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Propagation des idées révolutionnaires par les volontaires de l’armée du Rhin

Bletterans | Jura | 1792
Époque contemporaine | Révolution française

© Archives du Jura

La prise de Mayence le 21 octobre 1792 par les armées françaises marque le premier tournant des guerres révolutionnaires. De la déclaration de guerre de la France à l’Autriche en avril 1792, « une guerre des peuples contre les rois », à Valmy en septembre 1792, la défense de «la Patrie en danger» est l’objectif essentiel des volontaires mobilisés, dont de nombreux Francs-Comtois. Après le retrait des troupes étrangères du territoire national, l’idéal qui anime ces volontaires, comme ici ceux du canton de Bletterans, et qui transparaît dans leurs lettres, est de propager la Révolution en Europe, de libérer les peuples encore sous le joug des souverains absolus (« Nous traiterons les citoyens de Mayence en frères, nous respecterons leur religion, leurs mœurs, leur gouvernement et leurs usages, nous ferons tellement aimer un peuple libre que Mayence secouera les chaînes qui la fatiguent »). Entre mars et juillet 1793, Mayence devient la première république sœur de la République française sur le sol allemand.

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Mayence est une principauté du Saint-Empire romain germanique dirigée par un ecclésiastique, le prince-archevêque de Mayence. Souverains absolus dans leur principauté, les derniers représentants des princes-archevêques, sensibles aux idées des Lumières, entament une politique réformatrice dans le domaine de l’enseignement et de l’assistance aux pauvres, s’inscrivant dans le mouvement du despotisme éclairé du XVIIIe siècle.

Au début de la Révolution française, Mayence accueille un grand nombre d’émigrés et devient un centre de la contre-Révolution, ce qui en fait un objectif des armées révolutionnaires au moment où celles-ci commencent à combattre en dehors du territoire national.

Après la prise de la ville en octobre 1792, les conquérants font figure de libérateurs du joug du despotisme (« Nous parcourions le monde les Droits de l’Homme à la main »). Plusieurs intellectuels locaux adhèrent aux idées révolutionnaires et démocratiques, ce qui aboutit en mars 1793 à la fondation de la République de Mayence, première république sœur de la République française sur le sol allemand. Les privilèges de la noblesse et du clergé sont abolis mais l’expérience s’achève en juillet 1793 avec la reprise de la ville par les coalisés austro-prussiens.

Récupérée par les Français en 1797, une nouvelle république sœur voit le jour avant d’être annexée au territoire français entre 1801 et 1814.

Contexte

Gouverner à l'époque révolutionnaire

En 1792, Robespierre est bien seul à affirmer que « la plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d'un politique est de croire qu'il suffise à un peuple d'entrer à main armée chez un peuple étranger pour lui faire adopter ses lois ; personne n'aime les missionnaires armés ». Il faut dire que, depuis 1789, dans les régions de langue française (Belgique, Suisse romande, Savoie, comté de Nice), certains appellent à l'aide. Ils souhaitent être annexés par la France pour se libérer. Comme la Prusse et l'Autriche menacent la France, l'Assemblée vote massivement en faveur de la guerre. Les patriotes veulent sauver leur Révolution et, pourquoi pas, l'exporter. Le 20 avril 1792, la guerre est déclarée. L'enthousiasme patriotique est immense, symbolisé par le succès de La Marseillaise. Pourtant, les premiers revers dévoilent la faiblesse de l'armée française. Toutefois, la situation se redresse et aboutit aux grands succès de l'automne 1792. Le 10 août, une insurrection provoque la chute de la monarchie. Elle est abolie le 21 septembre. La République est fondée au lendemain de la victoire de Valmy (20 septembre). Débute alors une guerre de conquête. La Convention proclame : « la nation française accorde fraternité et secours à tous les peuples qui voudront recouvrer la liberté. » En quelques mois, le drapeau tricolore flotte en Belgique, à Nice, en Savoie et jusqu'à Francfort, Spire ou Mayence. L'idée des frontières naturelles de la France s'impose : « [...] du côté du Rhin, du côté de l'Océan, du côté des Alpes. Là doivent finir les bornes de notre République » affirme Danton. En 1793, la France fait face à une coalition qui s'élargit, avec notamment le Royaume-Uni. Après de nouveaux revers, l'offensive reprend à l'automne 1793. Une levée en masse a été décrétée, un gouvernement de salut public est mis en place. En 1795, la victoire française est acquise, la rive gauche du Rhin et la Hollande sont occupées. Les régions annexées s'organisent, comme le reste de la République, en départements.

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