Une monnaie à l’effigie d’Auguste

Besançon | Doubs | Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie | 45
Antiquité | Gaulois et Romains

En savoir plus Contexte Compléments

Cette pièce est appelée aureus : elle est en or et pèse un peu plus de 7 g. Elle date du début du I^er siècle après J.-C., frappée dans l’atelier de Lyon, appartenant à un dépôt retrouvé lors des fouillesTravaux qui permettent de mettre à jour et d’étudier les vestiges enfouis des sociétés du passé. du parking de la Mairie de Besançon.

Sur l’avers figure le buste (tête et cou) de l’empereur Auguste, de profil et tourné vers la droite. Il porte une couronne de laurier, issue du cérémonial du triomphe. L’ensemble est accompagné d’inscriptions :

DIVI F(ilius) PATER PATRIAE Fils du Divin (= Jules César), Père de la Patrie

Il s’agit de sa titulature. Auguste se revendique descendant de Jules César, qualifié de « divin », ce qui lui confère également, un statut « divin ». Enfin, il est « Père de la Patrie », ancien titre républicain.

CAESAR AUGUSTUS César Auguste

Il s’agit de la dénomination officielle de l’empereur.

Sur le revers de la pièce figurent deux personnages en toge posant leurs mains sur deux boucliers et à l’arrière, deux lances et deux objets cultuels. L’ensemble est entouré d’inscriptions :

PRINC(ipes) IUVENT(utis) Princes de la Jeunesse, c’est ainsi qu’étaient surnommés Caius et Lucius

AGUSTI F(ilii) COS (abréviation de consules) Fils d’Auguste consuls. Ce sont les dénominations précisant qui sont Caius et Lucius.

En savoir plus

Le dépôt du parking de la Mairie

Cette monnaie appartient à un dépôt découvert en 1990. Il se composait de trois bijoux en or (une bague à chaton gravé et deux anneaux à fil torsadé) et de huit pièces d’or (aurei) au nom de l’empereur Auguste. Ces objets étaient contenus dans une pyxide de bronze cylindrique. Elle a été retrouvée dans une petite fosse le long d’un mur d’un grand bâtiment.

Cet ensemble peut être interprété comme un trésor votif utilisé pour marquer la fondation du bâtiment. Mais il est aussi possible que ce dépôt soit un petit trésor d’épargne enfoui dans le sol d’une maison : la valeur stockée est par exemple supérieure à la solde annuelle d’un légionnaire du I^er siècle ap. J.-C.

La monnaie, un outil de propagande

La monnaie est un support de propagande, au service de l’empereur, car elle touche facilement les habitants de l’Empire. Cet aureus délivre un véritable message politique.

Sur l’avers les « principes juventutis », Caius (né en -20, mort en +4) et Lucius (né en -17, mort en +2) sont les petits-fils d’Auguste et héritiers annoncés, comme l’indique l’inscription Agusti Filii Consules. Le revers de la pièce les montre entourés de symboles forts : ils ont tous deux une lance (haste) et un bouclier, armes d’honneur dont les sénateurs leur ont fait hommage. Cet équipement martial peut rappeler les nombreuses victoires remportées par Auguste ainsi qu’une continuité dans la suprématie militaire. Néanmoins, il est à noter qu’ils sont tous deux en toge (symbole de citoyenneté romaine) et qu’ils posent chacun une main sur leur bouclier respectif, ce qui les place dans une position pacifique, autre promesse augustéenne.

On rappelle également leurs fonctions pontificales (par le simpulum, sorte de louche utilisée pour puiser le vin des libations dans les sacrifices) et augurales (par le lituus ou bâton augural, insigne lié à la fonction des augures). Caius serait à gauche et Lucius à droite.

Par cette image, Auguste réaffirme sa volonté de faire de l’empire romain, une puissance militaire mais de montrer aussi qu’il est avant tout garant de la paix, comme le seront ses héritiers

Valérie Bondenet et Benjamin Perrier, professeurs missionnés par la DRAEAC au musée des Beaux-arts et d’ArchéologieScience des vestiges anciens, des traces matérielles laissées par le passé, que l’on retrouve notamment en procédant à des fouilles. L’archéologie n’est pas réservée à l’Antiquité. Des fouilles permettent de retrouver des traces de toutes les époques, y compris de l’histoire contemporaine… de Besançon

 

Contexte

Les grands monuments des villes gallo-romaines fréquentés par la population sont des lieux de vie et de loisirs importants. La domus est un élément de la ville à la romaine. L'odéon est consacré à la lecture, aux déclamations et à la musique. Les Gallo-Romains y découvrent les grandes œuvres littéraires. Les théâtres peuvent être de grande taille. Celui de Lyon, alors appelé Lugdunum et capitale des Trois Gaules, accueille 10 500 spectateurs. Le théâtre d'Orange est remarquable car il a conservé, en arrière de la scène, son mur où se trouve une statue d'Auguste. Inspirées du théâtre grec, les représentations théâtrales romaines s'en écartent pourtant. Certaines pièces sont marquées par la grossièreté et la vulgarité. Les foules aiment se rendre au cirque situé à l'écart de la ville. C'est le lieu des courses de chars à quatre chevaux, les quadriges. Les attelages en compétition forment des factions qui peuvent s'identifier à des couleurs. À Lyon, on a retrouvé des médaillons d'applique célébrant le quadrige des « verts ». L'amphithéâtre est le lieu de spectacles très populaires : les combats de gladiateurs et les exécutions. Les thermes sont un élément essentiel de la vie quotidienne des villes de l'Empire romain. On s'y rend pour l'hygiène et la santé du corps. C'est aussi un lieu de rencontre où l'on peut voir ses amis, traiter des affaires, jouer aux dés ou pratiquer un sport. Un système ingénieux de chauffage par le sol permet, en plus des bains froids, d'y prendre des bains tièdes et chauds. Les thermes comportent également le sudatorium, pièce chaude destinée à la transpiration. Les villes sont un élément essentiel de la diffusion du mode de vie romain en Gaule.

 

retour