Les aciéries de Champagnole
A l’origine, Emile Ramboz, fonde à Champagnole en 1911 une première usine, la Petite Aciérie, qui devient en 1913 La société des Forges et Aciéries du Jura. Emile Ramboz est l’inventeur d’un procédé de fabrication pour les aciers rapides, les « Rapides-Ramboz », à destination de l’usine belge Ougree Marihaye. Suite au rachat de la petite Aciérie de Champagnole, la Société Anonyme des Aciéries de Champagnole naît le 16 juin 1916, sous l’égide de Max Jaurès qui en devient le Président. Paul Faber, directeur général de la Fabrique Parisienne de Mèches Américaines et d’Outillage de Précision à La Courneuve, acquiert également cette fonction à Champagnole. Emile Ramboz conserve un tiers des parts de la société et occupe la fonction de conseiller technique. La Société de Champagnole va se spécialiser dans la production d’aciers rapides en barre, destinés à la production d’outillage et d’aciers spéciaux pour la construction mécanique, la fabrication de soupapes automobiles, l’aviation et l’armement. Le développement de son activité fera de cette société l’un des leaders sur le marché français et européen.
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L’usine suscite de vives inquiétudes environnementales dès son agrandissement en 1916. Voisin de l’usine, Victor Fauconnier s’inquiète des agrandissements de l’usine et des nuisances sonores. Un procès-verbal de gendarmerie constate cette requête, enregistre la déclaration de l’industriel Emile Ramboz et élargit l’enquête de voisinage. En 1936 et 1937, Gabriel Ripotot, propriétaire du Grand Hôtel de Champagnole, crée en 1875, multiplie les doléances auprès du Préfet : bruits, fumées, odeurs… concernant les Aciéries et les Usines de ciment Bouvet. Sa plainte du 27 mai 1937 est soutenue par une lettre du Syndicat d’initiative de Champagnole au Préfet, horrifié par la vue que les fumées offrent aux touristes (comme le montrent les photographies). L’inspecteur départemental d’hygiène, auteur d’un rapport à la suite d’une première plainte en 1936, revient à Champagnole en janvier 1938 pour constater les nuisances pointées par le syndicat d’initiative en mai 1937. Il suggère des solutions pour diminuer les nuisances occasionnées, comme l’installation possible d’un dépoussiéreur, mais conclut que les inconvénients tel que le bruit ne peuvent être supprimés sans signer l’arrêt de mort des usines. En mai 1937, Gabriel Ripotot répond avec humour à la suggestion de l’inspecteur départemental d’hygiène qui propose de planter un rideau d’arbres pour absorber le bruit et les fumées des usines Bouvet. Il prend acte du remplacement prochain des fours des Aciéries par des fours automatiques qui feront disparaître les fumées mais déplore toujours la persistance des nuisances sonores préjudiciables aux touristes de son hôtel.
Marie-Cécile Sattonnet, Enseignante-documentaliste missionnée en Service Educatif, Archives Départementales du Jura.
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