Une inscription dédiée à la déesse Bibracte
Cet objet est un ex voto : c’est une plaque clouée au mur (d’où les deux queues d’aronde sur les côtés du disque de métal pour pouvoir le fixer au mur) d’un templeEn France, lieu de culte protestant. Les temples se différencient des églises catholiques par le dépouillement et l’austérité de la décoration intérieure, surtout chez les réformés. dédié à la divinité qui a exaucé le vœu ou guérit un malade. Il a été découvert au XIXème siècle à Autun, ancienne ville romaine du nom d’Augustodunum, et à tort également identifiée à l’ancienne capitale du peuple gauloisNom donné par les Romains aux Celtes installés dans les territoires que ces même Romains nomment les Gaules. Il y a donc un lien très étroit entre ces peuples et ces territoires. Tous les Gaulois sont des Celtes, mais tous les celtes ne sont pas des Gaulois. des Eduens, l’oppidum de Bibracte. Cette inscription a entretenu quelque temps la confusion, avant que des fouillesTravaux qui permettent de mettre à jour et d’étudier les vestiges enfouis des sociétés du passé. archéologiques sur le Mont Beuvray permettent d’identifier avec certitude la présence de l’oppidum gauloisNom donné par les Romains aux Celtes installés dans les territoires que ces même Romains nomment les Gaules. Il y a donc un lien très étroit entre ces peuples et ces territoires. Tous les Gaulois sont des Celtes, mais tous les celtes ne sont pas des Gaulois. de Bibracte, distinct de la ville romaine fondée au début de notre ère par l’empereur Auguste pour romaniser les Eduens. L’inscription en latin est abrégée : chaque caractère devait être payé au graveur, d’où un certain sens de l’économie, surtout pour certains mots fréquents (V.S.L.M. pour Votum Solvit Libens Merito, qui veut dire « en acquittement de son vœu », formule rituelle sur les ex voto). Le P du prénom du donateur n’a pu être interprété avec certitude : il pourrait s’agit de Patricius, Paullus, Postimus, Proculus, Publius…. L’épigraphie est la science liée à la lecture des inscriptions latines antique, et elle est ici indispensable pour comprendre ce document.
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Inscription : ce que l’on peut lire
DEAE.BIBRACtI
- CAPRIL PACATUS
IIIIIIVIR. AUGUSTAl
V.S.L.M
Transcription : en complétant les abréviations
DEAE.BIBRACTI
- CAPRIL(ius).PACATUS
IIIIIIVIR.AUGUSTAL(lis)
V(otum).S(olvit).L(ibens).M(erito)
Traduction :
« A la déesse Bibracte, P. Caprilius Pacatus, sévir augustal, en acquittement de son vœu »
Le donateur, celui qui a fait réaliser cet ex voto, est un habitant d’Autun. On peut remarquer qu’il porte la tria nomina romaine : P. pour son prénom (praenomen), Caprilius pour son nom de famille (gentili nomen) et Pacatus pour le surnom (cognomen). Il exerce également la fonction religieuse de sevir augustal, un prêtre chargé de la célébration du culte impérial, ce qui nous permet aussi d’en déduire que c’était un ancien esclave affranchi.
En effet, dans l’Antiquité romaine, les seviri augustales sont un groupeEnsemble de plusieurs éléments semblables More de six (sex viri) affranchis, désignés pour l’année par la curie de leur cité, et choisis en fonction de leur richesse et de leur honorabilité. Ils participent à la célébration du culte impérial dans les provinces à partir d’Auguste, et assument les frais des sacrifices et des fêtes pluriannuels liés à ce culte, au nom de la population. Le statut de sévir constitue un prestigieux couronnement de carrière pour un affranchi, citoyen libre mais de première génération et dépourvu de droit d’accès aux magistratures municipales. Enfin, cette inscription montre que les habitants d’Autun avaient inventé une divinité pour glorifier leur illustre passé et garder la mémoire du site de leur première capitale, Bibracte. Ce cas n’est pas isolé, mais ce témoignage est précieux pour comprendre le processus de fixation de la mémoire d’un peuple gauloisNom donné par les Romains aux Celtes installés dans les territoires que ces même Romains nomment les Gaules. Il y a donc un lien très étroit entre ces peuples et ces territoires. Tous les Gaulois sont des Celtes, mais tous les celtes ne sont pas des Gaulois. qui a été romanisé, qui est également venu s’installer dans la ville fondée par les Romains, Augustodunum, abandonnant progressivement l’oppidum gauloisNom donné par les Romains aux Celtes installés dans les territoires que ces même Romains nomment les Gaules. Il y a donc un lien très étroit entre ces peuples et ces territoires. Tous les Gaulois sont des Celtes, mais tous les celtes ne sont pas des Gaulois. de Bibracte au cours de Ier siècle de notre ère.
Nicolas Anglès, enseignant missionné au Musée de Bibracte.
Nils Scavone, service de la Médiation, Musée de Bibracte.
Contexte
Au temps des Gallo-Romains
Avant la conquête romaine, la Gaule est très peuplée. Elle compte peut-être dix millions d'habitants. Son territoire est prospère. On y cultive du blé, de l'orge, de l'avoine, du millet, des légumineuses. Les techniques agricoles sont élaborées. Les Gaulois utilisent de nombreux outils. L'araire à soc de fer permet de labourer profondément. La moissonneuse mécanique gauloise est admirée des Romains.
La conquête de Jules César finit d'intégrer les Gaulois au monde romain. La romanisation s'accompagne d'un essor du commerce entre les provinces et l'Italie. Le territoire de la Gaule se couvre de voies romaines qui facilitent les échanges. Des bas-reliefs du IIe siècle après J.-C. montrent des bateaux ou des chars à quatre roues chargés de tonneaux sur les routes commerciales reliant la Gaule au reste de l'Empire.
Le vin a été découvert par les Gaulois au contact des Grecs puis des Italiens mais le tonneau et le char à quatre roues sont des innovations gauloises. Les habits gaulois cousus près du corps sont plus pratiques que les drapés romains. Les légionnaires adoptent les braies (pantalons) et les chaussures de cuir des Gaulois. Les marchands commercialisent dans tout l'Empire leur manteau à capuchon.
Après la conquête, les Romains empruntent aux Gaulois leur savoir-faire dans les domaines artisanal et agricole. La prospérité des villae, riches exploitations agricoles, symbolise la réussite de cette synthèse gallo-romaine.
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