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Un cahier de doléances du tiers-état

Pontarlier | Doubs | Archives de Pontarlier | 1789
Époque contemporaine

Un cahier de doléances du tiers-état
© Archives municipales de Pontarlier

L'an 1789, le 20 mars...

Voici un extrait du cahier de doléances du tiers état de Pontarlier. C’est l’occasion pour les sujets du roi de dénoncer tous les abus et toutes les inégalités. Réunis le 20 mars 1789 à l’Hôtel de ville, tous les hommes nés français ou naturalisés, âgés de 25 ans et plus, domiciliés et compris aux rôles des impositions de Pontarlier participent à la rédaction du cahier des plaintes, doléances et remontrances à faire au roi. Ils sont 250, sachant que l’on compte alors 3 195 habitants à Pontarlier d’après un recensement effectué en 1787. À cette occasion, on note également pour chaque rue, la composition des familles et du bétail possédé. Le cahier de doléances contient 58 articles. L’article 3 reproduit ici s’intéresse à la question du sel, de son prix et de sa disponibilité pour les habitants. Sa présence dans le cahier, et à une telle place dans l’ordre d’apparition, témoigne de l’intérêt majeur de l’or blanc à l’époque.

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Les revendications du tiers état

À la suite des rigueurs de l’hiver 1788-1789, le prix du grain a considérablement augmenté à Pontarlier, entraînant la hausse du prix du pain. De plus, les moissons de 1789 se révèlent médiocres. Avec les troubles révolutionnaires, ces problèmes de subsistance, liés en partie à de mauvaises conditions climatiques, vont s’aggraver. En janvier 1789, le maire de Pontarlier réunit un conseil élargi composé de la municipalité, de représentants de chaque corporation, de membres de la noblesse et du clergé. Au cours de cette assemblée, la municipalité et le clergé soutiennent les revendications du tiers état, mais la noblesse refuse de se prononcer et se retire. Voici ce que dit l’article 3 du cahier de doléances du tiers état : « La ville et le bailliage de Pontarlier situés dans les plus hautes montagnes doivent obtenir une plus grande quantité de sel qu’ils n’en ont eu jusqu’ici ; leurs propriétés ne consistent qu’en pâturages et troupeaux ; le sel doit être relatif aux besoins. Les propriétaires de ce bailliage ne doivent point être exposés à en aller acheter par nécessité chez l’étranger, à contrevenir par là aux Lois qui en défendent la rentrée dans ce pays et à se ruiner pour se procurer ce dont ils n’ont pas suffisamment et dont regorge mal à propos l’étranger. »
Cet article permet de comprendre l’importance du sel dans l’alimentation dans la France de l’époque. Il s’agit tout d’abord d’une utilité physiologique pour l’alimentation humaine et animale. C’est également un moyen de conservation pour la viande et le poisson. Il ne faut pas oublier non plus que c’est la gabelle qui alimente les finances royales de façon souvent injuste et cruelle. On ne peut substituer aucun produit au sel. C’est l’occasion enfin de souligner le poids des salines dans la région, comme celle d’Arc-et-Senans ou encore de Salins-les-Bains. À la fin du texte, on comprend aussi que, parfois, le sel provient de Suisse.
Au lendemain de la Révolution Française, pour les habitants de Pontarlier, les mots de Liberté et d’Égalité avaient moins de valeur que celui de pain et ils n’ont vu que peu de changements intervenir dans leur condition sociale. Ce cahier montre en tous les cas tout au long de ses articles un profond attachement de la population au roi et un désir de justice plus humaine et de liberté.

Contexte

La France à la veille de la Révolution

La France des années 1780 est un pays où trois habitants sur quatre vivent à la campagne. Le pays se trouve dans une triple situation de crise. La crise est tout d'abord économique : la hausse du prix du pain plonge le pays dans la disette. Les crises de subsistance affolent les populations. Au printemps 1789, l'agitation populaire est vive dans les campagnes et dans les villes.

La crise est également sociale : les difficultés économiques déstabilisent une société d'ordres déjà en crise. La paysannerie, dont les revenus s'effondrent du fait des mauvaises récoltes, est plus que jamais incapable de répondre aux exigences seigneuriales et royales.

La crise est enfin politique. La monarchie française a toujours connu un important déficit budgétaire, mais ses difficultés s'accroissent à cette époque. En 1788, l'État est proche de la banqueroute : plus de la moitié de ses revenus est absorbée par le remboursement de la dette.

Seule une réforme fiscale radicale passant par la remise en cause des privilèges pourrait sortir le pays de la crise financière. Mais les contrôleurs généraux des finances, qui tentent de mettre en place un impôt unique payé par tous, se heurtent à l'opposition des parlements. Toutes les tentatives de réformes échouent. Dans l'espoir de mettre fin à la crise, le roi Louis XVI accepte de convoquer les états généraux afin de demander la création de nouveaux impôts. Pour préparer cette consultation, il demande à ses sujets de lui faire connaître leurs revendications : près de 60 000 cahiers de doléances sont rédigés au printemps 1789 et envoyés à la Cour. Il s'agit d'un éclairage exceptionnel sur l'état de l'opinion publique à la fin des années 1780. Le roi a ainsi ouvert un espace de liberté de parole sans précédent pour les Français.

Complément(s)

Image(s)

Extrait d'un cahier de doléances du tiers état Extrait d’un cahier de doléances du tiers état.

Document(s)

Un cahier de doléances du tiers état de la ville et banlieue de Besançon

Au printemps 1789, le tiers état de la ville et banlieue de Besançon dresse un cahier de “demandes, plaintes et doléances” destiné à être porté à l’assemblée du grand Bailliage, le 6 avril 1789.

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