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Sur un plateau du Jura, l’automne, Auguste Pointelin, 1876

Dole | Jura | Musée des Beaux Arts de Dole | 1876
Époque contemporaine | Société du XIX ème siècle à 1945

© Musée des Beaux arts de Dole

Né dans une famille de vignerons à Arbois, Auguste Pointelin (1839-1933) découvre sa vocation de peintre durant ses années de lycée, encouragé par son professeur de dessin, Victor Maire. Bien que ce peintre paysagiste jurassien préfère assurer sa subsistance en tant que professeur de mathématiques, d’abord dans le Nord puis au lycée Louis-le-Grand à Paris, il n’abandonne pas pour autant la peinture, exposant au Salon des artistes français dès 1866. C’est là qu’il rencontre Gustave Courbet, dont il apprécie le réalisme sobre.
À cette époque, le genre du paysage est très en vogue. Pointelin peint les combes et plateaux franc-comtois, souvent de mémoire ou à partir de croquis réalisés lors de ses vacances à Arbois, contrairement à de nombreux jeunes artistes qui, influencés par les Impressionnistes, préfèrent peindre en plein air plutôt qu’en atelier. Il reste éloigné des écoles établies et développe une approche personnelle, explorant la peinture, le pastel et le fusain.
En 1897, il se retire dans le village de Mont-sous-Vaudrey, mais conserve un atelier à Paris et continue d’exposer au Salon jusqu’à sa mort en 1933.

En savoir plus

Cette oeuvre, exposée au Salon de 1876, marque un tournant important dans la carrière de Pointelin, lui valant une distinction officielle et de nombreux éloges de la critique. Après le Salon, le tableau est acquis par l’État grâce aux recommandations de Louis Pasteur et rejoint les collections du musée des Beaux-Arts de Dole en 1878.
Pointelin dépeint un bouleau solitaire se détachant contre un ciel gris, dans un paysage dépouillé de toute présence humaine. La composition, bien que classique, se distingue par la simplification des lignes et la réduction de la palette de couleurs, dominée par des gris, verts et ocres. L’atmosphère automnale de ce plateau, situé entre plaine et montagne, est à la fois sombre et pâle, créant une scène empreinte de mélancolie. Le regard du spectateur est complètement absorbé par ce paysage dépouillé, sans éléments distrayants.
La maxime d’Auguste Pointelin, « J’ai compris que l’art n’est pas fait d’exécution, mais de simplification », qui date du Salon de 1865, éclaire cette œuvre et la démarche esthétique de l’artiste tout au long de sa carrière. La simplification du paysage dans ce tableau témoigne de la modernité de son approche pour l’époque et annonce une série d’œuvres plus épurées à mesure qu’il se rapproche progressivement de l’abstraction, comme dans son tableau Solitude.

Hélène Geley, enseignante missionnée au Musée des Beaux-Arts de Dole
Cyril Aubertin, responsable du service des publics au Musée des Beaux-Arts de Dole

Contexte

Imaginer, penser, créer au milieu du XIXe siècle

Dans les années 1850-1860, l'académisme est remis en cause par le réalisme. Courbet affirme que la peinture « ne peut consister que dans la représentation des choses réelles et existantes ». L'invention de la photographie, qui saisit instantanément le réel, influence le peintre. Comme Gustave Courbet, François Millet fait scandale en peignant des scènes de la vie quotidienne comme le travail des paysans. C'est une rupture par rapport à la hiérarchie classique des genres où la noble peinture d'histoire tient la première place. Les peintres académiques traitent ces tableaux de « caricatures ignobles et impies ». La technique diffère aussi des normes académiques. Moins minutieuse, l'exécution est souvent proche de l'esquisse.

La peinture évolue aussi car de nouvelles techniques changent la perception du réel. La photographie permet de saisir l'instant, de décomposer le mouvement. Le cadrage, la profondeur de champ avec le net et le flou et l'écrasement de l'espace modifient le regard du peintre. La photographie montre la grande diversité des apparences d'un même objet, d'un même lieu ou d'une même scène, en fonction des aspects changeants de la lumière et de l'atmosphère. Le photographe sort de chez lui et saisit la réalité sur le terrain. Le nouveau conditionnement de la peinture à l'huile en tube permet aux peintres de quitter l'atelier pour peindre en plein air.

La volonté de dépeindre le réel touche aussi la littérature, avec des romanciers comme Balzac, Maupassant ou Flaubert. Émile Zola (1840-1902), avec le naturalisme, s'efforce de décrire la réalité sociale qu'il observe par la méthode expérimentale.

Complément(s)

Site(s)

Sur le site de France 3 Bourgogne Franche-Comté, un reportage sur Auguste Pointelin effectué dans le cadre la rétrospective organisée par trois musées de la région, Dole, Arbois et Pontarlier, pour rendre un juste hommage au peintre jurassien.

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