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La pompe hydraulique

Salins-les-Bains | Jura | 1848
Époque contemporaineÉpoque moderneMoyen Âge | L'âge industriel

© La Grande Saline

A la Grande Saline de Salins-les-Bains, le puisage de l’eau salée puis son transport vers le bâtiment de chauffe, nécessite un matériel qui va muter au fil des siècles avec l’évolution des technologies et la possibilité de puiser l’eau toujours plus profondément, permettant une augmentation de la salinité et donc de la rentabilité. Au VIIIe siècle l’eau est puisée à l’aide de perches à balancier munies de seaux, un contrepoids aidant au levage (force humaine). Au XIIIe, un système plus élaboré, la noria, permet de remonter la muire (= eau salée). Elle est mue par des chevaux. En 1631, 22 chevaux sont nécessaires pour actionner les mécanismes qui fonctionnent jour et nuit. Chaque roue nécessite trois chevaux, ceux-ci étant remplacés toutes les deux heures.  Les chevaux comtois sont réputés pour leur robustesse. Leur coût est élevé et ils sont soignés avec beaucoup d’attention. Au XVIIIe les norias sont remplacées par des pompes hydrauliques, actionnées par l’eau de la rivière, la Furieuse. Ces mécanismes sont modernisés au XIXe siècle suite à la réalisation de sondages permettant de puiser l’eau salée directement au niveau du banc de sel.

En savoir plus

C’est en 1750 que le charpentier Vincent Bébian propose de dériver une partie des eaux de la Furieuse afin de l’utiliser comme moteur pour faire tourner des roues. L’eau est ensuite évacuée par le canal des eaux douces, le canal Cicon, utilisé jusque-là pour rejeter les sources d’eau douce à la rivière. Sa capacité est suffisante pour accueillir ce surplus d’eau. Une écluse, des vannes et des canaux sont construits et installés sur la Furieuse.  L’eau dérivée alimente des roues à augets, par le dessus. Les roues tournent grâce au poids de l’eau.

Des planches détaillées, datées de 1756 et 1761, permettent de comprendre le mécanisme mis en place dans le puits d’Amont (une partie du système visible aujourd’hui). Le mouvement rotatif de la roue est transformé en un mouvement rectiligne alternatif horizontal, par l’intermédiaire d’une bielle-manivelle. La bielle entraîne un balancier qui actionne plusieurs pistons. En 1791, dans les deux salines de Salins, quatre roues de 4m80 à 6m60, actionnent dix pompes aspirantes qui élèvent les eaux, douces ou salées. Les eaux douces sont évacuées à la rivière pour ne pas diluer les eaux salées. Ces dernières sont envoyées dans les bâtiments d’évaporation afin d’en cristalliser le sel. L’avènement de la géologie et la découverte du sel gemme en profondeur induisent une modernisation des installations souterraines entre 1820 et 1850.

Deux types d’exploitation existent alors : l’abattage de blocs de sel dans des galeries de mine ou la réalisation de forage de profondeur pour atteindre l’eau salée en contact avec le sel gemme. Cette dernière option est retenue, car l’eau de pluie qui s’infiltre dans le sous-sol empêche l’exploitation minière du sel en Franche-Comté. En 1848, une fois le forage réalisé au puits d’Amont, le mécanisme hydraulique existant est agrandi pour pomper à 246m de profondeur, une eau salée très proche de la saturation avec une concentration d’environ 330g/L.  Témoignage d’un savoir-faire ancestral, cet ouvrage technique, encore en action, a contribué à l’inscription de la Grande Saline au patrimoine mondial de l’Unesco. Lors des visites, le rythme calme et envoutant de la roue entrainée par l’eau, met en mouvement ce balancier long de 32 m qui actionne la pompe de la Grande Saline.

Contexte

Au XVIIIe siècle en Angleterre, la population augmente. Les besoins en produits fabriqués s'accroissent. Pour répondre à la demande grandissante de cotonnades indiennes, des artisans anglais perfectionnent les machines à filer et les métiers à tisser. La production textile est mécanisée. Les progrès sont extraordinaires : en 1800, un ouvrier dans un atelier de filature file autant avec la nouvelle mule-jenny que 400 personnes avec les anciens rouets ! Dans les années 1760, l'ingénieur écossais James Watt améliore la machine à vapeur. Elle devient un puissant moteur, d'une force bien supérieure à l'homme ou l'animal pour actionner les machines. L'industrie l'adopte rapidement. À partir de 1785, les mules-jennies sont actionnées par la force-vapeur. Une série d'inventions multiplie les nouvelles machines. Les besoins en matériaux et en énergie entraînent l'essor de la sidérurgie et des industries minières. Le textile poursuit son bond en avant. Les usines s'installent dans les régions où les minerais sont extraits, en Angleterre, en France et en Allemagne. Naît ainsi la grande industrie. Elle concentre dans les usines une main-d'œuvre ouvrière qui travaille au rythme des machines. C'est l'ère du machinisme. Certaines usines regroupent des milliers d'ouvriers comme les forges des Schneider au Creusot. Les paysages du Nord-Est de la France, du Massif central ou de la Ruhr en Allemagne se transforment. Ces régions industrielles voient se multiplier les hauts-fourneaux de la sidérurgie, les terrils et chevalement des mines, les grandes cheminées des usines. Ces bouleversements sont désignés par l'expression « révolution industrielle ». Désormais, des historiens préfèrent parler d'industrialisation. Ils insistent sur la lenteur des progrès. Jusqu'en 1850, l'essentiel de la force motrice est toujours fourni par chevaux et moulins ! L'organisation traditionnelle du travail et l'artisanat cohabitent avec les formes modernes de l'industrie durant tout le XIXe siècle.

Complément(s)

Image(s)

Schéma de la pompe profonde

 

 

 

 

 

   La pompe hydraulique du XIXème siècle

 

 

 

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