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L’acte de rattachement de Montbéliard à la France

Montbéliard | Doubs | Archives municipales de Montbéliard | 1793
Époque contemporaine | Révolution française

L'acte de rattachement de Montbéliard à la France
© Ville de Montbéliard

Et Montbéliard devint française

Le pays de Montbéliard est la possession de princes allemands depuis 1397. En 1791, pendant la révolution, la République française l’annexe et l’intègre au département de la Haute-Saône, puis du Haut-Rhin et enfin du Doubs. C’est un grand bouleversement politique puisque toute l’administration de la ville est remodelée, avec la mise en place par exemple, d’un maire, d’un conseil municipal sur le modèle de la réorganisation administrative de la France décidée par le nouveau régime révolutionnaire. L’acte de rattachement affirme dans l’introduction des valeurs nouvelles : l’égalité et la souveraineté du peuple, nées de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. La principauté un second souffle dans l’intégration. Elle se libère du corset douanier établi sur ses frontières par la France et peut développer les échanges, elle découvre la fin des privilèges de l’ancien régime, notamment celui des règlements de métier : les corporations, et la liberté d’entreprendre favorise l’essor industriel de la région.

En savoir plus

Un temps de changement

A la fin du XVIIIe siècle, le pays de Montbéliard principauté de langue française mais possession allemande du prince de Wurtemberg est cernée par les deux provinces devenues françaises de Franche-Comté et d’Alsace. La région est un objet de convoitise pour le Royaume de France depuis Louis XIV qui souhaite réaliser « son pré carré » Depuis 1700, avec la perte des quatre terres ( Héricourt, Châtelot, Blamont, Clémont) la Principauté se réduit. La Révolution apporte alors le coup de grâce. Les notables locaux cultivés, sont sensibles aux idées nouvelles, et accueillent avec enthousiasme en 1793 l’arrivée de Bernard de Saintes, l’auteur du texte. Il est dépêché par la Convention avec une armée pour prendre possession de Montbéliard déjà abandonnée par son prince, réfugié à Stuttgart, et qui se donne pacifiquement. L’ardeur révolutionnaire locale est née également de la situation d’isolement du pays : même la route royale de Besançon à Strasbourg qui passe par Héricourt évite soigneusement Montbéliard. Cet enclavement d’ailleurs se matérialise par 56 postes de douanes qui entourent la principauté en 1780 et freinent considérablement les perspectives de développement commercial du pays. Le rattachement lui donne un second souffle avec la suppression du corset douanier, la mise en vente du patrimoine foncier des princes, l’affirmation du principe de la libre entreprise et la suppression des corporations ; les ambitions des entrepreneurs sont libérées et des familles comme Japy et Peugeot peuvent faire entrer la région dans l’ère de la révolution industrielle. Par contre, l’intégration à la République française marque une rupture administrative fondamentale : la principauté fait d’abord partie du département de la Haute-Saône, de celui du Mont-Terrible en 1797, puis du Haut-Rhin en 1800 et enfin du Doubs en 1816 et subit les vicissitudes révolutionnaires de la Terreur à l’Empire. Ses institutions sont totalement refondues, uniformisée au nom du principe révolutionnaire d’égalité des territoires, c’est la fin du particularisme local : les habitants devenus citoyens doivent venir déposer leurs lettres de privilèges, et autres titres.

Contexte

Gouverner à l'époque révolutionnaire

En 1792, Robespierre est bien seul à affirmer que « la plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d'un politique est de croire qu'il suffise à un peuple d'entrer à main armée chez un peuple étranger pour lui faire adopter ses lois ; personne n'aime les missionnaires armés ». Il faut dire que, depuis 1789, dans les régions de langue française (Belgique, Suisse romande, Savoie, comté de Nice), certains appellent à l'aide. Ils souhaitent être annexés par la France pour se libérer. Comme la Prusse et l'Autriche menacent la France, l'Assemblée vote massivement en faveur de la guerre. Les patriotes veulent sauver leur Révolution et, pourquoi pas, l'exporter. Le 20 avril 1792, la guerre est déclarée. L'enthousiasme patriotique est immense, symbolisé par le succès de La Marseillaise. Pourtant, les premiers revers dévoilent la faiblesse de l'armée française. Toutefois, la situation se redresse et aboutit aux grands succès de l'automne 1792. Le 10 août, une insurrection provoque la chute de la monarchie. Elle est abolie le 21 septembre. La République est fondée au lendemain de la victoire de Valmy (20 septembre). Débute alors une guerre de conquête. La Convention proclame : « la nation française accorde fraternité et secours à tous les peuples qui voudront recouvrer la liberté. » En quelques mois, le drapeau tricolore flotte en Belgique, à Nice, en Savoie et jusqu'à Francfort, Spire ou Mayence. L'idée des frontières naturelles de la France s'impose : « [...] du côté du Rhin, du côté de l'Océan, du côté des Alpes. Là doivent finir les bornes de notre République » affirme Danton. En 1793, la France fait face à une coalition qui s'élargit, avec notamment le Royaume-Uni. Après de nouveaux revers, l'offensive reprend à l'automne 1793. Une levée en masse a été décrétée, un gouvernement de salut public est mis en place. En 1795, la victoire française est acquise, la rive gauche du Rhin et la Hollande sont occupées. Les régions annexées s'organisent, comme le reste de la République, en départements.

Complément(s)

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La répression religieuse

La répression religieuse. Le culte chrétien est aboli et remplacé par le culte de la Raison qui est donné au temple Saint-Martin, rebaptisé Temple de la Raison. Les déesses de l’Abondance, de la Raison ou encore l’autel de la Patrie font leur entrée dans le quotidien des Montbéliardais peu enclins à abandonner leurs pratiques religieuses habituelles. Les rappels à l’ordre sont nombreux et particulièrement menaçants, tel cet avertissement du 24 messidor an V (12 juillet 1797).

© Ville de Montbéliard

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