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La loi de 1905 à Gouhenans

Gouhenans | Haute-Saône | Archives de Haute-Saône | Bibliothèque d'étude et de conservation | 1905
Époque contemporaine | République et vie politique XIXe-XXe siècles

© Archives départementales de Haute-Saône

La loi de 1905 est mal accueillie par les Catholiques qui refusent de former les associations cultuelles prévues et s’opposent aux inventaires destinés à distinguer les biens publics des biens des églises. En Haute-Saône l’application de la loi fait l’objet de nombreuses querelles entre les autorités communales et les prêtres desservants comme par exemple celle concernant l’église de Gouhenans dans le canton de Lure. En effet, le maire de la commune interdit l’accès au clocher au prêtre de la paroisse prétextant de la vétusté de celui-ci. Il oblige le curé et les sonneurs à venir chercher les clés à la mairie à chaque fois que ceux-ci seraient dans l’obligation d’accéder au dernier étage du clocher. Le prêtre décide alors d’attaquer l’élu devant le Conseil d’Etat pour abus de pouvoir. Finalement le Conseil d’Etat donnera raison au maire qui n’a fait que respecter la loi en interdisant l’accès au dernier étage du clocher mais en gardant l’accès libre au rez-de-chaussée et au premier étage de l’édifice.

En savoir plus

Lorsque l’on évoque la loi de séparation des Eglises et de l’Etat on a tendance à mettre au singulier le mot Eglise. En effet, cette loi vise à l’époque à réduire l’influence de l’Eglise catholique dans la société française. Les Protestants et les Juifs acceptent  plus facilement ces nouvelles dispositions malgré leur crainte de perdre leur statut de culte reconnu. En revanche pour les catholiques cette loi est un drame. Elle est le signe du retour à la déchristianisation révolutionnaire et à la fin de 1400 ans d’alliance étroite entre la France et l’Eglise. La loi de 1905 est l’aboutissement d’un processus conduit depuis l’arrivée au pouvoir des Républicains en 1879. Le Concordat de 1801 déclare déjà le catholicisme comme la « religion de la grande majorité des Français ». La coexistence des croyances, la reconnaissance de l’athéisme et de l’anticléricalisme et la laïcisation progressive de la société préparent les esprits. Sous la Restauration et la monarchie de Juillet, certains souhaitent déjà une loi qui pourrait libérer l’Eglise. A l’inverse, les anticléricaux comme Léon Gambetta redoutent une telle loi par peur de perdre le contrôle d’une Eglise encore puissante. Emile Combes, président du conseil de 1902 à 1905, va concevoir cette loi comme une arme contre l’Eglise, mais après sa chute en janvier 1905, elle sera plutôt conçue comme une loi de conciliation par ses rédacteurs comme Louis Méjean le dernier directeur des cultes et Aristide Briand, alors député qui en sera le rapporteur devant les chambres.

Didier Roux, professeur d’histoire-géographie, détaché aux Archives départementales de Haute-Saône.

Contexte

Croire et prier : le catholicisme en France, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle 

L'industrialisation et l'urbanisation au XIXe siècle bouleversent la société traditionnelle. Dans le monde ouvrier notamment, on assiste à un recul de la pratique religieuse. 

Pourtant, elle ne disparaît pas. Le catholicisme reste fortement ancré dans la France rurale. Le XIXe siècle est même marqué par un regain de ferveur religieuse. Le culte de la Vierge se manifeste par des « apparitions » comme à Lourdes. Le train rend possible les grands pèlerinages qui connaissent un réel engouement. 

L'Église reste très présente dans les œuvres d'assistance et dans l'enseignement. De nombreuses congrégations religieuses sont fondées pour ces actions sociales ou pour accompagner les missions. 

L'essor des sciences remet en cause la vision religieuse du monde. L'Église catholique est sur la défensive. Le pape Pie IX condamne en 1864 dans les 80 articles d'un syllabus les «erreurs» du monde moderne : le rationalisme, le libéralisme, le socialisme, la liberté de conscience, la laïcité, etc. Les traditionalistes se font les fervents défenseurs de la foi traditionnelle. 

L'Église multiplie en France les missions qui installent dans le paysage de nombreux calvaires et des statues de la Vierge. À la fin du XIXe siècle, ces sculptures se dressent dans les villages face aux statues de la République. 

L'opinion catholique est dans sa majorité hostile à la République laïque et son école « sans Dieu ». Pour les anticléricaux, l'influence de l'Église est encore trop forte. Les affrontements ne sont pas rares entre « calotins » et « républicains ». À la fin du XIXe siècle, le cardinal Lavigerie demande aux catholiques de se rallier à la République. Les troubles lors de la loi de séparation de l'Église et de l'État en 1905 montrent cependant que les relations restent difficiles. Il faut véritablement attendre la Première Guerre mondiale pour que catholiques et républicains se retrouvent dans un même élan de défense de la Patrie. 

Complément(s)

Autre(s) ressource(s)

L’affaire vue par la presse locale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Site(s)

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