Non au vote des femmes
Un opposant au droit de vote des femmes
Si la France a été l’une des dernières démocraties occidentales à accorder en 1944 le droit de vote aux femmes, la question du suffrage féminin y a été posée beaucoup plus tôt. Au début du XXe siècle, c’est parmi les plus fervents républicains que se comptent les principaux opposants à l’institution d’un suffrage réellement universel. À la veille de la Première Guerre mondiale, Charles Beauquier, député du Doubs de 1880 à 1914 et grande figure locale des radicaux socialistes qui dominent alors la vie politique nationale, incarne cette opposition. Ce libre penseur, farouchement anticlérical, qui s’exprime ici dans le journal de la gauche républicaine, réfute le principe du vote féminin au nom même de la défense de la République laïque. Arguant de l’anti-républicanisme de l’EgliseL’Église est l’assemblée (en grec ecclésia) des chrétiens, la communauté des croyants mais aussi l’institution qui les dirige. L’église avec un « é » minuscule est le lieu de culte chrétien. En France les protestants utilisent le mot « temple », les catholiques le mot « église ». et de l’influence supposée du clergé catholique sur les femmes, il considère que la défense du nouveau régime prime sur la justice qui voudrait que les femmes accèdent à leurs droits civiques. Leur déniant avec mépris toute capacité d’autonomie, Beauquier ne leur concède qu’une éventuelle participation, à l’essai, aux élections locales.
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Un long chemin vers le droit de vote
L’action du mouvement féministe français, qui s’affirme progressivement dans le dernier tiers du XIXe siècle, permit aux femmes de bénéficier alors de quelques avancées sociales. Elles acquièrent sous la Troisième République des droits nouveaux, principalement dans les domaines de l’instruction et du travail alors que leur émancipation juridique est freinée par le Code civil hérité de Napoléon. Si les femmes restent maintenues à l’écart de tous les lieux de pouvoir, le mouvement féministe ne fait pas des droits politiques une revendication prioritaire. Il se divise d’ailleurs sur le principe même de l’accès au suffrage et sur la stratégie pour l’obtenir (fallait-il revendiquer l’ensemble des droits politiques ou fractionner les demandes ?) La première suffragette française, Hubertine Auclert, pensait de son côté que l’émancipation politique des femmes devait être le préalable nécessaire à toute évolution de leur situation sociale. Son combat, entamé dès 1876, amorce le débat parmi les féministes françaises qui se rallient à sa cause au début du XXe siècle. Entre temps, à partir des années 1890, le sujet déborde aussi le cadre du militantisme féminin. La presse puis les milieux parlementaires s’en emparent. Des projets de loi, parmi lesquels ceux de Viviani en 1900 ou de Dussaussoy en 1906, proposent d’accorder le suffrage municipal aux femmes mariées et en 1909 le philosophe Ferdinand Buisson dépose un rapport parlementaire qui reconnaît le principe du droit de vote des femmes. Mais à la veille de la guerre, comme à son lendemain, ces projets sont systématiquement ajournés.
François-Xavier Laithier
Contexte
Les symboles de la République
La République triomphe
Le 2 septembre 1870 Napoléon III, battu par les Prussiens à Sedan, est fait prisonnier. Le 4, à Paris, la République est proclamée. Face au danger de restauration monarchique, la IIIe République s'impose en une dizaine d'années.
Les lois constitutionnelles de 1875 définissent un régime parlementaire : le suffrage universel masculin est affirmé et le président de la République sera élu par le Sénat et la chambre des députés.
Les républicains remportent les élections suivantes et en 1879, le républicain Jules Grévy est élu président de la République.
L’enracinement de la République
De 1879 à 1889 sont votées les lois fondatrices qui donnent à la France son identité républicaine. Elles sont complétées par des mesures symboliques.
La Marseillaise est l'hymne national de la France (loi de 1879).
Le 14 juillet devient la fête nationale (loi de 1880).
La IIIe République impose le drapeau tricolore.
Sa devise est Liberté, Egalité, Fraternité
En 1881 sont votées les lois de liberté de la presse et de réunion ; en 1884, sur la liberté syndicale.
Ministre de l'instruction publique Jules Ferry organise l'école primaire, gratuite, obligatoire et laïque pour tous les enfants de 6 à 13 ans, jusqu'au certificat d'études (lois de 1881-82).
En 1884, les maires sont désormais élus par les conseillers municipaux.
La mairie et l'école publique incarnent dans toutes les communes la présence de la République.
Des bustes de Marianne, qui représentent la France républicaine, sont installés dans les mairies. Les statues de la République et des grands hommes ornent les places et les fontaines publiques.
Ces symboles comme l'enseignement dispensé à l'école laïque ou la pratique des élections, contribuent à enraciner la République en France.
La culture républicaine s'oppose dans un premier temps à l'Église catholique. En France, l'identité républicaine est étroitement liée à la laïcité.
Les affrontements aboutissent en 1905 à la loi de séparation de l'Église et de l'État. En 1914, les opposants à la République ne sont plus qu'une minorité.
Complément(s)
Site(s)
La Française doit voter
Le film de Fabrice Cazeneuve, écrit par Bruno Fuligni intitulé « La Française doit voter » permet de revivre l’histoire mouvementée de cette proposition de loi. Ce film contient également beaucoup d’images d’archives.
Découvrez un extrait.