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Croissance et crise de la boissellerie à Bois-d’Amont

Bois d'Amont | Jura | Archives départementales du Jura | 1864
Époque contemporaine | L'âge industriel

Croissance et crise de la boissellerie à Bois-d’Amont
© AD Jura, 1J827

Le village de Bois-d’Amont, situé dans le Haut-Jura à la frontière suisse, s’est spécialisé au XIXe siècle dans le travail de l’épicéa pour la boissellerie et la tabletterie. Il s’agit de la réalisation de boîtes et coffrets en tous genres et de toutes tailles pour des usages domestiques variés comme des boîtes à cirage, à pharmacie, à couture, à bijoux, etc., mais aussi des cabinets d’horloges comtoises en lien avec l’industrie horlogère en plein essor à Morez. Ce travail s’effectue à la main en grande partie à domicile dans des ateliers familiaux qui occupent hommes et femmes, enfants et personnes âgées, où les différentes tâches et étapes de la fabrication sont réparties spécifiquement entre les membres de la famille. Activité artisanale de complément durant la mauvaise saison à l’origine, la boissellerie devient l’activité principale du village qui voit de véritables entreprises se créer pour satisfaire la demande d’une population de plus en plus urbaine et la production se mécaniser pour atteindre des volumes considérables exportés par les rouliers vers les grandes villes de France, voire au-delà.

En savoir plus

L’évolution économique n’est pas linéaire. Le progrès technique qui caractérise le développement industriel est un puissant facteur de croissance pour l’activité économique par le développement de nouveaux produits, de nouveaux modes de production accroissant la productivité, comme le passage de l’énergie hydraulique à la machine à vapeur, ou la targeuse remplaçant le rabot à main pour la fabrication des boîtes, ou de nouveaux marchés ouverts grâce aux moyens de transport comme le chemin de fer. Mais il est aussi un générateur de crises pour les secteurs qui ne sont plus compétitifs ou encore fragiles. Au sein même d’un secteur d’activité, les fluctuations peuvent être importantes au gré des phases de croissance et de crise. La boissellerie, du bûcheron au roulier, étant devenue l’activité principale des habitants de Bois-d’Amont, les place en situation de dépendance et les soumet fortement aux aléas du marché. Le moindre ralentissement de la demande entraine une crise de surproduction qui devient vite dramatique en privant de ressources une grande partie de la population et en plongeant dans la misère les plus démunis, des conséquences sociales auxquelles les pouvoirs publics peinent à trouver des solutions. Le développement de nouveaux produits à l’instar des boîtes en bois pour faciliter le transport et la commercialisation de fromages comme le Camembert de Normandie à la fin des années 1880, et l’ouverture de la gare de Morez en 1900, offrent de nouveaux débouchés à cette activité de plus en plus concurrencée par les boîtes métalliques ou en carton.

 

Contexte

Au XVIIIe siècle en Angleterre, la population augmente. Les besoins en produits fabriqués s'accroissent. Pour répondre à la demande grandissante de cotonnades indiennes, des artisans anglais perfectionnent les machines à filer et les métiers à tisser. La production textile est mécanisée. Les progrès sont extraordinaires : en 1800, un ouvrier dans un atelier de filature file autant avec la nouvelle mule-jenny que 400 personnes avec les anciens rouets ! Dans les années 1760, l'ingénieur écossais James Watt améliore la machine à vapeur. Elle devient un puissant moteur, d'une force bien supérieure à l'homme ou l'animal pour actionner les machines. L'industrie l'adopte rapidement. À partir de 1785, les mules-jennies sont actionnées par la force-vapeur. Une série d'inventions multiplie les nouvelles machines. Les besoins en matériaux et en énergie entraînent l'essor de la sidérurgie et des industries minières. Le textile poursuit son bond en avant. Les usines s'installent dans les régions où les minerais sont extraits, en Angleterre, en France et en Allemagne. Naît ainsi la grande industrie. Elle concentre dans les usines une main-d'œuvre ouvrière qui travaille au rythme des machines. C'est l'ère du machinisme. Certaines usines regroupent des milliers d'ouvriers comme les forges des Schneider au Creusot. Les paysages du Nord-Est de la France, du Massif central ou de la Ruhr en Allemagne se transforment. Ces régions industrielles voient se multiplier les hauts-fourneaux de la sidérurgie, les terrils et chevalement des mines, les grandes cheminées des usines. Ces bouleversements sont désignés par l'expression « révolution industrielle ». Désormais, des historiens préfèrent parler d'industrialisation. Ils insistent sur la lenteur des progrès. Jusqu'en 1850, l'essentiel de la force motrice est toujours fourni par chevaux et moulins ! L'organisation traditionnelle du travail et l'artisanat cohabitent avec les formes modernes de l'industrie durant tout le XIXe siècle.

Complément(s)

Autre(s) ressource(s)

 La crise de la boissellerie à Bois-d’Amont, 1868

La crise de la boissellerie à Bois-d’Amont, 1868 © AD du Jura, 6M1140

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