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Un appareil pour la photographie aérienne

Chalon-sur-Saône | Saône-et-Loire | Musée Nicéphore Niepce | 1915
Époque contemporaine | La guerre aux XIX et XX ème siècle

© Musée Nicéphore Niepce

Un appareil pour la photographie aérienne

Durant la Première Guerre mondiale, et bien qu’il n’y ait pas eu à proprement parler d’armée de l’air, des avions et appareils volants sont utilisés pour des missions militaires dans lesquelles la photographie devient un outil clé. Ces avions équipés d’appareils photographiques permettent le développement de la photographie aérienne, stratégiquement intéressant pour l’étude des tranchées, des installations militaires ou industrielles ennemies et l’accompagnement de manœuvres militaires en guidant les tirs d’artillerie.
Les avions sont progressivement armés pour les combats aériens. La photographie devient dès lors un outil de formation des jeunes soldats au tir en plein vol. Cet appareil photo est un appareil pour la photographie aérienne Mark III Hythe fabriqué par Thornton-Pickard dès les années 1914-1915. Il est équipé d’un chargeur de film 120 et d’un objectif 300 mm pour un poids de près de 9 kg. Cet appareil a été utilisé pendant la Première Guerre mondiale comme outil d’entrainement au maniement des mitrailleuses de la Royal Air Force britannique. Il reprend la forme, le poids et la sensation d’une des mitrailleuses les plus utilisées alors, le Lewis Gun. Cependant, dans le chargeur de cette arme ne sont pas placées des munitions (coûteuses et dangereuses lors d’exercices d’entrainement) mais un rouleau de pellicule qui était développé une fois de retour à la base afin d’évaluer la précision des tirs réalisés.

En savoir plus

La photographie entretient des liens avec la guerre. Le vocabulaire de la photographie et le vocabulaire guerrier entretiennent des similitudes intrigantes : charger (la pellicule), armer le déclencheur, viser, tirer le portrait, shooter, mitrailler, le mode rafale, « chasseur d’image » (pour désigner le photographe). C’est un outil de renseignement, en particulier la photographie aérienne : vues des bombardements de Reims durant la 1ère Guerre Mondiale, vues et cartographie de tranchées et d’équipements ennemies.
La guerre revêt une image plus concrète grâce à la presse illustrée (clichés amateurs des soldats ou premiers reportages d’agences de presse). Le magazine Le Miroir se transforme dès août 1914 : 15 de ses 16 pages sont dédiées à des reportages photographiques.
Le musée Niépce ne conserve pas encore de fonds de reporters de la Grande Guerre. Il a préféré collecter les revues, analyser l’édition, les contextes de publication, les images de propagande (comme les photographies de Jean-Baptiste Tournassoud ou de la Section Photographique de l’Armée (SPA) durant la 1ère guerre mondiale). Il possède un fond de photographies stéréoscopiques en relief réalisées par des poilus dans les tranchées ou la SPA, qui constituent une ressource iconographique. Ces photos documentent la vie quotidienne dans les tranchées et des scènes de combats. La vision en relief plonge le regardeur dans des images d’une manière « trop réaliste » ou frontale, ainsi ces images ont peu été exploitées par l’armée afin de ne pas démoraliser les troupes ou servir de sources d’information à l’ennemi.
En plus du Mark III Hythe, le musée possède des appareils imitant l’apparence d’armes à feu : canon photographique de fête foraine pour tirer le portrait, appareil photo revolver, fusil photographique inventé par E. J. Marey.

Adèle BERNARD, enseignante missionnée au musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône.

