Une meule rotative

Bibracte | Saône-et-Loire | Musée de Bibracte | -50
Antiquité | Gaulois et Romains

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Cette meule (longueur 42 cm; largeur 30 cm; hauteur 24 cm) est un objet banal pour les Gaulois : elle permet de transformer les grains de céréales pour en faire de la farine, et ainsi pouvoir cuisiner des pains, des galettes ou épaissir des soupes, ainsi que brasser la cervoise. Les archéologues en ont trouvé des centaines sur le seul site de Bibracte, ce qui permet d’estimer que chaque famille possédait la sienne. C’est donc un instrument du quotidien, puisqu’une personne pouvait consommer jusqu’à 500 g de farine par jour !
Ce moulin rotatif était fabriqué dans un matériau abrasif (souvent du grès à grains grossiers) qui permettait de moudre des graines de céréales. Actionné à la main, il permettait à chaque famille d’obtenir rapidement et efficacement sa propre farine, sans passer par un système commun et remplaçant ainsi des outils moins efficaces qui existaient auparavant. Ces meules sont retrouvées en grand nombre dans les oppida, tout comme les moyens de stockage des grains à l’intérieur ou à proximité des habitats (dolia ou amphores enterrées, silos ou fosses creusées dans le sol, greniers surélevés).

En savoir plus

L’archéologieScience des vestiges anciens, des traces matérielles laissées par le passé, que l’on retrouve notamment en procédant à des fouilles. L’archéologie n’est pas réservée à l’Antiquité. Des fouilles permettent de retrouver des traces de toutes les époques, y compris de l’histoire contemporaine… et les textes antiques nous apprennent que plusieurs types de céréales sont cultivées par les Gaulois : la principale est l’orge (indispensable pour brasser la cervoise, faire de la levure, des soupes et des bouillies), mais on trouve aussi beaucoup de blé (différentes variétés comme le petit épeautre, l’amidonnier, l’épeautre et le froment pour faire du pain). Le millet et l’avoine sont utilisés mais en quantité moins importante. Certaines légumineuses comme les lentilles, les fèves et les pois peuvent être aussi moulues (une fois séchées) et associées aux farines, tout comme les glands, les faînes ou les noisettes stockées pour l’hiver. Les auteurs antiques ont livré de nombreux témoignages sur la consommation de céréales des GauloisNom donné par les Romains aux Celtes installés dans les territoires que ces même Romains nomment les Gaules. Il y a donc un lien très étroit entre ces peuples et ces territoires. Tous les Gaulois sont des Celtes, mais tous les celtes ne sont pas des Gaulois.. Par exemple, Pomponius Mela, géographe latin du Ier siècle, dit que « [la Gaule] était fertile en blés et fourrage », témoignage confirmé par Strabon (géographe Grec de la même époque) « la Gaule produit une grande quantité de froment, de millet ». Enfin, Pline, dans le livre XVIII de son Histoire naturelle, explique que plusieurs sortes de blé (le bracis et l’arinca), réputés pour leur qualité et leur productivité, poussent en Gaule, que le millet sert également à faire du pain et que le pain gauloisNom donné par les Romains aux Celtes installés dans les territoires que ces même Romains nomment les Gaules. Il y a donc un lien très étroit entre ces peuples et ces territoires. Tous les Gaulois sont des Celtes, mais tous les celtes ne sont pas des Gaulois. serait plus léger grâce à l’emploi de la mousse de cervoise comme levure. Les données archéologiques (palynologie, ou étude des pollens fossiles, et anthracologie, étude des restes carbonisés) ont confirmé ces éléments.
Ce type de meule témoigne de l’évolution des techniques aux IIème et Ier siècle avant notre ère. Il serait apparu, en l’état actuel de nos connaissances, en Catalogne au Vème siècle avant notre ère. Et en à peine 200 ans, on la retrouve en grand nombre sur les principaux oppida dans toute l’Europe. La meule est indispensable à la cuisine gauloise. Composée de deux parties, la meta (partie basse et fixe) et le catillus (partie supérieure mobile), le grain est introduit au centre par l’œillard pour être écrasé. L’archéologieScience des vestiges anciens, des traces matérielles laissées par le passé, que l’on retrouve notamment en procédant à des fouilles. L’archéologie n’est pas réservée à l’Antiquité. Des fouilles permettent de retrouver des traces de toutes les époques, y compris de l’histoire contemporaine… expérimentale a permis par ailleurs de comprendre qu’un mouvement continue permet d’obtenir de meilleurs rendements, ainsi que la qualité des grains et leur taux d’humidité (qui ne doit pas dépasser 14%) influent sur le résultat. On a estimé après expérience qu’il faut environ 1H30 pour moudre 1kg de blé et obtenir 600g de farine, 220g de semoule et 180g de refus (morceaux de blé trop durs pour être transformés en farine). Et pour combler les besoins d’une famille gauloise, dont la consommation moyenne s’élève à 3kg de céréales par jour, il faut donc compter 4h30 de mouture à la main !
Enfin, sur l’alimentation des GauloisNom donné par les Romains aux Celtes installés dans les territoires que ces même Romains nomment les Gaules. Il y a donc un lien très étroit entre ces peuples et ces territoires. Tous les Gaulois sont des Celtes, mais tous les celtes ne sont pas des Gaulois., l’ouvrage « La Cuisine gauloise » continue d’Anne Flouest et Jean-Paul Romac, est une source incontournable.
Nicolas Anglès, enseignant missionné au Musée de Bibracte.

Contexte

Au temps des Gallo-Romains 

Avant la conquête romaine, la Gaule est très peuplée. Elle compte peut-être dix millions d'habitants. Son territoire est prospère. On y cultive du blé, de l'orge, de l'avoine, du millet, des légumineuses. Les techniques agricoles sont élaborées. Les Gaulois utilisent de nombreux outils. L'araire à soc de fer permet de labourer profondément. La moissonneuse mécanique gauloise est admirée des Romains.  

La conquête de Jules César finit d'intégrer les Gaulois au monde romain. La romanisation s'accompagne d'un essor du commerce entre les provinces et l'Italie. Le territoire de la Gaule se couvre de voies romaines qui facilitent les échanges. Des bas-reliefs du II^e siècle après J.-C. montrent des bateaux ou des chars à quatre roues chargés de tonneaux sur les routes commerciales reliant la Gaule au reste de l'Empire.  

Le vin a été découvert par les Gaulois au contact des Grecs puis des Italiens mais le tonneau et le char à quatre roues sont des innovations gauloises. Les habits gaulois cousus près du corps sont plus pratiques que les drapés romains. Les légionnaires adoptent les braies (pantalons) et les chaussures de cuir des Gaulois. Les marchands commercialisent dans tout l'Empire leur manteau à capuchon. 

Après la conquête, les Romains empruntent aux Gaulois leur savoir-faire dans les domaines artisanal et agricole. La prospérité des villae, riches exploitations agricoles, symbolise la réussite de cette synthèse gallo-romaine. 

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