Une faux
Un outil indispensable
Voici un exemple de faux fabriqué par les frères Philibert. Une faux est un instrument agricole indispensable au XIXe siècle composée d’une lame et d’un manche. Son utilisation nécessite un véritable savoir-faire et il faut l’affûter souvent. Elle est utilisée pour faucher l’herbe et les céréales. A l’époque, la faux permet d’aller plus vite que la faucille. En effet il faut en 1800, 100 heures pour moissonner un hectare de blé avec une faucille et en 1850 il n’en faut plus que 25 pour la même surface ! Les fabrications des Philibert se font dans une taillanderie, et sont très réputées. Sur la faux, on l’indication « qualité supérieure ». Entre 1895 et 1914, la taillanderie fabrique annuellement 20 000 faux dans 170 modèles différents. En effet, les Philibert adaptent leur production à la demande : faux à herbes, à broussailles…
L’évolution vers les machines agricoles rend l’utilisation des faux beaucoup moins importante car elles sont beaucoup moins rapides en terme de rendement.
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Leur petite entreprise
La production d’outils agricoles est en réalité très diversifiée et peut ainsi répondre aux demandes particulières des clients. Dans la salle des expéditions, les outils sont emballés dans des caisses en bois fabriquées sur place, avant d’être pesés et expédiés. Les frères Philibert se répartissent le travail : l’un se spécialise dans la promotion commerciale de l’entreprise et dans les relations avec la clientèle.
Les frères adoptent la technique du démarchage à domicile. Chaque année Léonard se retire momentanément de la fabrication pour devenir représentant. Il est alors aidé par l’instituteur qui fait les voyages avec lui. A cette occasion, le représentant note les prochaines commandes, les factures sont réglées et les outils défectueux repris. Les frères Philibert mettent également en place un réseau de détaillants exclusifs. La fidélité de la clientèle est le principe fondamental et chaque année ils écrivent à leurs clients avant les expéditions. Ils utilisent deux arguments majeurs : la qualité de leurs produits et leur capacité à s’adapter à des demandes précises. Les frères Philibert inventent le « satisfait ou remboursé » pour leurs outils : une véritable nouveauté à l’époque pour ce type de produit.
En 1890 les frères installent à la taillanderie une machine qui permet de fabriquer le courant électrique nécessaire à l’éclairage des ateliers. C’est l’une des premières à fonctionner dans la région et elle a duré jusqu’en 1914, c’est-à-dire l’époque où la taillanderie est reliée au réseau électrique local.
Contexte
Au XVIIIe siècle en Angleterre, la population augmente. Les besoins en produits fabriqués s'accroissent. Pour répondre à la demande grandissante de cotonnades indiennes, des artisans anglais perfectionnent les machines à filer et les métiers à tisser. La production textile est mécanisée. Les progrès sont extraordinaires : en 1800, un ouvrier dans un atelier de filature file autant avec la nouvelle mule-jenny que 400 personnes avec les anciens rouets ! Dans les années 1760, l'ingénieur écossais James Watt améliore la machine à vapeur. Elle devient un puissant moteur, d'une force bien supérieure à l'homme ou l'animal pour actionner les machines. L'industrie l'adopte rapidement. À partir de 1785, les mules-jennies sont actionnées par la force-vapeur. Une série d'inventions multiplie les nouvelles machines. Les besoins en matériaux et en énergie entraînent l'essor de la sidérurgie et des industries minières. Le textile poursuit son bond en avant. Les usines s'installent dans les régions où les minerais sont extraits, en Angleterre, en France et en Allemagne. Naît ainsi la grande industrie. Elle concentre dans les usines une main-d'œuvre ouvrière qui travaille au rythme des machines. C'est l'ère du machinisme. Certaines usines regroupent des milliers d'ouvriers comme les forges des Schneider au Creusot. Les paysages du Nord-Est de la France, du Massif central ou de la Ruhr en Allemagne se transforment. Ces régions industrielles voient se multiplier les hauts-fourneaux de la sidérurgie, les terrils et chevalement des mines, les grandes cheminées des usines. Ces bouleversements sont désignés par l'expression « révolution industrielle ». Désormais, des historiens préfèrent parler d'industrialisation. Ils insistent sur la lenteur des progrès. Jusqu'en 1850, l'essentiel de la force motrice est toujours fourni par chevaux et moulins ! L'organisation traditionnelle du travail et l'artisanat cohabitent avec les formes modernes de l'industrie durant tout le XIXe siècle.Complément(s)
Document(s)
Dossier pédagogique sur la taillanderie de Nans-sous-sainte-Anne
Ce document pédagogique propose une triple approche ; patrimoniale, historique et technique pour tout connaître et tout comprendre de la taillanderie de Nans-sous-sainte-Anne.
Deux itinéraires de taillandiers
Taillandier, fils de taillandier, frère de taillandier… Deux vies professionnelles d’ouvriers taillandiers au début du XXe s.