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Le recensement des ouvriers Polonais dans le Territoire de Belfort en 1909

Belfort | Territoire de Belfort | Archives départementales du Territoire de Belfort | 1909
Époque contemporaine | L'âge industriel | Société du XIX ème siècle à 1945

Le recensement des ouvriers Polonais dans le Territoire de Belfort en 1909
© Archives de Belfort, AD90, 7 M 123

Ce questionnaire est établi à la demande de la Préfecture du Territoire de Belfort pour dénombrer les ouvriers étrangers. Il fournit des informations très précises sur les modalités de recrutement et les emplois occupés par ces personnes. Il prouve l’existence de véritables filières de recrutement de main-d’œuvre à l’étranger en réponse à de nouveaux besoins, gracieusement ou en contrepartie de services non précisés dans cette enquête. Ces prestations sont dans ce cas précis offertes à la famille Viellard ; quarante Polonais sont ainsi employés dans le secteur de Grandvillars : les uns à la Tuilerie de Froidefontaine, les autres dans une ferme. Le dénommé Schlack, professeur d’agriculture à Altkirch en Alsace, sert gracieusement d’intermédiaire.

De nombreux polonais sont déjà présents dans le département. En 1831-1832, des milliers de réfugiés polonais fuyant la répression russe de l’insurrection de Varsovie arrivent en France. Le 21 avril 1832, une première loi sur les « étrangers réfugiés » est adoptée, permettant au gouvernement de diriger cette population vers les villes de son choix. En effet, en 1832, un ordre préfectoral pour l’accueil des réfugiés polonais arrive dans la commune de Châtenois les Forges.

En savoir plus

S’ils n’émigrent pas dans le Territoire de Belfort pour des raisons professionnelles, de nombreux étrangers viennent s’installer dans le département pour échapper aux persécutions politiques ou religieuses.

Les Polonais qui fuient leur patrie pour échapper à la répression des troupes russes après l’insurrection nationale de 1830 sont les premiers à être véritablement considérés comme des réfugiés politiques.

Après la révolution bolchevique de 1917, le département accueille une forte communauté russe refusant le nouveau régime. Pour ces exilés le passeport Nansen, du nom du Haut-Commissaire pour les réfugiés nommé par la Société des Nations, est mis en place, en 1922. Les entrées les plus nombreuses sont enregistrées entre 1924 et 1930. En 1926, un rapport de police fait état de 483 Russes vivant dans le Territoire de Belfort. La majorité des hommes travaille pour la Société alsacienne de constructions mécaniques. À partir de 1936, le déclenchement de la guerre civile en Espagne provoque une vague de migration en direction de la France. Une petite communauté espagnole est déjà présente dès le début du XX ème siècle dans le Territoire de Belfort. Il s’agit pour l’essentiel de migrants venus des Baléares, qui ont développé des commerces de fruits et légumes et des débits de boissons.  Peu de leurs compatriotes parviennent jusque dans le Territoire de Belfort car la loi leur interdit de s’installer dans les départements frontaliers. La situation change à l’approche de la Seconde Guerre mondiale. Le 1er juillet 1939, la 84 ème compagnie de travailleurs espagnols (250 hommes) est envoyée à Belfort et mise à la disposition du gouverneur militaire pour être employée à des travaux de défense de la place forte. D’autres réfugiés, dont des femmes, sont embauchés dans des fermes du département dès le mois d’août 1939. En 1940, les établissements Japy de Beaucourt recrutent également une dizaine d’Espagnols avec un contrat de travail d’un an. Dès leur arrivée dans le département, tous font l’objet d’une étroite surveillance de la police qui les suspecte d’activisme politique en cette période troublée de l’entrée en guerre.

Sandrine Bozzoli, professeure d’histoire-géographie.

Contexte

La IIIe République

La IIIe République s'installe avec difficulté. Les monarchistes restent puissants durant ses premières années.

Les lois constitutionnelles de 1875 définissent un régime parlementaire et précisent que le président de la République est élu par le Sénat et l'Assemblée nationale. En 1879, le républicain Jules Grévy est élu président de la République.

À partir de cette date, de 1879 à 1889, sont votées les lois fondatrices qui donnent à la France son identité républicaine. Elles sont complétées par des mesures symboliques.

La Marseillaise est l'hymne national de la France (loi de 1879). La IIIe République impose le drapeau tricolore. Sa devise est « Liberté, Egalité, Fraternité ». En 1881 sont votées les lois de liberté de la presse et de réunion ; en 1884, celle sur la liberté syndicale.

Ministre de l'instruction publique, Jules Ferry organise l'école primaire, gratuite, obligatoire et laïque pour tous les enfants de 6 à 13 ans, jusqu'au certificat d'études (lois de 1881-82).

La mairie et l'école publique incarnent dans toutes les communes la présence de la République. Des bustes de Marianne, qui représentent la France républicaine, sont installés dans les mairies. Les statues de la République et des grands hommes ornent les places et les fontaines publiques. Ces symboles, comme l'enseignement dispensé à l'école laïque et la pratique régulière des élections, contribuent à enraciner la République.

En France, l'identité républicaine est étroitement liée à la laïcité. La culture républicaine s'oppose dans un premier temps à l'Église catholique. Les affrontements aboutissent en 1905 à la Loi de séparation de l'Église et de l'État. En 1914, les opposants à la République ne sont plus qu'une minorité. Elle résiste à l'épreuve de la Première Guerre mondiale et en sort vainqueur.

La IIIe République est toutefois déstabilisée durant l’Entre-deux-guerres. La crise économique touche la France à partir des années 1930. Les échecs gouvernementaux suscitent un fort mécontentement et la montée des extrêmes.

Complément(s)

Autre(s) ressource(s)

Certificat d’identité Nansen d’Andronik Elpidinski, premier pope de la communauté russe de Belfort, 1926.

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