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Un tract au temps de la Guerre froide

Dijon | Côte-d'Or | 1950
Époque contemporaine | La guerre aux XIX et XX ème siècle

© Archives Départementales de la Côte-d'Or, 1188 W 172

Il s’agit d’un tract du mouvement anticommuniste « Paix et Liberté ». Il fait référence à l’appel de Stockholm, pétition contre l’armement nucléaire américain. Sur ce tract figurent au second plan des croix de couleur rouge sang et une liste de pays d’Europe centrale et orientale surmontée de la faucille et du marteau : les Pays baltes, la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie, la Pologne et la Tchécoslovaquie. Ils sont tous devenus depuis 1945 communistes et appartiennent au groupe des     « démocraties populaires » placées sous la tutelle  de Moscou. « Paix impossible, guerre improbable ». Le philosophe Raymond Aron définissait ainsi la Guerre froide naissante en 1948. Ce conflit idéologique a opposé le modèle communiste de l’URSS et le modèle capitaliste prôné par les Etats-Unis. A sa manière il est présent en Côte-d’Or durant les années 1950 par le biais de nombreux tracts, affiches et brochures. Les termes choisis ne font pas dans la mesure et ont pour but de stigmatiser le camp adverse.

En savoir plus

On retrouve ici les grands thèmes de la propagande antisoviétique : le communisme est l’adversaire des libertés. Il impose son idéologie par la force et élimine physiquement ses opposants. On relève également que l’ennemi n’a pas de visage. Ses bottes et une main également rouge sang sont seulement dessinées. L’appel de Stockholm a été lancé par le « Mouvement de la paix », émanation du parti communiste français, le 18 mars 1950, pour protester contre les travaux américains sur la bombe H. Des intellectuels et des artistes comme Louis Aragon, Pablo Picasso, Thomas Mann l’ont signé. À cette époque, deux pays possèdent l’arme nucléaire : les États-Unis depuis 1945 et l’URSS depuis 1949.

Le mouvement « Paix et Liberté » est une association créée en 1950 par le radical Jean-Paul David avec le soutien du gouvernement Pleven, et financée par le ministère de l’Intérieur français pour lutter contre l’influence communiste. Son objectif est de dénoncer la menace communiste, en particulier les méfaits du stalinisme et le bellicisme de l’URSS. Environ 200 images tirées à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires chacune sont diffusées en six ans.

D’après un texte de Dimitri Vouzelle, professeur d’histoire-géographie, détaché aux Archives départementales de la Côte-d’Or.

Contexte

La IVe République

À la libération en 1944-45, le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF), dirigé par le général de Gaulle, restaure le régime républicain.

De 1944 à 1946, le GPRF effectue de nombreuses réformes inspirées du programme du CNR, le Conseil National de la Résistance : nationalisations d'entreprises, assurances et banques, création d'EDF-GDF, sécurité sociale, droit de vote des femmes...

En octobre 1945, les Français élisent une assemblée constituante. Pour la première fois, les femmes votent à des élections nationales.

L'assemblée élue donne la majorité aux trois grandes forces politiques : la SFIO, c'est-à-dire le parti socialiste de l'époque, le Parti communiste et le MRP (Mouvement Républicain Populaire, parti centriste, démocrate-chrétien).

L'Assemblée rédige une constitution qui est adoptée par référendum en octobre 1946. La IVe République est née. C'est un régime parlementaire. La majorité de l'Assemblée nationale a le pouvoir de renverser le gouvernement. Le président de la République n'a qu'un rôle très faible. Le général de Gaulle refuse ce régime politique. Il est au contraire partisan d'un pouvoir exécutif fort, représenté par le président de la République. Il démissionne dès janvier 1946.

La IVe République connaît une très grande instabilité politique car les trois grands partis s'opposent. De 1946 à 1958, vingt-trois gouvernements se succèdent, en moyenne un tous les six mois ! Ceci explique les difficultés de cette République à faire face aux drames de la décolonisation.

Malgré ses insuffisances et ce qu’en disent ses opposants, à commencer par le général de Gaulle, la IVe République relève d'importants défis et modernise la France. Elle conduit la reconstruction du pays après la guerre ; elle poursuit, après le Front populaire, la mise en place de l'État providence ; elle lance d'importants programmes scientifiques comme le nucléaire français ; ses dirigeants contribuent aux débuts de la construction européenne.

C’est la crise politique déclenchée par la guerre d’Algérie et son incapacité à la résoudre qui expliquent sa fin et l’avènement de la Ve République.

Complément(s)

Autre(s) ressource(s)

« Hitler n’est pas mort »

La brochure de propagande communiste compare le président des États-Unis Harry Truman à Hitler. Elle était mise à la disposition des sympathisants communistes lors de la réunion électorale du 4 octobre 1951 tenue salle de Flore. Elle affirme page de couverture : « Hitler n’est pas mort » et met en scène Oncle Sam qui distrait l’attention de Marianne tandis qu’à l’arrière-plan des avions américains bombardent des populations civiles. Le contexte est la guerre de Corée dans laquelle l’armée américaine est pleinement engagée. La préface explique : « il y a des mensonges qui tuent. L’anticommunisme est de ceux-là. Ce fut l’alibi d’Hitler pour conduire les peuples à la guerre. C’est l’alibi des nouveaux candidats à la domination mondiale ».

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