Un Américain dans la Grande Guerre
Un soldat pas comme les autres.
Ce dessin au crayon et à l’encre de quinze centimètres sur vingt a été réalisé par Albert Alexander Smith. Il représente ici le quotidien et les conditions de vie des soldats en représentant l’intérieur de baraquements avec les couchettes et les paquetages. Cet Afro-Américain, né en 1896 à New York, a servi en France en tant que membre d’une des très nombreuses fanfares militaires de l’armée américaine qui avaient pour mission de divertir les troupes. Il embarque pour la France en septembre 1918 et assiste aux derniers assauts sur les lignes allemandes. Ces fanfares interprétaient une musique alors nouvelle, le jazz. Toujours à proximité de leurs régiments de rattachement, ces ensembles musicaux se produisaient plus ou moins loin des zones de combat, mais ne participaient que très rarement au conflit en tant que combattants. Pendant son séjour en France, Albert Alexander Smith a dessiné des scènes de la vie quotidienne, comme une sorte de journal de bord.
(d’après un texte de Marion Gloret, catalogue de l’exposition Impressions du front I/Journaux de tranchées)
En savoir plus
Un amoureux de la France
Albert Alexander Smith est arrivé à Saint-Nazaire et est reparti de Brest. Il appartenait au 807 ème régiment des pionniers d’infanterie. On ne sait pas de quel instrument il jouait, mais ses capacités devaient être solides pour intégrer un tel ensemble. Par ailleurs, il a été le premier Afro-Américian à étudier à la National Academy of Design à New York. Il représente souvent des soldats au repos, voire endormis. Certains portraits sont nominatifs. il témoigne d’un certain intérêt pour la France car il a soigneusement localisé la plupart de ses oeuvres. Il a sillonné le nord est de la France. Il a été stationné de longs mois à Bar-sur-Aube comme en attestent plusieurs dessins. A la fin de la guerre, il revient s’installer à Paris, à côté de Montmartre où il vécut jusqu’à la fin de sa vie. Il poursuivit en Europe une carrière artistique dans les beaux arts et continua à se former. Ce choix d’Albert Alexander Smith de revenir en Europe après la guerre ne fut pas un cas isolé et un certain nombre de musiciens afro-américains s’installèrent en Europe pour s’y produire. Ils avaient aussi découverts un racisme beaucoup moins marqué qu’aux Etats-Unis où la ségrégation raciale était encore très présente. Les musées de Besançon ont acquis en 1981 une série de soixante-six dessins d’Albert Alexander Smith qui témoignent de la vie des soldats à l’arrière, entre baraquements, attente et transports.
(d’après un texte de Marion Gloret, catalogue de l’exposition Impressions du front I/Journaux de tranchées).
Contexte
Combattre pendant la Première Guerre mondiale
Une guerre totale
En septembre 1914, la Bataille de la Marne stoppe l'offensive allemande. La ligne de front se stabilise pour plusieurs années. La guerre de mouvement laisse la place à une guerre de position. Tout au long du front, les belligérants s'enterrent, les soldats creusent des tranchées. Ce sont des fossés à ciel ouvert séparés par la zone de combat.
La Première Guerre mondiale est une guerre moderne. Il faut un armement plus puissant que celui de son adversaire pour rompre l'équilibre des forces et le vaincre. La victoire dépend aussi de la capacité d'innovation technologique des nations en conflit.
L'aviation, les sous-marins, les chars d'assaut sont pour la première fois utilisés durant la Grande Guerre. La marine de guerre se perfectionne. L'artillerie se modernise : canons à longue portée, obus de gros calibres. Les armées utilisent des armes chimiques comme les obus à gaz « moutarde ». Lance-flammes et mitraillettes datent également de 14-18, comme l'utilisation massive des fils barbelés.
La médecine tente de répondre à la gravité des blessures. Marie Curie organise par exemple un cabinet itinérant de radiologie.
Toutes les ressources dont disposent les États sont mobilisées pour la victoire. Les États mettent en place une économie de guerre.
L'industrie doit produire des armements en masse. La guerre devient une guerre industrielle.
La main-d'œuvre est mobilisée. En France, ouvriers qualifiés de la sidérurgie, ouvriers venus des colonies, immigrés comme les Chinois et prisonniers travaillent pour l'effort de guerre. Les femmes remplacent les hommes partis au front : les « munitionnettes » produisent dans des usines modernisées des tonnes d'obus.
Pour que la population se mobilise entièrement pour la victoire, il faut obtenir son consentement. Censure et propagande, « bourrage de crâne », assurent l'adhésion des populations à la politique de guerre, y compris celle des enfants qui sont embrigadés.
La mobilisation des civils, des militaires et de toutes les ressources de la Nation fait de la Première Guerre mondiale une guerre totale.
retour