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Un camp d’internement administratif dans l’Yonne en 1941-1942

Vaudeurs | Yonne | Archives départementales de l'Yonne | 1942
Époque contemporaine | La guerre aux XIX et XX ème siècle

Vaudeurs : un camp d’internement administratif dans l’Yonne © Archives départementales de l'Yonne.
© Archives départementales de l'Yonne, 1 W 468-3.

Le château de Vaudeurs, dans le pays d’Othe, a été aménagé en centre de séjour surveillé le 6 décembre 1940. Il a reçu tout d’abord des communistes du 9 janvier 1941 au 4 septembre 1942, date à laquelle les 21 derniers internés politiques ont été transférés à Voves (Eure-et-Loir), remplacés par des personnes condamnées pour marché noir.
Le château accueillait la partie administrative et le logement du personnel lié au camp, ainsi que des dortoirs. Des baraquements permettaient l’internement de plus de détenus, mais ceux-ci n’ont jamais été très nombreux : une vingtaine à l’époque des détenus politiques, quelques dizaines mais moins de cent à l’époque des détenus économiques.
Le camp était toutefois difficile à sécuriser comme le montrent différents plans réalisés à l’automne 1942 ; des évasions ont d’ailleurs eu lieu. Pour cette raison et à cause de désordres liés à la réception de nombreux colis par les internés pour marché noir, le camp a été fermé le 8 décembre 1942.

En savoir plus

Trois centres d’internement administratif ont été mis en place dans l’Yonne au cours de la Seconde Guerre mondiale.
1. Le camp de Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes est le plus ancien, ouvert dès 1939 pour des réfugiés espagnols. À partir de décembre 1940, il accueille plusieurs centaines d’« indésirables », des étrangers évacués par les Allemands des départements de la Somme et de la Seine-Inférieure (aujourd’hui Seine-Maritime) ; ce sont surtout des Polonais. Suite au transfert de ces familles à Saint-Denis-lès-Sens en juin 1941, ce sont des nomades français qui sont internés à Saint-Maurice, jusqu’en décembre 1945, date de fermeture du camp.
2. Le camp de Saint-Denis-lès-Sens, ouvert en février 1941, reçoit dans un premier temps les étrangers transférés depuis Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes, puis d’autres étrangers « indésirables » ; ils sont alors un demi-millier et beaucoup travaillent dans des exploitations agricoles dans lesquelles ils sont parfois logés. À partir de novembre-décembre 1942, le camp sert essentiellement à l’internement de personnes condamnées pour marché noir provenant de Vaudeurs et d’autres camps non-icaunais. En 1943, ils sont environ 400. Certains travaillent la journée dans des entreprises localisées à proximité, mais ils doivent revenir au camp tous les soirs ce qui suscite des dysfonctionnements liés notamment à leur prise de repas en ville. Le camp est dissous en juin 1944, date à laquelle il est pris en mains par les Allemands pour des prisonniers russes.
3. Le camp de Vaudeurs, actif de janvier 1941 à décembre 1942 pour des prisonniers politiques puis des condamnés pour marché noir, dépendait en fait du camp de Saint-Denis-lès-Sens.
Partout dans le département des camps de plus petite taille ont été mis en place de façon temporaire pour héberger des prisonniers de guerre issus des colonies, ou parfois des personnes internées dans les camps ci-dessus, qui étaient employés dans des exploitations agricoles ou des chantiers forestiers.

Nathalie Verpeaux, professeure d’histoire-géographie.

Contexte

Gouverner, l'État français 

Le 10 juillet 1940, les parlementaires français donnent les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Son gouvernement supprime la République. Il la remplace par l'État français. Le Maréchal concentre entre ses mains les pouvoirs exécutif et législatif. Le suffrage universel est supprimé. 

Le Maréchal bénéficie d'un véritable culte de la personnalité. On célèbre le père de la Patrie, le héros de Verdun. 

Il lance la « Révolution nationale ». C'est une revanche sur la tradition républicaine, le Front populaire de 1936 et sur tous les acquis libéraux et démocratiques depuis 1789 ! 

Cette politique repose sur une idéologie réactionnaire : pour que la France se redresse, il faut revenir aux valeurs traditionnelles exprimées par la devise «Travail, Famille, Patrie ». 

Les anciens partis et les syndicats sont interdits et réprimés. 

Sans aucune pression allemande, ce gouvernement antisémite promulgue un statut des Juifs. Certains métiers leur sont interdits. La police de Vichy collabore aux rafles. C'est Laval, Premier ministre de Pétain, qui propose aux autorités allemandes de déporter également les enfants des Juifs étrangers. Vichy livre ainsi aux nazis 75 721 Juifs. Seulement 2 500 reviendront des camps de concentration et d'extermination. 

L'école est très contrôlée. Des organisations comme les Chantiers de la jeunesse encadrent les jeunes. 

La natalité est encouragée. C'est le maréchal Pétain qui instaure la fête des mères en France. 

En novembre 1942, les Allemands envahissent la zone sud. La collaboration s'accentue alors. Le régime de Vichy prend des formes qui le rapprochent de plus en plus des fascismes. La Milice pourchasse, aux côtés des Allemands, les résistants. 

Si les Français sont dans leur majorité maréchalistes, attachés à la personne de Pétain, ils sont peu pétainistes, c'est-à-dire partisans de la « Révolution nationale ». 

Seule une toute petite minorité de Français est franchement collaborationniste. La majorité est surtout préoccupée par les difficultés de la vie quotidienne. 

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