La production agricole
Des exploitations de petite taille
Le paysan est à la fois céréalier, éleveur, vigneron et jardinier. La diversité des activités influence l’organisation des parcelles exploitables : les plaines sont destinées à l’élevage et à la culture, les versants ensoleillés réservés à la vigne. L’élevage se fait par la pratique de la vaine pâture non seulement sur les prés et les champs, mais également en forêt, qui a un rôle majeur dans les campagnes à l’époque médiévale. Son principal atout en est la diversité nutritive, à une époque où l’alimentation repose sur la consommation des céréales. Les fruits et légumes sont issus des cultures potagères et des vergers entourant les maisons au sein de la communauté.
L’impact de la seigneurie sur l’univers agricole s’observe principalement au niveau de la superficie des biens fonciers du ressort de la réserve seigneuriale. Elle contraste avec la multitude des petites parcelles paysannes. On souligne également la forte influence du pouvoir seigneurial sur les forêts, sur lesquelles il exerce son autorité judiciaire.
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Une production diversifiée
La céréaliculture domine. Elle fournit les grains indispensables à la survie de l’homme, à savoir du froment, du seigle, de l’avoine, de l’orge, du millet… En ce qui concerne l’élevage, il est difficile de déterminer s’il prédomine ou non dans le système agraire. Nous avons mention du « gros bétail » et du « menu bétail ». La première espèce désigne les animaux de traits et de transport, tels que les chevaux, les mulets, les ânes et les bovins, utilisés également pour leurs productions de viande, de fumier et de lait. Le « menu bétail » comprend les ovins, les caprins et les porcins qui fournissent à la fois de la viande, du lait, de la laine et de la peau. Pour la seigneurie d’Étrabonne, sont simplement cités des chevaux, bœufs, vaches, chèvres, porcs et autres tant gros que menus. Les paiements des redevances seigneuriales indiquent également l’élevage de volailles.
Autre élément de la production agricole, le vignoble : il couvre environ un million d’hectares vers 1500. La Comté, dotée de nombreuses collines propices à sa culture, voit son importance augmenter. Chaque famille détient en moyenne une à trois parcelles de vigne dont la superficie est le plus souvent faible.
Le domaine d’exploitation ne concerne pas seulement le finage de la communauté, où l’on la multitude des petites parcelles exploitées par les familles, mais aussi son espace habitable, où il jouxte les habitations. On y des cultures dites secondaires qui sont des compléments indispensables à l’alimentation, ainsi qu’à certaines productions artisanales et industrielles. Il s’agit de la culture de fruits et légumes sur les parcelles de terre qui jouxtent la maison, dites le meix. Le courtil correspond à un jardin potager dans lequel nous trouvons des légumes tels que raves, carottes, navets, poireaux, choux… Il s’y ajoute des fèves et des pois de diverses variétés. Des vergers, des chénevières sont également mentionnés.
Contexte
Les progrès techniques Au Moyen Âge, les campagnes se transforment. Dans l'agriculture, de nombreux progrès techniques augmentent les quantités récoltées. Pour l'outillage, le fer est de plus en plus utilisé. La charrue remplace l'araire. Elle permet, grâce à son coutre, son soc en fer et son versoir, de labourer en profondeur en retournant la terre. Les techniques d'attelage s'améliorent. Le joug frontal pour les bœufs facilite les travaux des champs. Le cheval de trait, plus puissant, remplace souvent le bœuf. L'usage du collier d'épaule lui permet de tirer la charrue avec force, sans s'étrangler. L'essor de l'agriculture est lié aussi à la multiplication des moulins à eau. Les moulins à vent apparaissent au XIIe siècle. L'usage de ces forces mécaniques libère de la main-d'œuvre pour d'autres tâches. • La mise en valeur des terres et l’importance de la forêt Les terres pour les cultures sont de plus en plus séparées en trois quartiers appelés soles. Afin qu'elles ne s'appauvrissent pas à force d'être cultivées, un quartier, chaque année, est toujours laissé au repos. C'est ce qu'on appelle la jachère. Les deux autres soles sont consacrées au blé et à l'avoine par exemple. Ces cultures et la jachère tournent : un an sur trois, chaque sole est ainsi laissée en jachère. C'est l'assolement triennal qui favorise l'augmentation des rendements. L'outillage en fer facilite les défrichements. Les seigneurs favorisent les grands défrichements et l'assèchement des marais. Des ordres monastiques, comme les cisterciens, participent à cette mise en valeur des terres. Dans les zones peu habitée la colonisation rurale progresse. Les seigneurs accordent des avantages aux paysans qui s'y installent. Durant tout le Moyen Âge, la forêt reste cependant indispensable à la vie des hommes. Elle fournit du bois et des compléments pour l'alimentation des hommes et des animaux d'élevage comme les porcs. • L’essor démographique Tous ces éléments favorisent l'amélioration des conditions de vie des hommes qui sont mieux nourris. En trois siècles, de l'an 1000 à 1300, la population européenne est multipliée par trois.Complément(s)
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L’organisation de l’habitat dans une communauté
Les hommes vivent réunis en un même lieu, formant une communauté. Le mot évoque un noyau ou « corps » d’habitants résidant sur un même territoire, qui se reconnaissent une situation commune. Ce regroupement des hommes traduit un sentiment d’appartenance à l’espace qu’ils occupent et exploitent.
Les hommes sont amenés à se rencontrer par rapport à l’existence de la communauté, de la seigneurie et des obligations liées à leur quotidien en divers lieux du monde rural. La vie de la communauté ne se limite pas à l’intérieur de l’espace habité, elle s’étend au-delà sur son finage, par la présence des hommes aux champs, travaillant pour leur compte ou pour celui du seigneur lors des journées de corvées.
La céréaliculture
Les paysans de la seigneurie d’Étrabonne ne semblent pas souffrir de la qualité de leurs terres dont ils vantent les mérites. Toutefois, on ne peut pas évaluer le rendement céréalier en raison de la diversité des unités de mesure.