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La villa Perrusson et son jardin

Ecuisses | Saône-et-Loire | 1869
Époque contemporaine | L'âge industriel

© Ecomusée Creusot Montceau / D. Busseuil

La Villa Perrusson, un catalogue pas comme les autres

Située entre le chemin de fer et le Canal du Centre reliant Digoin à Chalon-Sur-Saône, La villa a été construite entre 1869 et 1895, au cours de l’ascension sociale de la famille Perrusson. Ces anciens bateliers ont créé une usine de céramique près des gisements argileux et à proximité des transports fluviaux. Leur usine a été l’une des deux plus renommées de la Vallée de la Céramique.

Cette villa est constituée de deux pavillons qui ont été construits successivement pour servir de catalogue et présenter le fleuron de leur production de céramiques architecturale et ornementale et de statuaires. Au cœur d’un écrin de verdure, les clients, visiteurs et usagers de la voie ferrée, pouvaient admirer les multiples ornementations présentes sur les façades : balustrades, médaillons, frises, faitages, mitres ou encore lanternon. Complétée par une orangerie art-nouveau, la Villa Perrusson constitue une vitrine qui témoigne de l’aventure industrielle de la céramique en Bourgogne.

En savoir plus

La Villa Perrusson, témoin de l’histoire d’une famille au cœur de l’ère industrielle

A la fin du XVIIIe siècle, le Canal du Centre est percé et met au jour des gisements argileux qui vont conduire à la création d’une quarantaine d’usines de produits céramiques. C’est ainsi que la Vallée du Canal prend le nom de Vallée de la Céramique. Les Perrusson sont, à l’origine, des bateliers de Saône-et-Loire, qui ont fondé leur entreprise de voiturage sur l’eau en 1830, avec laquelle ils transportaient des marchandises pour des entreprises locales (Schneider, la Compagnie des Mines de Blanzy, la Grand Tuilerie de Montchanin). En 1860, Jean-Marie Perrusson crée une briqueterie puis une tuilerie en 1862. La production a ensuite été diversifiée, notamment par la production de carreaux de pavements ou de statuaires. Dès lors, l’essor de l’entreprise Perrusson est rapide. En 1869, ils initient la construction d’une villa aux abords de l’usine. Cette nouvelle demeure patronale présente les signes du pouvoir (orangerie, écuries, jardin d’agrément, glacière) et servira de vitrine pour les produits fabriqués. De 1892 à 1895, en prolongement du bâtiment initial, le pavillon Desfontaines est ajouté, du nom du gendre de J.M. Perrusson. Cette extension est plus flamboyante grâce aux mélanges de formes et matériaux. Cette méthode marketing a nécessité l’emploi de nombreux produits de céramiques, telles que les tuiles plates émaillées et le Lanternon (référence au Kiosque Perrusson qui a obtenu la médaille d’or à l’exposition universelle de Paris de 1889). Le jardin d’agrément qui entoure la Villa a été conçu pour mettre en valeur l’édifice. Il contient de nombreuses essences anciennes (chênes, érables, tulipier de Virginie …) et plus de 2500 buis. Un large bassin constitue un miroir d’eau dans lequel se reflète la villa. La Villa Perrusson et son jardin témoignent donc de l’importance de l’histoire industrielle céramique, souvent éclipsée par celle de l’industrie métallurgique ou charbonnière. Ce site illustre un domaine économique et un savoir-faire du XIXe siècle.

Séverine Ciron, professeure détachée à l’Ecomusée du Creusot.

Contexte

Au XVIIIe siècle en Angleterre, la population augmente. Les besoins en produits fabriqués s'accroissent. Pour répondre à la demande grandissante de cotonnades indiennes, des artisans anglais perfectionnent les machines à filer et les métiers à tisser. La production textile est mécanisée. Les progrès sont extraordinaires : en 1800, un ouvrier dans un atelier de filature file autant avec la nouvelle mule-jenny que 400 personnes avec les anciens rouets ! Dans les années 1760, l'ingénieur écossais James Watt améliore la machine à vapeur. Elle devient un puissant moteur, d'une force bien supérieure à l'homme ou l'animal pour actionner les machines. L'industrie l'adopte rapidement. À partir de 1785, les mules-jennies sont actionnées par la force-vapeur. Une série d'inventions multiplie les nouvelles machines. Les besoins en matériaux et en énergie entraînent l'essor de la sidérurgie et des industries minières. Le textile poursuit son bond en avant. Les usines s'installent dans les régions où les minerais sont extraits, en Angleterre, en France et en Allemagne. Naît ainsi la grande industrie. Elle concentre dans les usines une main-d'œuvre ouvrière qui travaille au rythme des machines. C'est l'ère du machinisme. Certaines usines regroupent des milliers d'ouvriers comme les forges des Schneider au Creusot. Les paysages du Nord-Est de la France, du Massif central ou de la Ruhr en Allemagne se transforment. Ces régions industrielles voient se multiplier les hauts-fourneaux de la sidérurgie, les terrils et chevalement des mines, les grandes cheminées des usines. Ces bouleversements sont désignés par l'expression « révolution industrielle ». Désormais, des historiens préfèrent parler d'industrialisation. Ils insistent sur la lenteur des progrès. Jusqu'en 1850, l'essentiel de la force motrice est toujours fourni par chevaux et moulins ! L'organisation traditionnelle du travail et l'artisanat cohabitent avec les formes modernes de l'industrie durant tout le XIXe siècle.

Complément(s)

Image(s)

Villa Perrusson, pavillon Desfontaines vue des toits et du lanternon © Ecomusée Creusot Montceau / D. Busseuil

Villa Perrusson : Façade Est du Pavillon Desfontaines : détail central du décor céramique Est de l’oriel © Ecomusée Creusot Montceau / D. Busseuil

 

Site(s)

Le site de la villa Perrusson :

https://www.villaperrusson.fr/

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