retour

Un soldat de 1914

Pontarlier | Doubs | Musée de Pontarlier | 1914
Époque contemporaine | La guerre aux XIX et XX ème siècle

Un soldat de 1914

Un témoignage sur la guerre

André Roz représente sur cette aquarelle un soldat durant la Première Guerre mondiale. Il est assis contre un arbre, le casque à ses côtés, au milieu d’un paysage apocalyptique comme en témoignent les arbres détruits. Il semble blessé. Pendant quatre ans, le peintre saisit avec beaucoup de sensibilité et de réalisme, dans des aquarelles et des croquis, l’horreur de la guerre. Il gardera de cette expérience au front une santé fragile qui l’oblige à quitter Paris en 1918 pour un climat de montagne. Présent lors des combats du Chemin des Dames, il vit les bombardements aux premières loges. Il sort de cette période profondément traumatisé.
Il donne une seconde version de cette oeuvre à l’huile, et l’intitule “Le Feu”. Il s’agit certainement d’une référence au roman du même titre écrit par Henri Barbusse, publié en 1916 et lauréat du prix Goncourt.

En savoir plus

Un peintre et sa ville

André Roz nait à Paris en 1887 de parents franc-comtois d’origine modeste. L’enfance du peintre est marquée par de nombreux séjours en Franche-Comté pendant les vacances. La guerre interrompt sa carrière artistique débutante. Le journal Courrier de la Montagne du dimanche 7 octobre 1917 rend hommage au courage du sergent du 21 ème régiment de génie :
« A été cité à l’ordre du régiment, le sergent Roz André, du 21e génie, gendre de M. Griffon, négociant en vins : « chargé de diriger le centre optique de la division pour les opérations du 16 et 17 août, a effectué les reconnaissances et rempli les fonctions de chef de poste, dans des conditions rendues très difficiles par le bombardement. S’est déjà signalé sur l’Aisne en assurant le service du centre optique de la cote 120, sous de tirs violents et continuels de l’ennemi. »
Après la guerre, André Roz s’installe à Pontarlier. Il s’implique dans la Fédération des sociétés d’anciens combattants de l’arrondissement, comme président, généreux donateur et organisateur de galas de charité. Il est alors peu enclin à fraterniser avec l’ancien ennemi. La prospérité du commerce de vin de Madame Roz permet à son mari d’adopter un mode de vie bourgeois. Il se consacre entièrement à son art, aménage son atelier dans le grenier, couvre les murs de livres, de toiles et d’esquisses. En 1924, il fonde le Salon des Annonciades avec Robert Fernier, Robert Bouroult et André Charigny. En 1941, il est nommé adjoint au maire de la ville par le Gouvernement de Vichy. Ses obligations l’amènent à côtoyer les autorités allemandes. A la Libération, dans le climat houleux de l’épuration, on lui reproche son adhésion aux valeurs pétainistes. Accusé de collaboration, il est incarcéré à la prison de Besançon puis acquitté à l’issu d’un procès dont il sort blessé moralement. L’artiste quitte alors le Haut-Doubs et n’y reviendra que quelques mois avant son décès.

Contexte

Combattre pendant la première Guerre mondiale : les poilus 

Des conditions de vie terribles 

Le quotidien du poilu dans sa tranchée est terrible : le froid, l'humidité, la boue, la faim, la soif, les poux, les rats et surtout la peur constante, la mort omniprésente.  
Les combats sont atroces, les corps pulvérisés par les gros calibres d’artillerie.  
Les pertes engendrées par les armes nouvelles issues de l'industrie sont considérables. À chaque assaut, un homme sur trois est tué ou atrocement mutilé. On dénombre après les trois jours de l'offensive du général Nivelle en 1917 40 000 tués et 90 000 blessés. Et les batailles n'ont jamais été aussi longues  : Verdun dure dix mois ! Les soldats, mais aussi les populations civiles, subissent ces violences physiques et psychologiques inouïes.  
Mais le conflit familiarise aussi les soldats et les peuples à ce degré de violence et aux morts innombrables. Il provoque des comportements toujours plus brutaux. Des anciens poilus ont expliqué l'effroi premier devant la mort, puis peu à peu une habitude, voire un plaisir difficilement avouable de la donner. Ce consentement à la violence et à la mort subies et données a été nommé par les historiens « l'ensauvagement » ou la « brutalisation ». 
Il explique en partie la violence politique de l'Entre-deux-guerres qui s'épanouit dans les mouvements fascistes et nazis. 

Complément(s)

Image(s)

Les tranchées

Dans “Les Tranchées”, les squelettes d’arbres décharnés rappellent les bombardements, alors que les soldats enterrent leurs morts, dont les tombes s’alignent de plus en plus nombreuses.

 

Abonnez-vous à notre lettre d'information !

et restez informé(e) de l'actualité du site

retour