Un journal dans la guerre
Un journal dans la guerre
Le Petit Comtois était le plus gros tirage de la presse quotidienne dans le Doubs durant la Première Guerre mondiale. L’entrée dans le conflit provoque la disparition de nombreux journaux et la réduction du nombre de pages de ceux qui survivent. La presse, locale comme nationale, est de surcroît soumise à une sévère censure. Le décret du 2 août 1914 sur l’état de siègeEnsemble des opérations militaires menées pour prendre une ville fortifiée ou tout-autre place forte. Il s’agit souvent d’encercler, d’isoler, avant d’investir la place forte. Le mot siège peut aussi désigner le lieu où s’établit l’armée qui assiège. suspend en effet la liberté de la presse. L’autorité militaire peut désormais interdire toute publication jugée dangereuse. Le bureau de la presse du Ministère de la guerre est chargé de contrôler les journaux afin de supprimer toute critique et d’empêcher la diffusion de renseignements à l’ennemi. Les coupures ou « caviardages » sont révélées par des « blancs » dans les colonnes des journaux. Patriote et défenseur de l’Union sacrée, Le Petit Comtois illustre, à la fin de l’année 1916, la permanence de l’optimisme de « l’arrière » et de la foi en la victoire. Il reflète également la dimension désormais mondiale de la guerre.
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Une guerre mondiale
La une du Petit Comtois illustre différents aspects de la guerre en cette fin d’année 1916. La bataille de Verdun vient de s’achever par la victoire de l’armée française qui a résisté pendant dix mois à l’offensive allemande. Les choix stratégiques très coûteux en hommes du Général Joffre, à Verdun et lors de la bataille de la Somme la même année, sont toutefois vivement critiqués. Le Commandant en chef des armées est d’ailleurs écarté par le gouvernement Briand qui, en compensation, lui confère le titre de maréchal de France. Si le front piétine, le moral de l’arrière ne se détériore pas encore. Malgré les difficultés de ravitaillement, les articles reflètent une réelle confiance en la victoire. L’inquiétude d’une invasion allemande par la Suisse reste toutefois permanente pour les populations frontalières. Les différents théâtres d’opérations évoqués donnent également un aperçu de la dimension mondiale de la guerre. Celle-ci ne se poursuit pas seulement sur les mers ou les fronts occidental et russe, mais aussi dans les Alpes italiennes, à Salonique, où combat le corps expéditionnaire du général Sarrail, en Moldavie, en Macédoine et dans le Sinaï égyptien pour les Anglais face aux Ottomans. Alors que sévit la censure, la guerre constitue enfin une épreuve pour un journal qui se réclame des valeurs de la démocratie. Le Petit Comtois était effectivement le principal organe d’expression des républicains radicaux, une gauche modérée qui comptait plusieurs élus dans la Doubs. Il a appelé dès le début de la guerre à « une trêve des partis » au nom de la défense de la patrie, de la République et des grands principes révolutionnaires, au risque de ne plus assurer son rôle traditionnel d’organe d’information et d’animateur du débat public.
François-Xavier Laithier
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Le Petit comtois en ligne
L’ensemble des collections du Petit Comtois est disponible sur le site Mémoire vive de la BM de Besançon