La Libération de la Haute-Saône
Michel Larcher (1922-2011) est photographe à Vesoul en 1944. Il combat dans le maquis de Theuley-les-Lavoncourt puis s’engage comme de nombreux résistants dans l’armée française pour la durée du conflit jusqu’en 1945. Il photographie ensuite toutes les étapes de la marche de la 2ème DB jusqu’à Berlin. Peu de photographies témoignent de l’intensité des combats en Haute-Saône. Ce cliché montre néanmoins les derniers combats du transmarchement qui désignait un des quartiers de Vesoul juste avant la libération de Vesoul le 12 septembre 1944 avec l’arrivée des premiers chars américains dans la ville.
La famille Larcher tenait un studio de photographies au 47 avenue Carnot (actuelle rue Paul Morel) jusqu’aux années 80. Les photos ont été données par Michel Larcher aux archives départementales dans les années 90, avec environ 600 épreuves qui ne sont qu’une infime partie des photos conservées au studio Larcher lors de sa fermeture définitive en 1988 .L’essentiel de la collection a été transmise au studio Bernard son successeur, ainsi qu’à des donataires privés. Les tirages en noir et blanc compris entre 9X13 et 18X24 constituent un témoignage iconographique très important sur la fin de la guerre en Haute-Saône.
En savoir plus
La libération du département de la Haute-Saône s’étend sur une période de 83 jours du 8 septembre 1944 au 29 novembre 1944. Trois divisions américaines et deux corps d’armée française qui deviendront la première Armée française affrontent des éléments de la 19ème Armée allemande. Les forces franco-américaines ont débarqué dans le Sud de la France le 15 août 1944 puis ont remonté la vallée du Rhône. Dès le 17 août 1944, Hitler a donné l’ordre de repli à toutes les unités stationnées à l’Ouest du Rhône afin qu’elles gagnent au plus vite la trouée de Belfort. Les unités allemandes battent en retraite, mais pour échapper à la capture elles mènent des offensives retardatrices. Le 7 septembre 1944, la 3ème division US aborde Besançon. Le lendemain elle franchit l’Ognon et arrive en Haute-Saône. Deux autres divisions progressent en direction de Port-sur-Saône et Villersexel. le deuxième corps d’armée B ( français) se dirige le long de la ligne langres-Jussey-Epinal.
Le 12 septembre 1944 Vesoul est libérée presque sans combat : l’ordre républicain est alors rétabli par le Préfet-résistant Jean Thomassin. Plus au Sud, les troupes américaines avancent en direction de Combeaufontaine. Le 13 septembre, le PC de la 1ère DB s’installe à Champlitte mais le manque de carburant ralenti le rythme de la bataille. Le 14 septembre, les français font leur jonction avec les Américains à Jussey et à Port-sur-Saône. Le même jour Lure et Luxeuil-les-Bains sont libérées. Au total, les deux tiers du département seront libérées en une dizaine de jours. Cependant, vers le 20 septembre, les Allemands accentuent leur résistance à proximité de la trouée de Belfort et la pression allemande se fait à nouveau ressentir sur la population. Le 27 septembre 1944, 39 habitants d’Etobon sont passés par les armes. Finalement la libération n’est effective que le 29 novembre et le bilan matériel est très lourd. Les pouvoirs publics procèdent à l’épuration en internant 130 personnes au camp d’Andelarre près de Vesoul.
Didier ROUX, professeur d’histoire-géographie, détaché aux Archives départementales de Vesoul.
Contexte
La Libération
La France libre, organisée par le général de Gaulle, combat aux côtés des Alliés depuis l’été 1940. Elle prend part en 1943-1944 à la libération de l'Europe.
Ainsi, les Forces Françaises Libres (FFL) participent en novembre 1942 au débarquement en Afrique du Nord, le 6 juin 1944 à celui de Normandie et enfin à celui de Provence le 15 août 1944. Leurs troupes sont en partie composées de soldats des colonies d'Afrique.
Parallèlement, en 1942, Jean Moulin, envoyé du général de Gaulle, assure le lien entre la Résistance extérieure de la France libre et la Résistance intérieure, parfois avec difficulté. La Résistance intérieure accepte finalement l'autorité du général. Les mouvements de Résistance sont unifiés au sein du CNR, le Conseil National de la Résistance. En plus de l'organisation de la Libération, son programme prépare les grandes réformes de la France de l'après-guerre.
En novembre 1943, de Gaulle préside le Comité français de libération nationale qui se transforme le 2 juin 1944 en Gouvernement provisoire de la République française.
Les FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) et les FTP (Francs-Tireurs et Partisans) aident par leurs sabotages et leurs renseignements l'offensive des Alliés. Ils freinent l'armée allemande et désorganisent ses opérations.
Les résistants libèrent certaines régions comme le Sud-Ouest, les Alpes ou le Jura. L'armée allemande réagit avec une violence extrême. Elle se livre à de terribles exactions comme à Oradour-sur-Glane, dans la Haute-Vienne, où une division SS abat ou brûle vifs 642 villageois et réfugiés, dont 240 femmes et enfants.
C'est la Résistance intérieure qui organise en août 1944 la libération de Paris, qui n'était pas prévue par les Alliés. L'opération se déroule en relation avec la deuxième division blindée du général Leclerc, qui se dirige en toute hâte vers la capitale. Le 26 août 1944, le général de Gaulle défile dans Paris libéré. Il descend les Champs-Élysées en triomphateur. Personne ne conteste son autorité.
Des poches de résistance allemande subsistent jusqu'au printemps 1945 où la totalité du territoire est enfin libérée.
Complément(s)
Site(s)
Le site des archives de Haute-Saône