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La Lucie

Besançon | Doubs | Musée du Temps | 1904
Époque contemporaine | L'âge industriel | Société du XIX ème siècle à 1945

La Lucie

Une pièce unique

Le collectionneur portugais Carvalho Monteiro passe commande à la maison Leroy d’une montre qui réunirait tout ce que la science et la mécanique pourraient réaliser à ce jour sous un volume portatif. Elle est présentée dans un coffret en ébène et bronze. Son boîtier est moulé et ciselé dans l’or massif et enrichi de perles fines.
La Leroy 01, sort des ateliers bisontins Leroy du Square Saint-Amour en 1904. C’est une pièce unique qui comporte selon le mode de décompte entre 20 et 25 complications à partir d’une ébauche achetée en Suisse.
On appelle « complications » toutes les fonctions horlogères autres que le simple affichage de l’heure, de la minute et de la seconde. En 1900, elle est appelée la montre la plus compliquée du monde et le restera jusqu’en 1989.
Elle reste dans la famille Carvalho jusqu’en 1953, puis les héritiers de Carvalho mettent la montre en vente. Évocatrice du passé horloger prestigieux de la ville, la Lucie n’a toutefois pas été remise en marche.

En savoir plus

Une montre à tout faire

Les montres à complications constituent un univers foisonnant, dans lequel des générations d’artisans ont démontré toute la mesure de leur inventivité et de leur créativité. Lors de l’Exposition Universelle de 1900, les pavillons “Industries diverses” situées sur l’esplanade des Invalides abritaient la présentation de l’horlogerie. Bien qu’inachevée, la Lucie est exposée et remporte le Grand Prix.
A Besançon, on l’appelle la Lucie, du prénom de la conservatrice du musée qui la fait entrer dans les collections de la ville en 1956.
Prises individuellement, les complications de la Lucie sont connues à l’époque. Seul le module astronomique, qui montre les ciels de trois villes, est une nouveauté élaborée pour la circonstance. Ce qui en fait une pièce unique c’est que pour la première fois, ces complications sont rassemblées dans une seule montre. Un horloger fait le pari d’organiser dans le creux d’une seule boîte les 975 pièces nécessaires en établissant les liaisons entre ces dispositifs complexes.
Les vingt-quatre informations autres que l’heure, la minute ou la seconde peuvent être classées en quatre familles :
– Les fonctions informant sur le temps, le calendrier, les données astronomiques :
L’heure dans cent vingt-cinq villes du monde, le jour, la date, le mois, l’année, le millésime, les phases de la lune, les saisons avec l’équinoxe et le solstice, l’état du ciel dans les deux hémisphères avec un ciel pour Paris (236 étoiles), Lisbonne (560 étoiles) et Rio de Janeiro (611 étoiles).
– Les fonctions liées au mécanisme : régler l’avance-retard sans ouvrir la boite, surveiller l’état du ressort.
– Les fonctions horlogères : les sonneries (grande sonnerie, répétition de sonnerie), le chronographe, le compteur de minutes et le compteur d’heures avec remise à zéro possible.
– Les fonctions annexes, non-horlogères comme le baromètre, le thermomètre, l’hygromètre, l’altimètre, la boussole.

En 1989, la maison suisse Pateck Philippe construit une montre comportant 32 complications, dépassant ainsi le record jusque là inégalé de la Lucie.

Contexte

L’horlogerie vers 1900

Depuis deux siècles, Besançon est la « cité du temps » grâce à ses savoirs techniques et à sa recherche fondamentale.

À la fin du XVIIIe siècle, l'industrie horlogère suisse est frappée par le chômage. Ses horlogers viennent alors en France s’installer à Besançon.

La France encourage ce mouvement d'immigration par un décret qui fonde en 1793 la Manufacture française d'horlogerie de Besançon. La colonie suisse met près d'un siècle à s'enraciner. C'est seulement vers 1860 que l'on peut considérer la greffe comme réussie. En 1872, la production atteint 400 000 montres et quelques années plus tard, on estime que la ville fournit plus de 90 % des montres françaises ! L'industrie horlogère bisontine s'impose dans les expositions universelles de la fin du siècle.

L'École d'horlogerie est fondée en 1860. Elle est reconnue comme nationale à partir de 1891.

Créé en 1882, l'Observatoire de Besançon a pour vocation première de donner l'heure juste : l'heure s'affichait à l'Hôtel de ville, les horlogers de la région venaient la prendre le matin. Besançon devient alors la capitale de l'horlogerie française. À la fin du XIXe siècle, la recherche universitaire va à la rencontre des techniciens horlogers. La vocation scientifique et technique de Besançon en matière de mesure du temps se fonde solidement sur ses bases horlogères.

Besançon à la fin du XIXe siècle est devenue la ville de l'horlogerie. On trouve même un journal bimensuel qui traite de l'industrie horlogère. Après une période de crise vers 1893, l'activité reprend en 1900. Le maire de Besançon s'appelle alors Claudius Gondy et… il est horloger !

Complément(s)

Image(s)

Une affiche touristique pour Besançon

Une affiche touristique pour Besançon. Cette affiche touristique qui date du début du XX e siècle met en valeur les points forts de la ville dont le thermalisme et l’horlogerie.

Une affiche publicitaire pour un horloger

Une affiche publicitaire pour un horloger. Découvrez cette affiche publicitaire pour Alexandre Haldy et compagnie, horloger à Besançon. Elle est issue d’un catalogue de la fin du XIXe siècle.

Document(s)

Le roi, l’empereur et la pendule

Dossier de présentation de l’exposition qui était consacrée à 50 chefs-d’oeuvre du XIX ème siècle.

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Site(s)

Lien vers le musée du Temps

Pour tout comprendre sur la mesure du temps et son évolution à travers les siècles.

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