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Un dossier de la commission d’émigration alsacienne

Belfort | Territoire de Belfort | Archives départementales du Territoire de Belfort | 1875
Époque contemporaine | L'Europe et le monde

© Archives de Belfort, AD90, 6M280

Un dossier de la commission d'émigration alsacienne après 1871

Ce dossier, déposé par un habitant d’Ohenheim, dans le Bas-Rhin, auprès de la Commission d’émigration installée à Belfort, concerne la demande d’attribution d’une terre à Bou-Henni, en Algérie (département d’Oran). Cette démarche est motivée par deux raisons : l’opportunité de devenir propriétaire car il n’est que « journalier cultivateur » et le souhait de « conserver la nationalité française pour lui et ses enfants ». Les candidats à la colonisation doivent remplir de nombreuses conditions. Un questionnaire portant sur l’état civil du demandeur, sa moralité, la composition de la famille ainsi que sa profession permet l’ouverture du dossier pour l’attribution d’une concession en Algérie. Les agriculteurs sont les candidats les plus appréciés. Selon le décret du 15 juillet 1874, ils doivent prouver le montant de leurs ressources financières ; s’ils ne peuvent disposer d’un capital de 2500 à 3000 francs minimum pour faire face aux frais d’installation, les dossiers sont écartés. Les heureux élus se voient délivrer un acte provisoire de concession donnant droit à une traversée gratuite en 3ème classe de Marseille à Oran pour eux et leur famille. Valable 3 mois, cet acte est annulé si la famille n’a pas pris possession de sa propriété.

En savoir plus

Les Alsaciens et l’Algérie

Entre 1831 et 1837, de nombreux Alsaciens migrent vers l’Algérie : manque de terres agricoles en Alsace, promesse d’une concession en Algérie… cette colonie apparaît être un nouvel horizon offrant de belles opportunités pour de nombreux agriculteurs. Le besoin d’ouvriers à partir de 1938 voit la mise en place de nouvelles mesures (circulaire du 30 août) : un passeport pour l’Algérie coûte désormais 2 francs et le chef de famille peut y inscrire ses descendants et ascendants valides. Les colons alsaciens vont s’installer dans l’Algérois, puis en Oranie et dans le Constantinois ; c’est dans ce dernier département que de nombreux villages vont être fondés, portant tous des noms alsaciens. Des insurrections « indigènes » survenant encore périodiquement, les villages Alsaciens vont constituer une véritable ligne fortifiée face à d’éventuelles attaques. A partir de 1871 et la signature du Traité de Francfort, les Alsaciens qui veulent demeurer français (les optants) arrivent massivement dans le Territoire de Belfort mais ne s’y installent pas tous définitivement. Certains gagnent d’autres régions françaises, d’autres profitent de l’aide apportée par la commission d’émigration alsacienne pour partir vers l’Algérie où des centaines d’entre eux obtiennent gracieusement une terre agricole. Une concession de 100 000 hectares est mise à disposition des Alsaciens et des Lorrains qui souhaitent s’y établir (loi du 21 juin 1871). Pour compléter ce dispositif, deux commissions sont créées au plus près des « provinces perdues », à Nancy et Belfort. Elles sont chargées de la sélection des candidats en fonction de leur aptitude aux travaux agricoles et de leur moralité. Au total, entre 1871 et 1904, 12 000 à 14 000 Alsaciens migrent vers l’Algérie ; ce nombre est bien inférieur à la première vague de migrations qui en comptait environ 22 000.

Sandrine Bozzoli, professeure d’histoire-géographie.

Contexte

Complément(s)

Image(s)

Plan d'un village à l'est d'Alger construit pour les Alsaciens et Lorrains en 1873

© Archives départementales du Territoire de Belfort, AD90, 1J38

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