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Troubles survenus à Port-sur-Saône en 1849

Port-sur-Saône | Haute-Saône | Archives de Haute-Saône | 1849
| République et vie politique XIXe-XXe siècles

© Archives départementales de Haute-Saône, 1M49

La lettre du maire de Port-sur-Saône adressée au préfet de Haute-Saône le 5 avril 1849 fait  état de troubles survenus dans sa localité avant les élections législatives de mai 1849. « Depuis et avant l’élection du président de la République, un club s’est formé chez ce particulier et les mauvaises passions des individus qui le fréquentaient ne leur doivent qu’au mal, les bons citoyens étaient menacés par des pamphlets placardés sur divers points de la (boutique) ». Ces fauteurs de troubles sont qualifiés par le maire de partisans de la « République rouge ». En effet, les élections de 1848 ont été remportées par les républicains modérés et le faible score des socialistes aux élections est une immense déception pour le monde ouvrier en pleine expansion. Le 15 mai 1848 l’Assemblée Nationale est même envahie par les manifestants socialistes. Les principaux meneurs sont arrêtés par la garde nationale comme Auguste Blanqui ou Armand Barbès. Les élections législatives de 1849 ont lieu au suffrage universel masculin les 13 et 14 mai 1849  et se déroule dans une atmosphère tendue.

En savoir plus

En Haute-Saône, après les espoirs de 1848, la déception des milieux populaires face au manque de réformes profondes provoque des troubles dans plusieurs localités dès 1849 qui font l’objet de surveillance de la part des maires qui transmettent l’activité de ces groupes au préfet Auguste Petetin. Ces courriers relatent des détonations d’armes à feu, des cris, et des placards affichés dans les localités.

Voici la transcription du début de la lettre :

Très confidentielle

Port-sur-Saône le 5 avril 1849

Monsieur le préfet

J’ai eu l’honneur de me représenter deux fois dans votre antichambre pour vous rendre compte de ce qui se passais dans la commune relativement aux fauteurs de troubles et je n’ai pas eu l’avantage de parvenir jusqu’à vous, votre cabinet étant occupé par d’autres personnes. La seconde fois c’était par M Gabiot. Je voulais vous faire part des mesures qu’il convenait de prendre pour faire rentrer dans l’ordre un nommé Grandcollin (…) détenteur d’un bureau de tabac dans la localité. Depuis et avant l’élection du président de la République, un club s’est formé chez ce particulier et les mauvaises passions des individus qui le fréquentaient ne leur doivent qu’au mal ;les bons citoyens étaient menacés par des pamphlets placardés sur divers points de la (boutique) j’en étais munis et je voulais vous les communiquer à la vérité il n’y a pas de preuves certaines sur les auteurs de ces stupides et lâches placards où vous- même monsieur le préfet n’étiez pas plus ménagé que les autorités locales.

Didier Roux, professeur d’histoire-géographie, détaché aux Archives de Haute-Saône.

Contexte

Gouverner sous la Seconde République  

Après la révolution de 1848, dans un esprit de grande fraternité, la IIe République est proclamée. Le suffrage universel masculin est décrété. La peine de mort pour raison politique est abolie, tout comme l'esclavage dans les colonies. Des ateliers nationaux sont fondés pour lutter contre le chômage.  

Ce rêve fraternel ne dure pas. Manifestations et émeutes ouvrières éclatent suite à la fermeture des ateliers nationaux. Elles sont écrasées dans le sang en juin 1848. Après ces massacres qui font 5 000 morts, le parti de l'Ordre, qui rassemble tous ceux qui redoutent une révolution populaire, triomphe aux élections. 

Une nouvelle constitution met en place une république où les pouvoirs sont partagés entre une assemblée élue au suffrage universel pour 3 ans et un président de la République élu lui aussi au suffrage universel pour 4 ans, son mandat n'étant pas renouvelable.  

Localement, les maires sont élus par le conseil municipal pour les communes de moins de 6 000 habitants. Les maires des chefs-lieux d'arrondissement, de département et les villes de 10 000 habitants et plus, continuent d'être nommés par le préfet. 

Le neveu de Napoléon I er, Louis-Napoléon Bonaparte, remporte largement les élections et devient le premier président de la République française avec 74 % des voix. C'était le candidat du parti de l'Ordre. Cela ne l'empêche pas dans les années qui suivent de s'opposer régulièrement à l'Assemblée et de se présenter comme le président du peuple. En décembre 1851, il organise un coup d'État qui prépare la proclamation en 1852 du Second Empire. Louis-Napoléon Bonaparte devient Napoléon III. 

Complément(s)

Image(s)

      Le tract objet du scandale

 

 

 

 

 

 

La suite de la lettre du maire au préfet.

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