Contexte

Combattre pendant la Première Guerre mondiale 

Une guerre totale  

En septembre 1914, la Bataille de la Marne stoppe l'offensive allemande. La ligne de front se stabilise pour plusieurs années. La guerre de mouvement laisse la place à une guerre de position. Tout au long du front, les belligérants s'enterrent, les soldats creusent des tranchées. Ce sont des fossés à ciel ouvert séparés par la zone de combat. 
La Première Guerre mondiale est une guerre moderne. Il faut un armement plus puissant que celui de son adversaire pour rompre l'équilibre des forces et le vaincre. La victoire dépend aussi de la capacité d'innovation technologique des nations en conflit. 
L'aviation, les sous-marins, les chars d'assaut sont pour la première fois utilisés durant la Grande Guerre. La marine de guerre se perfectionne. L'artillerie se modernise : canons à longue portée, obus de gros calibres. Les armées utilisent des armes chimiques comme les obus à gaz « moutarde ». Lance-flammes et mitraillettes datent également de 14-18, comme l'utilisation massive des fils barbelés. 
La médecine tente de répondre à la gravité des blessures. Marie Curie organise par exemple un cabinet itinérant de radiologie. 
Toutes les ressources dont disposent les États sont mobilisées pour la victoire. Les États mettent en place une économie de guerre. 
L'industrie doit produire des armements en masse. La guerre devient une guerre industrielle. 
La main-d'œuvre est mobilisée. En France, ouvriers qualifiés de la sidérurgie, ouvriers venus des colonies, immigrés comme les Chinois et prisonniers travaillent pour l'effort de guerre. Les femmes remplacent les hommes partis au front : les « munitionnettes » produisent dans des usines modernisées des tonnes d'obus. 
Pour que la population se mobilise entièrement pour la victoire, il faut obtenir son consentement. Censure et propagande, « bourrage de crâne », assurent l'adhésion des populations à la politique de guerre, y compris celle des enfants qui sont embrigadés. 
La mobilisation des civils, des militaires et de toutes les ressources de la Nation fait de la Première Guerre mondiale une guerre totale. 

Complément(s)

Image(s)

Bande de tirages d’après les clichés réalisés avec une mitrailleuse photographique OPL/;© Collection du musée Nicéphore Niépce – ville de Chalon-sur-Saône

Biplace équipé d’un canon, 1914-1918, photographie anonyme. © Collection du musée Nicéphore Niépce- ville de Chalon-sur-Saône

Le Miroir n°94 (5e année), 12 septembre 1915 / Le général Sainte-Claire Deville qui, avec le colonel Déport, dota notre artillerie de campagne du merveilleux canon de 75, vient de faire une tournée d'inspection sur le front. Le voici, visitant une batterie en Argonne. © Collection du musée Nicéphore Niépce – ville de Chalon-sur-Saône Première page et double page avec photographie aérienne

Le Miroir n°94 (5e année), 12 septembre 1915 / Le général Sainte-Claire Deville qui, avec le colonel Déport, dota notre artillerie de campagne du merveilleux canon de 75, vient de faire une tournée d’inspection sur le front. Le voici, visitant une batterie en Argonne.
© Collection du musée Nicéphore Niépce – ville de Chalon-sur-Saône
Première page et double page avec photographie aérienne

Le Miroir n°94 (5e année), 12 septembre 1915 / Le général Sainte-Claire Deville qui, avec le colonel Déport, dota notre artillerie de campagne du merveilleux canon de 75, vient de faire une tournée d'inspection sur le front. Le voici, visitant une batterie en Argonne. © Collection du musée Nicéphore Niépce – ville de Chalon-sur-Saône Première page et double page avec photographie aérienne

Le Miroir n°94 (5e année), 12 septembre 1915 / Le général Sainte-Claire Deville qui, avec le colonel Déport, dota notre artillerie de campagne du merveilleux canon de 75, vient de faire une tournée d’inspection sur le front. Le voici, visitant une batterie en Argonne.
© Collection du musée Nicéphore Niépce – ville de Chalon-sur-Saône
Première page et double page avec photographie aérienne

Souain 1915 / En pleine attaque, photographe anonyme, 1915, Diapositive monochrome sur verre, vue stéréoscopique
© Collection du musée Nicéphore Niépce – ville de Chalon-sur-Saône

Souain 1915 / En pleine attaque, photographe anonyme, 1915, Diapositive monochrome sur verre, vue stéréoscopique
© Collection du musée Nicéphore Niépce – ville de Chalon-sur-Saône

Site(s)

Dans le site des collections numérisées :
– Vues stéréoscopiques dans les tranchées : https://www.open-museeniepce.com/recherche-photos/photo,5727
Ces photographies stéréoscopiques peuvent être visionnée avec des lunettes 3D au musée Niépce.

Présentation d’un appareil similaire au Queensland Museum : https://collections.qm.qld.gov.au/objects/SH889/aerial-camera-mk-iii-hythe

« Photographies en guerre », exposition au Musée de l’Armée, du 6 avril 2022 au 24 juillet 2022 : https://www.musee-armee.fr/au-programme/expositions/detail/photographies-en-guerre.html

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