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La prise de la tour de Malakoff, Horace VERNET

Autun | Saône-et-Loire | 1856
Époque contemporaine | La guerre aux XIX et XX ème siècle

© Musée Rolin, Autun

Cette toile de grandes dimensions (2m19 sur 1m44) est caractéristique de la peinture militaire officielle du XIX ème siècle. Elle représente l’un des actes de bravoure les plus fameux du Maréchal de Mac-Mahon, autunois d’origine. Cette œuvre décrit l’un des passages clés de la guerre de Crimée : la division commandée par Mac-Mahon vient de s’emparer de Malakoff et le caporal des zouaves, Eugène Lihaut, plante au sommet le fanion du général. Un officier anglais, représenté de dos sur la toile, informe Mac-Mahon que les troupes anglaises ne peuvent plus tenir leur position. C’est alors que le général aurait prononcé sa phrase célèbre : « Je suis ici, j’y reste ! ». A ses côtés sont représentés deux de ses aides de camp, le Colonel Lebrun et le Capitaine Borel. A l’avant-plan, au milieu d’un entassement macabre de cadavres de soldats français et russes, le colonel de la Tour-du-Pin, frappé à la cuisse par un éclat d’obus, n’a pas pu suivre le pavillon jusqu’au sommet.

 

En savoir plus

Peintre d’histoire et spécialiste des grandes batailles, Horace Vernet intègre les  éléments observés sur les lieux mêmes des combats avec une précision évoquant la photographie, nouveau média qui se développa pendant la guerre de Crimée. De fait, Vernet aurait été familier des séries de clichés panoramiques réalisés par le colonel Jean-Charles Langlois deux mois après la bataille, permettant ainsi d’obtenir une vue à 360 degrés du champ de bataille encore jonché de sacs de sable, de canons et d’obus.  En optant pour une vue d’en bas, au moment même où le zouave est sur le point de planter le drapeau français au sommet, Horace Vernet combine de façon ingénieuse le réalisme documentaire des clichés de Langlois avec une narration liée à la tradition des peintures d’histoire. La tour Malakoff est une tour de la ville de Sébastopol servant de défense militaire. Elle a été érigée au sommet d’une colline pour défendre la ville contre une éventuelle attaque des Anglais et des Français nouvellement alliés, au début des années 1850. A l’origine, c’est une tour haute de 10 mètres, arasée par la suite. Le 8 septembre 1855, la tour tombe aux mains des Français, dirigés par le maréchal Patrice de Mac-Mahon (né au château de Sully, près d’Autun). La prise de la tour Malakoff par les zouaves entraîne la chute de Sébastopol et marque la fin de la Guerre de Crimée. Ce tableau, arrivé à Autun début août 1858 fut offert par les souscripteurs au musée de la ville et accepté par décision du Conseil Municipal du 22 août. La cérémonie d’inauguration eut lieu le 3 septembre 1858. Autun a voulu pour son musée un souvenir éloquent de ce brillant fait d’armes. Une commission formée sous l’administration de Victor Rey, maire, ouvrit à cet effet une souscription début mai 1856 et obtint d’Horace Vernet une toile reproduisant la journée la plus glorieuse et la plus décisive de la Guerre de Crimée, bataille menée par le maréchal de Mac-Mahon, enfant de la cité.

Nicolas Lombard, professeur d’arts plastiques missionné.

Contexte

Gouverner sous le Second Empire

Le peuple ratifie lors d'un plébiscite l'instauration du Second Empire. Selon Napoléon III, qui se présente héritier et défenseur, comme Napoléon Ier, des principes de 1789, la souveraineté de la Nation doit s'incarner dans un chef, l'Empereur. Il peut faire directement appel au peuple par plébiscite. Le régime qui se met en place est autoritaire. Le pouvoir exécutif incarné par l'Empereur domine. Les fonctionnaires doivent prêter serment à Napoléon III et les ministres ne sont responsables que devant lui. Napoléon III a seul l'initiative des lois et décide de la guerre ou de la paix. Le pouvoir législatif se partage entre le Corps législatif, élu au suffrage universel masculin, et le Conseil d'État et le Sénat dont les membres sont nommés par l'Empereur. La presse est contrôlée. Lors des élections, l'opposition peine à se faire entendre alors que les candidats officiels, soutenus par le régime, bénéficient de l'appui de l'Église et des facilités de réunion et d'affichage.

Les maires sont nommés par le préfet, fidèle à l'Empereur, pour toutes les communes, y compris celles de moins de 3 000 habitants, pour cinq ans à partir de 1855.

Le Second Empire est un césarisme démocratique, c'est-à-dire une dictature qui affirme s'appuyer sur le peuple selon le principe de la souveraineté de la Nation.

À partir de 1860, l'Empire devient moins autoritaire et engage des réformes libérales. Il accorde le droit de grève aux ouvriers en 1864. Il donne davantage de droit à l'opposition et de pouvoir au Corps législatif. L'opposition républicaine progresse mais l'Empereur garde le soutien d'une large majorité de la population lors du dernier plébiscite sur les réformes libérales organisé en 1870. Cependant, Napoléon III commet l'erreur de se lancer dans l'aventure de la guerre contre la Prusse durant l'été 1870. La défaite française précipite la fin du Second Empire. La République est proclamée le 4 septembre 1870.

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