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Un noble icaunais qui renonce à ses privilèges : Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau

Saint-Fargeau | Yonne | Archives départementales de l'Yonne | 1789
Époque contemporaine | Révolution française

© Archives départementales de l'Yonne, E dépot 344 mairie de Saint-Fargeau (8 août 1789)

Lettre de Lepeletier de Saint-Fargeau au curé de Saint-Fargeau (8 août 1789)

Lors de la nuit du 4 août, les députés de l’Assemblée nationale constituante votèrent l’abolition de certains droit seigneuriaux et la possibilité de racheter les autres, ainsi que la suppression des privilèges. Lepeletier de Saint-Fargeau vota en faveur de ces réformes prises dans le contexte des émeutes de la Grande peur – celles-ci se sont développées dans de nombreuses régions de France et sont à l’origine du pillage de châteaux et de la destruction de tous les écrits qui y avaient été trouvés afin de faire disparaître toute preuve des droits imposés par les seigneurs sur leurs paysans.

Trois jours plus tard, Lepeletier de Saint-Fargeau écrivit au curé de Saint-Fargeau pour affirmer et faire savoir qu’il renonçait à ses droits seigneuriaux et privilèges et se dire l’ami des habitants de Saint-Fargeau. Il signe encore Lepeletier de Saint-Fargeau, mais fait disparaître sa qualité de marquis.

En savoir plus

Lepeletier de Saint-Fargeau, un noble libéral et révolutionnaire

Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, né en 1760, appartenait à la haute noblesse de robe ; à la mort de son père en 1778, il est devenu marquis de Saint-Fargeau, en Puisaye. Il a lui-même été conseiller au Parlement de Paris. Sa famille était ouverte aux idées des Lumières : son père s’était opposé au roi Louis XV lors de l’agitation parlementaire contre l’arbitraire royal vers 1770. Des savants et des littérateurs étaient régulièrement accueillis au château de Saint-Fargeau

Résidant surtout à Paris, Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau est élu député de la noblesse aux États généraux de mai 1789 pour le bailliage de Paris ; en juillet 1789, il est devenu député à l’Assemblée constituante et il y intervient souvent dans les débats, défendant des idées libérales et sociales : interdiction pour les seigneurs de prendre le nom de leur seigneurie, transfert à l’Assemblée du droit royal de décider de la guerre ou de la paix, abolition de la peine de mort… Entre temps, en juin 1790, il était devenu président de cette Assemblée constituante. Il était alors favorable à une monarchie constitutionnelle.

En 1791, en tant qu’ancien député de l’Assemblée constituante, il ne peut se faire élire à l’Assemblée nationale et se tourne vers le département de son fief : il est élu conseiller de l’Yonne et ses homologues le portent à la présidence du département. Élu à la Convention un an plus tard, il vote la mort du roi en janvier 1793. Quelques jours plus tard, la veille de l’exécution de Louis XVI, il est assassiné par un ancien garde du roi. Il est considéré par la Convention comme le premier martyr de la liberté et son corps est transféré au Panthéon.

Nathalie Verpeaux, professeure d’histoire-géographie.

Contexte

La France à la veille de la Révolution

La France des années 1780 est un pays où trois habitants sur quatre vivent à la campagne. Le pays se trouve dans une triple situation de crise. La crise est tout d'abord économique : la hausse du prix du pain plonge le pays dans la disette. Les crises de subsistance affolent les populations. Au printemps 1789, l'agitation populaire est vive dans les campagnes et dans les villes.

La crise est également sociale : les difficultés économiques déstabilisent une société d'ordres déjà en crise. La paysannerie, dont les revenus s'effondrent du fait des mauvaises récoltes, est plus que jamais incapable de répondre aux exigences seigneuriales et royales.

La crise est enfin politique. La monarchie française a toujours connu un important déficit budgétaire, mais ses difficultés s'accroissent à cette époque. En 1788, l'État est proche de la banqueroute : plus de la moitié de ses revenus est absorbée par le remboursement de la dette.

Seule une réforme fiscale radicale passant par la remise en cause des privilèges pourrait sortir le pays de la crise financière. Mais les contrôleurs généraux des finances, qui tentent de mettre en place un impôt unique payé par tous, se heurtent à l'opposition des parlements. Toutes les tentatives de réformes échouent. Dans l'espoir de mettre fin à la crise, le roi Louis XVI accepte de convoquer les états généraux afin de demander la création de nouveaux impôts. Pour préparer cette consultation, il demande à ses sujets de lui faire connaître leurs revendications : près de 60 000 cahiers de doléances sont rédigés au printemps 1789 et envoyés à la Cour. Il s'agit d'un éclairage exceptionnel sur l'état de l'opinion publique à la fin des années 1780. Le roi a ainsi ouvert un espace de liberté de parole sans précédent pour les Français.

Complément(s)

Autre(s) ressource(s)

Dossier pédagogique

Un noble icaunais révolutionnaire – Lepeletier de Saint-Fargeau

 

 

Image(s)

Suite de la lettre et sa transcription

Transcription de la lettre

 

 

 

Site(s)

Un colloque a eu lieu en 2013 sur LouisMichel Lepelletier de Saint-Fargeau et a été enregistré :

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