Loi sur l’enseignement primaire obligatoire
Une loi qui change l'école
Durant les années 1880, les Républicains, désormais majoritaires au Parlement, ont placé l’école au coeur de leur projet politique. Les deux lois évoquées sur cette affiche sont emblématiques de cette ambition. Après avoir rendu l’école primaire publique en 1881, Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique, impose par la loi du 28 mars 1882, l’obligation de l’instruction (et non de la scolarisation) pour tous les enfants de 6 à 13 ans. La même loi prévoit aussi la laïcisation des établissements et des programmes. L’enseignement de la morale religieuse est supprimée au profit d’une « instruction morale et civique ». Il s’agit d’affirmer la neutralité de l’Etat dans le domaine religieux et de séparer la sphère publique de la sphère privée dans laquelle la religion peut avoir sa place. A cet effet, un jour par semaine est réservé, en plus du dimanche, à l’enseignement éventuel du catéchisme que les établissements privés sont autorisés à dispenser.
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L’école au coeur du projet politique
SI l’oeuvre de scolarisation de la France était déjà bien engagée depuis la loi Guizot de 1833 et les réformes de Victor Duruy, ces lois ainsi que plusieurs autres montrent l’importance que les Républicains ont accordé à l’école. Convaincus que l’éducation permet l’introduction de leurs idées dans les régions de France les plus isolées, ils édifient une « République des instituteurs ». Cette politique illustre également la poursuite de la centralisation du pouvoir. Les écoles avaient jusqu’alors été essentiellement à la charge des communes. L’Etat républicain engage des dépenses considérables, uniformise le contenu et encadre par la loi le recrutement du personnel, ainsi que le contrôle de l’application de l’obligation d’instruction. Son bilan doit toutefois être nuancé, surtout concernant la fréquentation qui ne dépasse guère une moyenne de 8 mois par an. Le Doubs en est une parfaite illustration. Le département fait partie d’une France précocement alphabétisée et qui profite relativement peu des lois républicaines. En effet, si les inscriptions sont déjà presque systématiques, la fréquentation de l’école reste médiocre, surtout de mars à novembre, lorsque les enfants doivent garder les troupeaux. La laïcisation de l’école publique suscite évidemment la fuite de quelques uns vers le privé, mais celle-ci est plus limitée que la moyenne nationale.
Contexte
Les symboles de la République
La République triomphe
Le 2 septembre 1870 Napoléon III, battu par les Prussiens à Sedan, est fait prisonnier. Le 4, à Paris, la République est proclamée. Face au danger de restauration monarchique, la IIIe République s'impose en une dizaine d'années.
Les lois constitutionnelles de 1875 définissent un régime parlementaire : le suffrage universel masculin est affirmé et le président de la République sera élu par le Sénat et la chambre des députés.
Les républicains remportent les élections suivantes et en 1879, le républicain Jules Grévy est élu président de la République.
L’enracinement de la République
De 1879 à 1889 sont votées les lois fondatrices qui donnent à la France son identité républicaine. Elles sont complétées par des mesures symboliques.
La Marseillaise est l'hymne national de la France (loi de 1879).
Le 14 juillet devient la fête nationale (loi de 1880).
La IIIe République impose le drapeau tricolore.
Sa devise est Liberté, Egalité, Fraternité
En 1881 sont votées les lois de liberté de la presse et de réunion ; en 1884, sur la liberté syndicale.
Ministre de l'instruction publique Jules Ferry organise l'école primaire, gratuite, obligatoire et laïque pour tous les enfants de 6 à 13 ans, jusqu'au certificat d'études (lois de 1881-82).
En 1884, les maires sont désormais élus par les conseillers municipaux.
La mairie et l'école publique incarnent dans toutes les communes la présence de la République.
Des bustes de Marianne, qui représentent la France républicaine, sont installés dans les mairies. Les statues de la République et des grands hommes ornent les places et les fontaines publiques.
Ces symboles comme l'enseignement dispensé à l'école laïque ou la pratique des élections, contribuent à enraciner la République en France.
La culture républicaine s'oppose dans un premier temps à l'Église catholique. En France, l'identité républicaine est étroitement liée à la laïcité.
Les affrontements aboutissent en 1905 à la loi de séparation de l'Église et de l'État. En 1914, les opposants à la République ne sont plus qu'une minorité.