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Une affiche des Jeunesses Patriotes

Besançon | Doubs | Archives départementales du Doubs | 1935
Époque contemporaine | République et vie politique XIXe-XXe siècles

Une affiche des Jeunesses Patriotes
© Archives du Doubs, R. Andreosso.

Les Jeunesses Patriotes, le Front populaire et les étrangers

En juillet 1935, le Front populaire invite les Bisontins à manifester le 14 juillet derrière le slogan “Contre la misère, la guerre et le fascisme”. Le 13 juillet, la section locale des Jeunesses Patriotes riposte en placardant l’affiche “Peuple de France on te trompe” dans les rues de la capitale comtoise.
La ligue d’extrême droite invite les Bisontins à ne pas se laisser abuser par la gauche, qui selon elle, impute le chômage au fascisme pour mieux faire oublier ses responsabilités dans la profonde crise économique que traverse le pays. Car pour les patriotes, les responsables des maux des Français sont tout désignés : ce sont d’abord les “incapables” et les “canailles” du “parti radical-socialiste” au pouvoir “sans discontinuer” “depuis trente ans”, mais aussi “certains travailleurs étrangers, expulsés de chez eux, qui bien souvent, [… ] abusent de notre hospitalité”.

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Les Français d’abord

Nationaliste, conservatrice et profondément anticommuniste, la ligue des Jeunesses Patriotes instrumentalise la question de l’immigration afin de discréditer ses adversaires du Front populaire. Tout d’abord, en accusant à demi-mot les étrangers de “manger le pain des Français”, selon l’expression consacrée de l’époque, la ligue accuse les immigrés d’être responsable du chômage et de la misère des Français.
Pour la ligue, l’étranger représente certes une menace économique, mais aussi criminelle car dit-elle : “certains travailleurs immigrés, expulsés de chez eux […] abusent de notre hospitalité”. L’immigré serait donc un hors-la-loi chez lui et un criminel en France : manière insinueuse de pointer du doigt le prétendu laxisme en la matière du parti radical, au pouvoir “depuis trente ans”.
Enfin, pour la ligue, l’immigré constitue d’autant plus un danger pour la sécurité du pays qu’il est un dangereux révolutionnaire en puissance à la solde du Front populaire car comme elle le fait remarquer, les “révolutionnaires italiens, communistes allemands et espagnols” forment la “masse de manoeuvre” des “manifestations du Front populaire”. La ligue, dont l’anticommunisme est viscéral, agite également ici le spectre d’une révolution communiste seule capable de remettre en cause les “libertés républicaines” et présente celle-ci comme l’issue inéluctable de l’immigration incontrôlée qu’elle dénonce.

Contexte

La place des étrangers dans les années 1930

Après le première guerre mondiale, la France a besoin de main d'œuvre étrangère pour se reconstruire. Il faut remplacer les très nombreux morts de la guerre, les mutilés infirmes, les victimes de la grippe espagnole. En 1927, des lois facilitent l'accès à la nationalité française pour faire face à cette crise démographique. Les pays d’origine des immigrés se diversifient avec, par exemple, aux côtés des Italiens, l'arrivée de travailleurs polonais. Dans les années 1920, la moyenne des entrées est de 300 000 par an. Entre 1921 et 1931, on assiste à un quasi doublement de la population étrangère qui s'établit désormais à 7 % de la population totale du pays. Le climat change radicalement lorsque la France est touchée par la crise de 1929 à partir de l'automne 1931. Ce décalage dans le temps s'explique par le fait qu'elle est peu intégrée aux courants commerciaux mondiaux. La crise frappe les classes moyennes qui constituent les bases sociales de la République. On assiste à une montée de l'antiparlementarisme et les ligues d'extrême droite progressent.

La France est devenue le premier pays d'immigration durant l'entre-deux-guerres, d'autant qu'à la même époque les États-Unis ferment leurs frontières. Un fort élan de xénophobie populaire traverse la France à partir de 1931, accompagnant l’essor du chômage dû à la crise économique et financière. La loi du 10 août 1932 sur le contingentement des étrangers est votée à l'unanimité : il est désormais possible de refuser le séjour d'un étranger sur des critères arbitraires et de l'expulser sans possibilités de recours. Les étrangers sont alors de plus en plus exclus de la vie économique du pays.

Complément(s)

Document(s)

L’immigration dans le Doubs depuis 1851

Cet article d’Alain Gagnieux retrace 150 ans d’immigration en Franche-Comté

Images de Franche-Comté

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Site(s)

Lien vers le film sur l’histoire de l’immigration

Ce film découpé en plusieurs périodes permet de mieux comprendre l’évolution de l’immigration en France de 1800 à nos jours.

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Site Migrations

Ce site retrace l’histoire de l’immigration à Besançon et s’intéresse notamment aux différentes mémoires.

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