelques intellectuelles et bourgeoises (dont Vernerey, également citée, qui est femme de député) mais surtout une majorité de femmes du petit peuple du quartier Battant. Toutefois, comme ses concitoyennes, Maugras reste exclue du peuple délibérant, des comités locaux et, bien sûr, du corps du peuple armé (la garde nationale). Si la Société féminine bisontine est l’une des seules à avoir réclamé le 26 février 1793 le droit de vote pour les femmes, c’est sur la suggestion de l’un de ses invités, le président du club des jacobins de Strasbourg.
Archives du Doubs, L 2882.

Contexte

Gouverner à l'époque révolutionnaire

En 1792, Robespierre est bien seul à affirmer que « la plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d'un politique est de croire qu'il suffise à un peuple d'entrer à main armée chez un peuple étranger pour lui faire adopter ses lois ; personne n'aime les missionnaires armés ». Il faut dire que, depuis 1789, dans les régions de langue française (Belgique, Suisse romande, Savoie, comté de Nice), certains appellent à l'aide. Ils souhaitent être annexés par la France pour se libérer. Comme la Prusse et l'Autriche menacent la France, l'Assemblée vote massivement en faveur de la guerre. Les patriotes veulent sauver leur Révolution et, pourquoi pas, l'exporter. Le 20 avril 1792, la guerre est déclarée. L'enthousiasme patriotique est immense, symbolisé par le succès de La Marseillaise. Pourtant, les premiers revers dévoilent la faiblesse de l'armée française. Toutefois, la situation se redresse et aboutit aux grands succès de l'automne 1792. Le 10 août, une insurrection provoque la chute de la monarchie. Elle est abolie le 21 septembre. La République est fondée au lendemain de la victoire de Valmy (20 septembre). Débute alors une guerre de conquête. La Convention proclame : « la nation française accorde fraternité et secours à tous les peuples qui voudront recouvrer la liberté. » En quelques mois, le drapeau tricolore flotte en Belgique, à Nice, en Savoie et jusqu'à Francfort, Spire ou Mayence. L'idée des frontières naturelles de la France s'impose : « [...] du côté du Rhin, du côté de l'Océan, du côté des Alpes. Là doivent finir les bornes de notre République » affirme Danton. En 1793, la France fait face à une coalition qui s'élargit, avec notamment le Royaume-Uni. Après de nouveaux revers, l'offensive reprend à l'automne 1793. Une levée en masse a été décrétée, un gouvernement de salut public est mis en place. En 1795, la victoire française est acquise, la rive gauche du Rhin et la Hollande sont occupées. Les régions annexées s'organisent, comme le reste de la République, en départements.

Complément(s)

Image(s)

Un article extrait de la société des amis de la Constitution

Un article extrait de la société des amis de la Constitution. Discours du jeune Charles Nodier alors âgé de 11 ans. Ce club masculin a inspiré le club féminin qui a connu une existence plus brève.

Suite du discours de Charles Nodier (2)

Suite du discours de Charles Nodier (1).Archives du Doubs, L 2843.

Suite du discours de Charles Nodier (1)

Suite du discours de Charles Nodier (2). Archives du Doubs, L 2843.

Suite du discours de Charles Nodier (3)

Suite du discours de Charles Nodier (3). Archives du Doubs, L 2843. 

Site(s)

Dossier pédagogique sur la Révolution française en Franche-Comté

Un dossier complet et qui propose une approche régionale de la Révolution française.

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