La barricade de la rue Jeannin
L’oeuvre de Paupion est très réaliste. La scène se déroule dans la rue Jeannin. Au premier plan, on voit la barricade composée d’un fourgon, d’une charrette, d’une table, de poutres et de pavés. Derrière cette protection, on distingue plusieurs tireurs dont quatre sur la rue et trois autres installés aux fenêtres. Derrière cette première ligne, le capitaine d’une compagnie de Francs-Tireurs, Jean-Jean Cornu et le lieutenant Calami ordonnent de monter la barricade. Au centre du tableau, une femme, Marie Berthaud, distribue des fusils munis de baïonnettes. À ses côtés, des hommes s’emparent de munitions dans une brouette.
La fumée indique l’explosion d’un obus et on voit à droite sur le trottoir, un soldat blessé au visage soigné par une soeur de Saint-Vincent. Derrière eux, deux brancardiers évacuent des soldats blessés. À l’intersection de la rue Jeannin et de la rue Saumaise, trois hommes à képi se dirigent vers la barricade sur ordre du lieutenant Aubaine. En arrière-plan, deux hommes courent en direction de la barricade et deux silhouettes s’enfuient afin d’éviter les obus. La tour de l’église Notre-Dame au fond situe la scène à Dijon.
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Édouard Paupion a voulu rendre hommage à ces hommes et à ces femmes qui se sont sacrifiés pour défendre leur ville. Il a représenté ici une scène de la première bataille de Dijon, à laquelle, alors âgé de 16 ans, il a peut-être assisté. L’historien Clément-Janin a publié en 1873 une description précise de cette bataille, en y incluant les noms des participants. On pense que le peintre s’en est fortement inspiré. Clément-Janin parle de 600 victimes mais oublie les pertes civiles qui sont pourtant au coeur de cette barricade citoyenne, ce qui rend le bilan peu fiable. C’est cette vaillance, ce refus de céder sans combattre et cette honneur défendu par les Dijonnais eux-mêmes que le peintre Édouard Paupion a peint.
Édouard Paupion est né à Dijon le 21 Août 1854 sous le Second Empire. Il est élève l’école des Beaux-Arts de Dijon. Il se rend à Paris et entre dans l’atelier du peintre Gérôme de 1874 à 1881. Il ne cessera alors d’exposer ses oeuvres au Salon de Paris et reçoit même en 1896 la médaille du Salon des Champs- Elysées pour sa toile « Le sommeil de la Vierge ». Il voyage en Algérie et en Italie où il réalise de nombreuses scènes de la vie quotidienne d’où son rattachement au courant pictural du Réalisme comme avec sa toile « Porteuse d’eau à Venise » en 1883. À son retour, il s’installe à Dijon et retrace alors avec précision deux épisodes historiques de la guerre franco-prussienne : « La barricade de la rue Jeannin » et « La prise du drapeau au 61ème Poméranien ». Les thèmes historiques sont plutôt rares dans son oeuvre, il peint surtout des scènes de la vie quotidienne. Il décède en 1912 à Orchamp à l’âge de 60 ans.