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Une affiche pour l’emprunt – 1918

Montbéliard | Doubs | Archives municipales de Montbéliard | 1918
Époque contemporaine | La guerre aux XIX et XX ème siècle

Une affiche pour l'emprunt - 1918
© Archives municipales de Montbéliard

Tous derrière les soldats

La Grande Guerre qui a ensanglanté le monde de 1914 à 1918 a donné le jour à une foisonnante production d’affiches. Ce moyen d’expression marque l’essor de la propagande, c’est-à-dire de la volonté de contrôler et manipuler l’opinion publique. Face à une guerre d’usure qui s’enlise dans les tranchées, si meurtrière que l’on parle de boucherie (en 1916, la bataille de Verdun a fait 300000 morts), l’affiche est un moyen privilégié pour forger le moral de la population à l’arrière et l’inciter à participer à l’effort de guerre. Le document montre l’engagement total du pays dans l’économie de guerre : les femmes sont mobilisées dans les champs et les usines, les Français appelés à souscrire un emprunt public pour financer la reconstruction. En filigrane, à l’arrière plan, est évoquée l’offensive finale des poilus guidés par une allégorie de la victoire qui chassent l’Allemand identifiable à son casque à pointe. Le texte et l’image exploitent le sentiment patriotique de la population en évoquant la restitution tant attendue de la « douce terre de France » occupée par l’ennemi.

En savoir plus

Le poids de la propagande

La Grande Guerre se distingue des conflits précédents parce qu’elle est la première guerre mondiale mais aussi la première guerre totale. Toutes les forces vives des pays belligérants sont mobilisées et subordonnées à l’effort d’une longue guerre d’usure. Dès le 7 août 1914, le Président du Conseil René Viviani, lance un appel vibrant aux femmes : « Debout, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie ! […] Il n’y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime. Tout est grand qui sert le pays. Debout ! ». Le travail féminin s’impose et transforme durablement la condition des femmes en favorisant leur émancipation. Outre les travaux des champs visibles sur cette affiche, elles travaillent dans les usines d’armement comme « munitionnettes », conduisent les tramways, distribuent le courrier, deviennent infirmières ou « marraines de guerre ». Pour faire marcher l’industrie d’armement, la France en appelle aussi à la main-d’œuvre coloniale et enrôle plus de 180 000 travailleurs venus d’Indochine et d’Afrique. Afin de financer l’effort de guerre, le gouvernement instaure l’impôt sur le revenu, mène des campagnes de collecte d’or mais surtout s’endette. Il émet des emprunts nationaux – l’affiche ici vise à drainer l’épargne populaire -, mais aussi étrangers, principalement auprès des États-Unis. Il a encore recours à l’inflation monétaire et augmente la masse des billets en circulation pour modérer le montant de ses remboursements. Finalement, les besoins militaires nécessitent une intervention grandissante de l’État dans l’économie qui rompt avec le libéralisme économique traditionnel. Ce contrôle étatique s’étend également aux esprits : l’opinion publique est anesthésiée par la censure. C’est le « bourrage de crâne » qui vise à galvaniser et souder la nation autour de « l’Union sacrée ». Le texte de cette affiche conservée aux archives municipales de Montbéliard n’échappe pas à cette frénésie patriotique et joue sur le registre compassionnel et cocardier de la « douce terre de France » amoindrie par la présence ennemie au Nord et à l’Est et qu’il faut reconstruire.

Contexte

Combattre pendant la Première Guerre mondiale

Une guerre totale 

En septembre 1914, la Bataille de la Marne stoppe l'offensive allemande. La ligne de front se stabilise pour plusieurs années. La guerre de mouvement laisse la place à une guerre de position. Tout au long du front, les belligérants s'enterrent, les soldats creusent des tranchées. Ce sont des fossés à ciel ouvert séparés par la zone de combat. 

La Première Guerre mondiale est une guerre moderne. Il faut un armement plus puissant que celui de son adversaire pour rompre l'équilibre des forces et le vaincre. La victoire dépend aussi de la capacité d'innovation technologique des nations en conflit. 

L'aviation, les sous-marins, les chars d'assaut sont pour la première fois utilisés durant la Grande Guerre. La marine de guerre se perfectionne. L'artillerie se modernise : canons à longue portée, obus de gros calibres. Les armées utilisent des armes chimiques comme les obus à gaz «moutarde». Lance-flammes et mitraillettes datent également de 14-18, comme l'utilisation massive des fils barbelés. 

La médecine tente de répondre à la gravité des blessures. Marie Curie organise par exemple un cabinet itinérant de radiologie. 

Toutes les ressources dont disposent les États sont mobilisées pour la victoire. Les États mettent en place une économie de guerre. 

L'industrie doit produire des armements en masse. La guerre devient une guerre industrielle. 

La main-d'œuvre est mobilisée. En France, ouvriers qualifiés de la sidérurgie, ouvriers venus des colonies, immigrés comme les Chinois et prisonniers travaillent pour l'effort de guerre. Les femmes remplacent les hommes partis au front : les «munitionnettes» produisent dans des usines modernisées des tonnes d'obus. 

Pour que la population se mobilise entièrement pour la victoire, il faut obtenir son consentement. Censure et propagande, «bourrage de crâne», assurent l'adhésion des populations à la politique de guerre, y compris celle des enfants qui sont embrigadés. 

La mobilisation des civils, des militaires et de toutes les ressources de la Nation fait de la Première Guerre mondiale une guerre totale. 

Complément(s)

Image(s)

En avant armée de l'épargne

En avant armée de l’épargne. Affiche en couleur signée A. Robaudi en 1916. Elle a été créée à l’occasion du deuxième emprunt de la Défense nationale en 1916.

Pour le triomphe

Pour le triomphe. Affiche d’octobre 1918 pour un nouvel emprunt national.

 

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