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Le chemin de fer clandestin aux Etats-Unis

Champagney | Haute-Saône | Maison de la Négritude et des droits de l’Homme | 1861
Époque contemporaine | L'âge industriel

© Le chemin de fer clandestin aux Etats-Unis, le Monde illustré, 3 août 1861. Collection Maison de la Négritude

Ces trois gravures présentent un réseau d’évasion spécifique aux esclaves du Sud des Etats-Unis appelé « Le chemin de fer clandestin » (en anglais, « Underground Railroad »). Les trois gravures évoquent trois aspects de ce parcours vers la liberté qui emprunte le vocabulaire du chemin de fer naissant au XIXème siècle. Il est composé par exemple de stations  et de conducteurs. La première montre des esclaves s’étant enfuis de leur habitation, c’est-à-dire du domaine agricole sur lequel où ils travaillent, généralement plantés en coton, à la faveur de la nuit. La seconde montre des esclaves tenant un conciliabule dans les marais. Leur immersion dans l’eau permet de tromper les chasseurs d’esclaves qui utilisent des chiens pour retrouver leurs traces. La troisième montre l’arrivée de ces esclaves au Fort Monroë. Ce fort militaire est en 1861 occupé par les soldats de l’Union (états du Nord, partisans de l’abolition de l’esclavage). Le fort situé sur en limite de  front devient un objectif pour les esclaves fugitifs en quête de liberté.

En savoir plus

Dès la mise en place de l’esclavage des Noirs et de la traite des esclaves, il y a eu des résistances de la part des esclaves. Elles se manifestaient dès la traversée sous forme de révoltes notamment d’où l’enchaînement des esclaves mâles .
Elles se poursuivaient dans les colonies sous diverses formes. Les esclaves importés d’Afrique ont par la diffusion de leurs pratiques culturelles et religieuses en direction des esclaves créoles, c’est-à-dire nés aux colonies, mis en place une résistance culturelle. Tous les esclaves n’ont pas participé à des formes actives de résistance du fait des châtiments qui leur étaient réservés pour toute forme de rébellion réelle ou supposée. Celles-ci pouvaient être individuelles (fuite appelée également marronnage, empoisonnement du bétail, refus pour les femmes de mettre au monde des esclaves, sabotage du travail…) ou collectives (révoltes).

Si les formes individuelles pouvaient être couronnées de succès, il n’en était pas de même pour les révoltes qui, le plus souvent, étaient noyées dans un bain de sang. La seule révolte victorieuse connue est celle de Saint-Domingue, alors colonie française (aujourd’hui Haïti) déclenchée le 23 août 1791 par les esclaves simultanément dans les habitations de la Plaine du Nord qui conduira à l’abolition de l’esclavage non seulement à Saint-Domingue mais dans l’ensemble des colonies françaises, le 4 février 1794. Il faut noter l’existence d’une forme particulière de résistance aux Etats-Unis avec le chemin de fer clandestin, réseau d’évasion bénéficiant de la complicité d’hommes et de femmes libres, noirs ou blancs.  L’existence du chemin de fer clandestin est bien antérieure à la guerre de Sécession, puisque ce réseau d’évasion à destination des Etats-américains abolitionnistes situés au-delà de la ligne Maxon-Dixon voire du  Canada, apparaît vers 1830. La Fugitive Slave Act de 1850 prévoyait la perte de liberté pour les Noirs même nés libres œuvrant à la libération des esclaves. Cette loi jugée indigne et liberticide par Hariett Beecher Stowe, femme et fille de pasteur, l’incita à écrire la Case de l’oncle Tom publiée tout d’abord en feuilleton dans un journal abolitionniste américain à partir de 1851 avant de devenir un véritable best-seller A son apogée, on estime que le chemin de fer clandestin aurait permis à 1000 esclaves maximum par an à retrouver la liberté.

Contexte

Au temps de la traite transatlantique 

Les traites sont un phénomène ancien car l'esclavage existe depuis l'Antiquité. La traite transatlantique se met en place au XVIe siècle et dure jusqu’au XIXe siècle. De 11 à 15 millions de captifs africains ont ainsi été déportés vers les colonies européennes d'Amérique ou vers l'Océan indien. Les esclaves noirs représentent une main-d'œuvre nombreuse et bon marché. Des navires européens quittent les ports négriers comme Nantes ou Liverpool. Ils s'arrêtent en Afrique de l'Ouest où ils échangent des esclaves contre des produits européens. Puis, c'est la traversée vers les colonies. De nombreux esclaves meurent durant ce voyage. Ceux qui arrivent sont vendus et travaillent principalement dans les plantations. Le Brésil et les Antilles sont les principales destinations des navires négriers. Ensuite, les bateaux reviennent en Europe chargés de produits coloniaux comme du coton, du café ou du sucre. On parle de commerce triangulaire. Le voyage total pouvait durer deux ans et demi.  

Le travail le plus épuisant est celui de la culture de la canne à sucre et il est rythmé par le fouet. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, avec le développement de l'économie de plantation, la traite connaît un essor important. Au XVIIIe siècle, des centaines de milliers d'esclaves travaillent dans les plantations. À la même époque, d’abord en Angleterre, un courant en faveur de l'abolition de l'esclavage se développe. 

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