Lettre du préfet de la Haute-Saône Hippolyte Dieu
Hippolyte Dieu est préfet de Haute-Saône et il croit à l’importance du chemin de fer. Il décide donc par ce courrier officiel d’inviter tous les principaux industriels de la Haute-Saône à une réunion le 6 décembre 1852 à la mairie de Vesoul. On se rend compte de l’importance accordée à la création de nouvelles lignes de chemin de fer dès la seconde moitié du XIX ème siècle, en particulier celle qui doit relier Nancy à la ligne du Midi en passant par Epinal. Elle est primordiale pour l’écoulement des produits métallurgiques du département. Par ce courrier, le préfet sollicite le concours financier des principaux acteurs industriels de la Haute-Saône en leur montrant tout l’intérêt d’un tel projet pour le développement de leurs activités.
En savoir plus
En 1842, le réseau français couvre 590 kilomètres et en 1847 il s’étend sur 1930 kilomètres. En Franche Comté, il faut attendre le début du Second Empire pour voir arriver les premières lignes. Il est vrai que la Franche-Comté a la malchance d’être en 1851, partagée entre deux grandes compagnies, ancêtres des «réseaux» actuels, qui se répartissent le territoire français : la Compagnie de l’Est, appartenant aux Pereire, et celle de Paris- Lyon appartenant aux Rothschild. Le tronçon Dijon-Besançon est ouvert de Dijon à Dole le 25 juin 1855 et de Dole à Besançon le 7 avril 1856. L’État fixe le tracé des voies et prend à son compte les dépenses d’infrastructure : terrassement, ouvrages d’art… mais il concède l’exploitation des lignes à de grandes compagnies privées : Rothschild (Compagnie du Nord), les frères Pereire (Compagnie de l’Est et du Midi) ou Talbot et Schneider (PLM). Les investissements dans le rail sont énormes : ils sont financés aux deux tiers par les particuliers, l’autre tiers provenant de l’Etat soit en moyenne 435 millions de francs de l’époque par an entre 1855 et 1864. Dès 1860, toutes les grandes lignes sont en place et structurent un réseau qui s’étend jusqu’aux frontières avec Paris comme centre de gravité, renforçant le rôle politique et la puissance économique de la capitale.
Didier Roux, professeur d’histoire-géographie, détaché aux Archives de Haute-Saône.
Contexte
La révolution des transports accompagne l'essor de l'industrie depuis la fin du XVIIIe siècle. Le train naît du chemin de fer utilisé dans les mines anglaises. Le charbon est d'abord évacué dans des wagonnets tirés par des chevaux sur des rails de bois puis de fonte ou de fer. Le cheval de traie est ensuite remplacé par un treuil actionné par la machine-vapeur de Watt. Le système se modernise et le mouvement circulaire de cette machine est désormais transmis directement aux roues d'un chariot mobile circulant sur les rails. La première locomotive transporte 30 tonnes à 6 km/h. Le Français Seguin invente en 1827 la chaudière tubulaire. Sa locomotive « Rocket » transporte 20 tonnes de chargement à 45 km/h.Rapidement, dès 1830 en Angleterre, 1837 en France, des petites lignes pour voyageurs sont ouvertes : Liverpool-Manchester, Paris-Saint-Germain. Les entreprises privées investissent car le chemin de fer rapporte beaucoup d'argent. L'État intervient également lorsque l'initiative privée fait défaut. Le chemin de fer est un outil politique car il permet de structurer et d'unifier un territoire. Le succès est rapide : 23 000 km de voies ferrées en Europe en 1850 dont plus de 10 000 en Angleterre. La politique modernisatrice de Napoléon III entraîne un essor sans précédent du réseau de chemin de fer en France. De 3 000 km en 1852, on passe à 18 000 km vers 1870 ! Le coût du transport est 3 à 4 fois moins élevé que par la route. Il reste plus coûteux que la voie fluviale mais il permet de surmonter la contrainte du gel ou de la sécheresse. Il est bien plus rapide. Le train transforme l'économie et la société. Il accroît la mobilité des hommes. Il désenclave le marché du travail à l'échelle européenne. Les migrations sont facilitées. Le marché national est unifié. La rapidité des transports permet d'acheminer facilement des marchandises d'un territoire à une autre. Certaines régions se spécialisent : le Languedoc vend son vin dans toute la France.Complément(s)
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