La naissance de l’état-civil
L'application de l'état civil à Montbéliard
L’état civil naît en France avec la loi du 20 septembre 1792. Tous les citoyens quelle que soit leur religion disposent désormais d’un état civil. Ce document en date du 25 frimaire an II, soit le 15 décembre 1793, est l’application concrète de cette loi à Montbéliard. Insérée au cœur du registre des baptêmes de l’église Saint-Martin, cette mention signe la clôture définitive du registre paroissial et ouvre la suite des feuillets à l’inscription des naissances portées à la connaissance de l’officier d’état civil. En outre ce texte prévoit la remise des anciens registres paroissiaux aux maires qui sont dès lors compétents pour la tenue et la conservation de ces mêmes registres. Le texte commence ainsi : « l’an deux de la république française une et indivisible le vingt cinq frimaire moi jean Georges Duvernoy officier public et Louis Christophe König secrétaire greffier de la municipalité nous sommes transportés au domicile du citoyen Jean Georges Duvernoy ministre desservant l’église saintChrétien déclaré exemplaire selon les règles de l’Eglise catholique. Les catholiques croient que les saints gardent le pouvoir, après leur mort, d’exaucer les prières et de faire des miracles en implorant Dieu au nom des croyants. Martin à l’effet de retirer entre les mains tous les registres… »
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Le fait révolutionnaire dans le pays de Montbéliard
André-Antoine Bernard, membre du Comité de sûreté générale, est envoyé à Montbéliard. Il fait installer une guillotine, mais elle servit uniquement à inspirer la crainte et à frapper les esprits. Elle fut d’ailleurs enlevée le 27 juillet 1794. La répression envers les personnes est modeste. Mais la Terreur a aussi des aspects religieux. En dehors de la mise en place de l’état civil, elle se traduit par la mise en place du calendrier républicain dès la fin octobre 93. On assiste également au saccage et au pillage des édifices religieux qu’ils soient protestants ou catholiques. Bernard décide également la réquisition des cloches pour fabriquer des canons, l’abolition du culte chrétien remplacé par le culte de la Raison qui est assuré au templeEn France, lieu de culte protestant. Les temples se différencient des églises catholiques par le dépouillement et l’austérité de la décoration intérieure, surtout chez les réformés. Saint-Martin. La très grande majorité de la population accepte finalement assez bien les mesures révolutionnaires. Ce furent sans doute les mesures antireligieuses qui passèrent le plus mal et de très nombreux habitants suivaient le culte en secret. De nombreux pasteurs refusent de démissionner et les prêtres catholiques refuseront presque tous la constitution civile du clergé. Dès 1794, une délégation montbéliardaise se rend à Paris pour demander qu’un acte solennel proclame la réunion du pays de Montbéliard à la France. Il faut signaler l’originalité du fait révolutionnaire dans le pays de Montbéliard. La révolution y est tardive, peu violente, non sanglante, imposée en partie par un puissant voisin sans oublier à l’intérieur de la principauté un besoin évident de réformes, mais qui ne remettait pas en cause la dynastie régnante. Ce sont donc les Français de l’extérieur qui imposent la chute des Wurtemberg. Enfin il apparaît que la Révolution est synonyme d’annexion à la France. C’est le résultat d’un long processus amorcé dès le XVIIIe siècle et qui trouva son aboutissement dans la Révolution. © Avec l’aimable autorisation de M. Carrez.
Contexte
Gouverner à l'époque révolutionnaire
En 1792, Robespierre est bien seul à affirmer que « la plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d'un politique est de croire qu'il suffise à un peuple d'entrer à main armée chez un peuple étranger pour lui faire adopter ses lois ; personne n'aime les missionnaires armés ». Il faut dire que, depuis 1789, dans les régions de langue française (Belgique, Suisse romande, Savoie, comté de Nice), certains appellent à l'aide. Ils souhaitent être annexés par la France pour se libérer. Comme la Prusse et l'Autriche menacent la France, l'Assemblée vote massivement en faveur de la guerre. Les patriotes veulent sauver leur Révolution et, pourquoi pas, l'exporter. Le 20 avril 1792, la guerre est déclarée. L'enthousiasme patriotique est immense, symbolisé par le succès de La Marseillaise. Pourtant, les premiers revers dévoilent la faiblesse de l'armée française. Toutefois, la situation se redresse et aboutit aux grands succès de l'automne 1792. Le 10 août, une insurrection provoque la chute de la monarchie. Elle est abolie le 21 septembre. La République est fondée au lendemain de la victoire de Valmy (20 septembre). Débute alors une guerre de conquête. La Convention proclame : « la nation française accorde fraternité et secours à tous les peuples qui voudront recouvrer la liberté. » En quelques mois, le drapeau tricolore flotte en Belgique, à Nice, en Savoie et jusqu'à Francfort, Spire ou Mayence. L'idée des frontières naturelles de la France s'impose : « [...] du côté du Rhin, du côté de l'Océan, du côté des Alpes. Là doivent finir les bornes de notre République » affirme Danton. En 1793, la France fait face à une coalition qui s'élargit, avec notamment le Royaume-Uni. Après de nouveaux revers, l'offensive reprend à l'automne 1793. Une levée en masse a été décrétée, un gouvernement de salut public est mis en place. En 1795, la victoire française est acquise, la rive gauche du Rhin et la Hollande sont occupées. Les régions annexées s'organisent, comme le reste de la République, en départements.
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