Des matrices xylographiques
Le musée du Pays Châtillonnais-Trésor de Vix expose la deuxième collection de bois gravés de France. Ces supports sont plutôt rares car généralement destinés à être détruits après usage. A Châtillon-sur-Seine, 54 matrices xylographiques sont liées à la dévotionCulte particulier que l’on rend avec ferveur, le culte à la sainte Vierge par exemple. Plus généralement, pratique religieuse. et 17 sont de nature profane. Elles sont datées du XVIIe au XVIIIe siècle. Imprimées en grand nombre, les images issues de ces bois gravés, étaient bon marché et prisées. Cette collection prouve que ces images ont une grande durée de vie et grande plasticité. Un saintChrétien déclaré exemplaire selon les règles de l’Eglise catholique. Les catholiques croient que les saints gardent le pouvoir, après leur mort, d’exaucer les prières et de faire des miracles en implorant Dieu au nom des croyants. populaire, par exemple, a donc finalement une représentation très standardisée. Son portrait change peu, voire même se retrouve à l’identique ou presque, dans d’autres villes. Il y a ainsi des similitudes incontestables entre certains bois gravés de Châtillon-sur-Seine ou de Chalon-sur-Saône par exemple
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Etudier ces matrices xylographiques permettent de découvrir quels saints étaient les plus vénérés et de mettre en lumière certains saints locaux (SaintChrétien déclaré exemplaire selon les règles de l’Eglise catholique. Les catholiques croient que les saints gardent le pouvoir, après leur mort, d’exaucer les prières et de faire des miracles en implorant Dieu au nom des croyants. Vorles, Sainte Reine d’Alise). C’est donc une manière originale d’aborder les croyances religieuses de l’époque et l’imagerie populaire, d’autant plus que Châtillon-sur-Seine était un lieu de pèlerinage très fréquenté en raison des reliques de SaintChrétien déclaré exemplaire selon les règles de l’Eglise catholique. Les catholiques croient que les saints gardent le pouvoir, après leur mort, d’exaucer les prières et de faire des miracles en implorant Dieu au nom des croyants. Vorles. C’est aussi l’occasion de découvrir la vie quotidienne et notamment les loisirs du peuple, puisque parmi ces représentations, le musée possède aussi des planches de jeux (échiquier, cartes…). Un travail sur les costumes, mais également sur l’affirmation de l’état monarchique dans les campagnes (diffusion du portrait royal, représentation d’hallebardiers représentant son pouvoir…), sur les techniques de la xylographie, sur la Contre-Réforme (la diffusion de ces images pieuses étant une manière de lutter contre la propagation du Protestantisme)… peut également être mené à partir de ces images.
On ne sait pas si les bois gravés conservés au musée du pays Châtillonnais-Trésor de Vix, ont été utilisés dans les presses locales. On sait par contre que la ville de Châtillon-sur-Seine a eu des imprimeurs dès le XVIe siècle et que cette activité a atteint son apogée dans les années 1650 à 1750, période durant laquelle le premier livre, intitulé, « une Histoire et Vie de Sainte Reine », a été imprimé à Châtillon-sur-Seine (1651). Cette collection unique était en possession de la famille CORNILLAC, imprimeurs-libraires châtillonnais qui a vendu ces pièces en 1875 après avoir fait faillite.
Pour la petite histoire, on s’est aperçu dans les années 1940, que des bois gravés avaient disparu de la collection du musée. Deux d’entre eux ont été retrouvés lors d’une vente aux enchères à Tours. Un autre représentant Sainte Reine, à AlésiaOppidum gaulois dont le siège conduit par Jules César en 52 av. J.-C. se termine par la reddition de Vercingétorix. Les campagnes de fouilles du Second Empire et des années 1990 confirment sa localisation à Alise-Sainte-Reine en Bourgogne. More. Cette collection permet donc, tout comme le célèbre Bacchus du musée, de sensibiliser le public au vol d’œuvres d’art et aux conséquences que ce fléau engendre.
Sophie Lefebvre professeure d’histoire-géographie, enseignante missionnée pour le musée du Pays Châtillonnais-Trésor de Vix
Contexte
Croire et prier à l'époque moderne
La Contre-Réforme
Face à l'expansion du protestantisme, l'Église catholique réagit en lançant sa propre réforme.
De 1545 à 1563, un concile se réunit à Trente, une ville italienne. Il réaffirme la doctrine catholique :
- la foi seule ne suffit pas pour obtenir le salut ; le chrétien doit pratiquer de bonnes œuvres ;
- en plus de la Bible, la Tradition de l'Église est l'autre source de la foi ;
- le culte des saints et de la Vierge, les sept sacrements et les indulgences font partie des pratiques de l'Église ;
- le clergé est l'intermédiaire indispensable entre Dieu et les fidèles ;
- la messe est célébrée en latin et seuls les prêtres peuvent lire la Bible.
Le concile de Trente essaie également de mettre fin aux abus. Les évêques doivent résider dans leur diocèse. Les prêtres sont désormais formés dans des séminaires. Les fidèles, mieux encadrés, sont instruits par un catéchisme.
La Réforme catholique se caractérise aussi par un élan missionnaire. Des ordres religieux nouveaux, comme les jésuites, sont créés. Les jésuites dispensent dans leurs collèges un enseignement de qualité. Leurs missions gagnent tous les continents.
L'Église catholique encourage l'épanouissement artistique au service d'une religion sensible et d'une mystique intense. L'art doit éduquer les fidèles et les aider à prier. L'art baroque répand ainsi ces principes dans toute l'Europe catholique. Il exalte par la grandeur, la mise en scène et le mouvement le rôle du clergé et des saints.
Parallèlement à ces mesures, l'Église et les princes catholiques luttent contre les protestants. L'Inquisition est rétablie en 1542. La Congrégation de l'Index dresse la liste des livres condamnés. La Réforme catholique est aussi une Contre-Réforme qui s'attaque au protestantisme.
Malgré ses efforts, l'Église catholique ne peut rétablir l'unité de la Chrétienté. Au terme de plusieurs guerres de Religion, l'Europe occidentale reste divisée entre pays catholiques et pays protestants.