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Armand Cérioli devient Français

Pontarlier | Doubs | Archives départementales du Doubs | 1937
Époque contemporaine | République et vie politique XIXe-XXe siècles

Armand Cérioli devient Français
© Archives du Doubs, R Andreosso

Un parcours migratoire typique à Pontarlier

Le 13 janvier 1938, Armando Cerioli de nationalité italienne, devient, à 22 ans, Armand Cerioli, de nationalité française. Originaires de la province de Modène, ses parents, avaient émigré à Hochdorf, en Suisse. Ils y travaillaient dans une chocolaterie et leurs trois enfants y sont nés. Mais en 1922, alors qu’Armando a six ans, la société ferme l’usine et rapatrie une partie de sa main-d’œuvre à Pontarlier. La famille s’installe alors à proximité de “la Choco”, dans un appartement fourni par l’employeur. Armand étudie au collège et termine brillamment premier au Brevet de Commis Comptable. Il rejoint immédiatement ses parents chez Nestlé comme employé de bureau. En 1937, comme le reste de sa famille, il sollicite la naturalisation française. Sa demande est accueillie avec bienveillance par les autorités, d’autant qu’il détient un diplôme de skieur et de nageur ainsi qu’un brevet de préparation militaire. Il apparaît donc comme “un bon apport pour la collectivité”.

En savoir plus

Dits et non-dits des dossiers de naturalisation

Armand souhaite “se fixer définitivement en France”. Sa demande de naturalisation est l’aboutissement d’une intégration parfaitement réussie d’autant que le dossier indique qu’il “a adopté totalement nos usages” et “ne fréquente que des Français”. Cette réalité ne doit cependant pas en occulter une autre, moins idyllique. En effet, la crise des années trente provoque une poussée du chômage, à laquelle l’Etat répond notamment en 1932 par une “loi protégeant la main-d’œuvre nationale”. Elle met en place un contingentement de la main-d’oeuvre étrangère dans divers secteurs d’activités dont les effectifs sont déterminés par décrets. En 1935, le seuil d’étrangers dans l’industrie alimentaire est ainsi fixé à 10%, contraignant l’usine Nestlé à licencier une partie de ses salariés étrangers. Certains prennent ainsi conscience de la précarité de leur situation, et, pour y mettre fin, demandent leur naturalisation.
Par ailleurs les relations entre Italiens sont parfois conflictuelles. Pontarlier est en effet le théâtre d’affrontements entre fascistes et antifascistes. Le 23 janvier 1938, dix jours après la naturalisation d’Armand, le représentant consulaire italien est agressé par un groupe de communistes italiens dans la rue des Lavaux. Celle-ci accueille un tiers des Italiens de la ville et les Pontissaliens la nomment, de manière péjorative, “le Boulevard des Italiens” ou “la rue des Macaronis”. Se naturaliser est donc aussi une manière de se démarquer d’une appartenance peut-être trop stigmatisante.

Contexte

La place des étrangers dans les années 1930

Après le première guerre mondiale, la France a besoin de main d'œuvre étrangère pour se reconstruire. Il faut remplacer les très nombreux morts de la guerre, les mutilés infirmes, les victimes de la grippe espagnole. En 1927, des lois facilitent l'accès à la nationalité française pour faire face à cette crise démographique. Les pays d’origine des immigrés se diversifient avec, par exemple, aux côtés des Italiens, l'arrivée de travailleurs polonais. Dans les années 1920, la moyenne des entrées est de 300 000 par an. Entre 1921 et 1931, on assiste à un quasi doublement de la population étrangère qui s'établit désormais à 7 % de la population totale du pays. Le climat change radicalement lorsque la France est touchée par la crise de 1929 à partir de l'automne 1931. Ce décalage dans le temps s'explique par le fait qu'elle est peu intégrée aux courants commerciaux mondiaux. La crise frappe les classes moyennes qui constituent les bases sociales de la République. On assiste à une montée de l'antiparlementarisme et les ligues d'extrême droite progressent.

La France est devenue le premier pays d'immigration durant l'entre-deux-guerres, d'autant qu'à la même époque les États-Unis ferment leurs frontières. Un fort élan de xénophobie populaire traverse la France à partir de 1931, accompagnant l’essor du chômage dû à la crise économique et financière. La loi du 10 août 1932 sur le contingentement des étrangers est votée à l'unanimité : il est désormais possible de refuser le séjour d'un étranger sur des critères arbitraires et de l'expulser sans possibilités de recours. Les étrangers sont alors de plus en plus exclus de la vie économique du pays.

Complément(s)

Image(s)

Extrait du dossier de naturalisation page 5

Extrait du dossier de naturalisation page 5. Cette page cherche à mesurer son degré d’assimilation.

Page finale du dossier et décision

Extrait du dossier de naturalisation page 6. Quel état de santé…et de fortune ?

Extrait du dossier de naturalisation page 6

Page finale du dossier et décision. Voici enfin le résultat de la naturalisation.

Extrait du dossier de naturalisation page 2

Extrait du dossier de naturalisation page 2. La page suivante s’intéresse aux endroits de résidence du demandeur.

Extrait du dossier de naturalisation page 3

Extrait du dossier de naturalisation page 3. A-t-il été déjà condamné ? Comment s’est-il comporté pendant la guerre de 14-18 : voici quelques unes des préoccupations que l’on peut lire ici.

Extrait du dossier de naturalisation page 4

Extrait du dossier de naturalisation page 4. Quelle est sa situation militaire ? 

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