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La Déploration sur le Christ mort

Besançon | Doubs | Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie | 1545
Époque moderne | Le temps des rois

© Musée des beaux arts et d'archéologie de Besançon

Ce tableau a été commandé par le duc de Florence, Cosme de Médicis, pour décorer la chapelle de sa femme Éléonore de Tolède dans le palais de la Seigneurie (Palazzo Vecchio). Mais Cosme offre en 1545 cette œuvre à Nicolas Perrenot de Granvelle pour le remercier de son soutien auprès de Charles Quint. Le tableau est alors installé à Besançon dans une chapelle de l’église abbatiale des Carmes, à côté du palais Granvelle.

La scène représentée se déroule après la Descente de croix (l’un des trois hommes à l’arrière -plan, Joseph d’Arimathie, tient une pince et des clous) et avant la Mise au tombeau de Jésus Christ. Le centre du tableau est occupé par le Christ porté par la vierge Marie, hommage de Bronzino à la pietà de Michel-Ange de la basilique Saint-Pierre. A gauche on peut voir saint Jean, à droite Madeleine et derrière eux des anges dont l’un tient un calice, référence à la messe. Au sommet cinq angelots portent les instruments de la Passion : la colonne de la Flagellation, la lance du centurion, l’éponge imbibée de vinaigre et la croix.

Le florentin Bronzino (1503-1572) est à rattacher au maniérisme. Ce style artistique cherche à s’écarter de l’imitation de la réalité par les distorsions anatomiques des personnages ou l’utilisation de couleurs vives et artificielles.

En savoir plus

Un tableau commandé par Cosme de Médicis, le duc de Florence

 En 1537, Cosme de Médicis devient duc de Florence grâce au soutien de Charles Quint. Le nouveau duc s’installe dans le palais de la Seigneurie (Palazzo Vecchio) pour en faire sa nouvelle résidence princière. Pour légitimer son pouvoir, un important programme de décoration est réalisé. L’oratoire de sa femme Éléonore de Tolède est peint par Agnolo Bronzino (1503-1572). De 1541 à 1543, les murs et les plafonds sont recouverts de fresques racontant cinq épisodes de la vie de Moïse. Puis de 1543 à 1545, Bronzino réalise la pala (retable) avec un panneau central (Déploration sur le Christ mort au musée des Beaux-arts de Besançon) et deux panneaux latéraux représentant Saint Jean Baptiste (saint patron de Florence) et Saint Cosme. Derrière le message religieux de l’œuvre, autour du sacrifice du Christ et du sacrement de l’Eucharistie, se cache aussi un message politique. Pour le comprendre, il faut mettre en relation le retable avec le reste du décor de la chapelle. Ainsi l’ange portant le calice dirige son regard vers les fresques qui représentent le Frappement du rocher et la Récolte de la Manne. Ces épisodes font allusion au pain et au vin utilisés pour la célébration de la messe, mais aussi au rôle de Cosme pour ramener la paix et la prospérité à Florence. Le visage de Marie au centre du tableau, mère de Jacques, serait celui d’Éléonore.

Un cadeau diplomatique pour Nicolas Perrenot de Granvelle

En 1543, Cosme obtient de Charles Quint l’abandon des places fortes de Florence et de Livourne avec l’aide de Nicolas Perrenot de Granvelle, alors garde des Sceaux de l’empereur. Cosme devient ainsi pleinement souverain de la Toscane. Pour le remercier de son soutien, il lui offre le tableau en 1545. Ce cadeau est aussi un moyen de concurrencer la famille rivale des Farnèse, qui a donné un buste antique de Jupiter aux Granvelle en 1541.

De 1551 (mort de Nicolas de Granvelle) jusqu’à la Révolution, l’œuvre est placée au-dessus de l’autel de la chapelle funéraire des Granvelle aménagée dans l’église des Carmes.

 Un chef d’œuvre du maniérisme florentin

 Le maniérisme (de 1520 jusqu’aux années 1600) apparait à Sienne (Beccafumi), à Florence (Pontormo et Rosso) et à Rome (Michel-Ange, dernières œuvres de Raphaël) puis il se diffuse dans toute l’Europe. Agnolo Bronzino (1503-1572) appartient à la seconde génération maniériste florentine. Ce style artistique se caractérise principalement par un dépassement délibéré de la vraisemblance (hypertrophie des muscles, contorsions outrepassant les capacités du corps), des couleurs vives et riches (bleu lapis-lazuli), la négation de la profondeur et des compositions complexes. Dans la Déploration, Bronzino multiplie les références à Michel-Ange (pietà de Saint-Pierre de Rome) et à la Déposition (chapelle Capponi à Florence) de son maitre Pontormo.

Benjamin Perrier, professeur d’histoire-géographie, détaché au Musée des beaux arts et d’archéologie.

 

Complément(s)

Site(s)

Sur le site Mémoire vive (patrimoine numérisé de Besançon), une page dédiée à la Déploration sur le Christ mort (images et vidéo)

https://memoirevive.besancon.fr/editorial/page/370200d7-dc42-4a3f-9299-fdb653ed0b35

Sur la Web Gallery of Art, les fresques de la chapelle d’Éléonore de Tolède et d’autres œuvres de Bronzino

https://www.wga.hu/index1.html

Une visite virtuelle du musée des Beaux-arts et d’archéologie de Besançon

https://my.matterport.com/show/?m=UnC2aQoUaxr

 

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