Une lettre de dénonciation
Ecrire pour dénoncer
Voici une lettre de dénonciation écrite en 1943. Elle est anonyme et se termine par « Parole d’honneur ». Elle a été interceptée par les postiers résistants de Montbéliard. Cette lettre dénonce des réfractaires au service du travail obligatoire contre une prime de 10 000 francs et un résistant contre une prime de 5 000 francs.
Le STO est créé le 16 février 1943 par le gouvernement de Vichy dans le cadre de sa politique de collaboration, pour fournir de la main-d’œuvre à l’Allemagne. Les jeunes Français, nés entre 1920 et 1922, doivent partir travailler en Allemagne en remplacement du service militaire interdit par les conditions d’armistice. Beaucoup de jeunes refusent et se cachent. Ce sont ces jeunes gens qualifiés de réfractaires que les autorités de Vichy recherchent et que certains dénoncent.
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Une des armes de Vichy : la délation
La fin de la lettre est la suivante (orthographe du courrier conservée) : « j’envarrais un jeune homme pour la chercher. Chaque lettre que je vous envoie sera un type pour l’Allemagne. J’en connais encore assez. Après que ses premiers seront pris, j’exigerai une prime de 1 000 par homme se n’est pas trop pour partager entre cinq. ci vous êtes d’accord moi aussi. Ne soufflé mot à personne je tien à ma peau. Ne vous occupé pas de moi je n’ai pas d’adresse. Moi je m’enfile partout juste pour savoir s’il y a des jeunes qui ne sont pas repartit. Le plus top possible pour la réponse. »
Le gouvernement de Vichy, comme les Allemands, organisent et suscitent la délation. C’est pour eux une source appréciable d’informations sur ceux qu’ils recherchent ou combattent. Pour encourager la délation, l’occupant utilise rapidement le moyen de la récompense. Les sommes promises sont parfois énormes, puisque la récompense pour la dénonciation des coupables de l’attentat de Nantes s’élève à quinze millions de francs ! Mais comme cela ne suffit pas, il va y ajouter le chantage à la mort par le principe des otages.
Les réfractaires au STO font partie de ceux que les autorités allemandes et françaises recherchent. Dans le département du Doubs, 2 640 travailleurs sont partis en Allemagne soit de manière volontaire, soit requis pour le STO. À l’opposé, on dénombre 1 754 réfractaires. Toutefois, il faut remarquer que très peu de réfractaires sont devenus des résistants. Seulement un sur cinq rejoint le maquis pour y prendre les armes.