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La porte d’accès de la Saline

Arc-et-Senans | Doubs | 1779
Époque moderne | Le temps des rois

La porte d'accès de la Saline
© Saline royale d'Arc-et-Senans

Une porte en forme de grotte

L’entrée de la saline s’élève dans l’axe exact de la nouvelle route tracée en ligne droite depuis le pont de la Loue, et perpendiculairement au chemin qui relie Arc-et-Senans. Cette porte monumentale – étonnante pour une usine – constitue le seul accès à la manufacture pour les 250 personnes, artisans et ouvriers qui en composent le personnel. L’avant-corps du pavillon d’entrée est formé d’un portique composé de huit colonnes doriques et d’un porche, imitation de grotte, « antre sorti de la terre » selon Ledoux. L’audace de l’architecte est d’avoir allié un élément naturel au bâtiment industriel.
La grotte, qui occupe le centre du pavillon d’entrée, est constituée de gros blocs de pierre brute. À l’allusion évidente aux roches souterraines d’où l’on extrait le sel, s’ajoute sans doute la référence aux premiers bâtisseurs. Au-dessus de la porte apparaît un médaillon, aujourd’hui vide : il était à l’origine peint en bleu et décoré de fleurs de lys, symboles du pouvoir royal.
Le bâtiment d’entrée possède une fonction très importante de surveillance.

En savoir plus

Un porche rococo

Le porche s’inscrit dans un contexte marqué par le style rococo de l’époque Louis XV, où dominent les motifs de grottes et de rocailles. Deux urnes sculptées en haut-relief ornent l’intérieur de la grotte d’où jaillit de la saumure cristallisée. Ce motif ornemental symbolise la destination de la manufacture. Il aurait été inspiré à Ledoux par des gravures de la Renaissance où il apparaît pour désigner les salines. On le re également à l’intérieur de l’enceinte sur les murs des bâtiments, à l’exception de ceux qui étaient réservés à la direction et au pouvoir administratif.
L’entrée possède un caractère assez austère. La découverte récente des temples de Paestum près de Naples inspire ce choix à Ledoux, pour mieux signifier l’autorité d’un bâtiment officiel. La surveillance est très stricte puisque même les agents de la Ferme générale doivent avoir une autorisation écrite pour pénétrer dans la saline. Ce bâtiment est composé de deux chambres de gardes et de loges de concierges, d’une prison avec deux cachots et de la loge de l’aumônier.

Contexte

Le rôle économique de l'État dans la France des XVIIe et XVIIIe siècles

Avec le renforcement de la monarchie absolue, l'État intervient dans la vie économique. Colbert, le ministre de Louis XIV, prône le mercantilisme. Il est convaincu que la puissance d'un État vient de la quantité d'or et d'argent qu'il possède. Il veut donc augmenter les exportations françaises et limiter les importations trop coûteuses. Il prend des mesures permettant l'essor des productions nationales et crée deux types de manufactures :

- les manufactures du roi, des ateliers d'État, comme les Gobelins ;

- les manufactures royales, entreprises privées aidées par l'État, ayant souvent le monopole de fabrication et de vente.

Ainsi, notamment dans le domaine du luxe, les productions se développent : soieries à Saint-Maur-des-Fossés, verrerie de Saint-Gobain, dentelles d'Alençon et de Reims, tapisseries de Beauvais... Même si le commerce intérieur n'apporte pas de richesses supplémentaires, Colbert s'efforce également de faciliter la circulation des marchandises de province à province.

Cette politique économique, qui marque durablement la France, s'appelle le colbertisme. Pour Colbert, l'autorité de l'État dans l'économie va de pair avec le régime des corporations qu’il renforce. Les corporations définissent les règles de travail et de production de manière très stricte. Apprentis et compagnons sont encadrés par des maîtres. En 1673, un édit impose à tous les artisans de faire partie d'une jurande.

Sur les chantiers, dans les manufactures, manœuvres et ouvriers salariés, peu ou pas qualifiés, travaillent dans des conditions souvent très difficiles et n'ont pas le droit de s'opposer aux maîtres, patrons ou directeurs.

Au Siècle des lumières, cette situation évolue peu. Profitant des savoir-faire accumulés en Occident depuis plusieurs siècles, la production atteint un haut degré de technicité, comme le montrent les planches de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Mais déjà, profitant de la révolution scientifique du XVIIe siècle et appliquant les principes découverts en physique, Thomas Newcomen (en 1732) et James Watt (en 1780) inventent et perfectionnent la machine à vapeur au Royaume-Uni. La révolution industrielle se profile à l'horizon du siècle finissant.

Complément(s)

Document(s)

L’état de la saline royale d’Arc-et-Senans en 1810

Ce texte décrit l’état de la saline royale d’Arc-et-Senans au début du XIXe siècle.

Visualiser

Vidéo(s)

Saline d’Arc-et-Senans : l’oeuvre

Épisode 5 de la série de 12 films de 1 min 40 : Ledoux, architecte du regard.
Usine à sel, la saline d’Arc-et-Senans est aussi une œuvre architecturale, pour laquelle Ledoux a inventé une esthétique nouvelle, opérant à l’échelle de bâtiments de grande taille. Symbole de la puissance royale, la maison du directeur occupe le centre d’un parfait demi-cercle.

Site(s)

Lien vers les Salines de Salins-les-Bains

Pour découvrir l’autre saline de Franche-Comté désormais reconnue également au patrimoine mondial de l’Unesco.

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