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L’usine Peugeot à Sochaux en 1936

Sochaux | Doubs | Archives municipales de Montbéliard | 1936
Époque contemporaine | République et vie politique XIXe-XXe siècles | Société du XIX ème siècle à 1945

dessin stylisant la grève (1936), photographie 9x14 cm, collection « Montel ».
© Archives municipales de Montbéliard

En mai 1936, après la victoire du Front populaire (union politique de trois partis de gauche), un mouvement spontané de grèves se déclenche dans le pays. Les usines sont occupées et au plus fort du mouvement, ce sont 3 millions de grévistes qui sont dénombrés. Mi-juin, la situation est revenue à la normale dans la majorité du pays. Dans la région de Montbéliard, la situation est originale puisque ce n’est qu’à partir de mi-juin que la situation se dégrade.
Sur cette photographie, un ouvrier resté anonyme a dessiné Léon Blum, le nouveau chef du gouvernement, en train d’apprendre au lion Peugeot les accords Matignon, ensemble des lois sociales promulguées par le Front populaire le 7 juin 1936. Autour du tableau, des membres du personnel prennent la pose le temps de la photographie.
Ce document illustre donc les grèves de 1936, qui sont caractérisées par des actions joyeuses et par des attentes fortes du personnel, alors même que la population a choisi François Peugeot pour la représenter à l’Assemblée nationale.

En savoir plus

Implantée en 1912 dans la plaine entre Montbéliard et Sochaux, la nouvelle usine Peugeot emploie 400 ouvriers et se développe très rapidement : en 1937, elle occupe 12 000 ouvriers et fournit le quart de la production française.
Aux élections de mai 1936 à Montbéliard, c’est François Peugeot qui l’emporte en rassemblant un large panel d’opinions, allant des radicaux indépendants à la droite traditionnelle, et se posant ainsi à contre-courant de la situation nationale où le Front populaire l’emporte nettement.
Ce sont dans les usines Peugeot que les grèves de juin 1936 débutent : la direction Peugeot souhaite la création d’un syndicat professionnel, refusé par la plupart des ouvriers car ces derniers le soupçonnent de ne pas être indépendant du patronat. Par ailleurs, les ouvriers réclament également le maintien des avantages sociaux existants, qui vont souvent plus loin que les dispositions prévues par les accords Matignon. Le mouvement s’étend ensuite aux autres branches industrielles et se poursuit jusqu’en juillet 1936.
La situation du pays de Montbéliard apparaît ainsi assez originale : alors qu’un député hostile au Front populaire est élu, toutes les usines sont occupées un mois après, à rebours du mouvement national.
Service éducatif des Archives municipales de Montbéliard

Contexte

La République en France

La IIIe République s'installe avec difficulté face aux oppositions multiples, notamment monarchistes.

Les lois constitutionnelles de 1875 définissent un régime parlementaire et précisent que le président de la République est élu par le Sénat et l'Assemblée nationale.

En 1879, le républicain Jules Grévy est élu président de la République. De 1879 à 1889, sont votées les lois fondatrices qui donnent à la France son identité républicaine. Elles sont complétées par des mesures symboliques.

La Marseillaise est l'hymne national de la France (loi de 1879). Le 14 juillet devient la fête nationale (loi de 1880). La IIIe République impose le drapeau tricolore. Sa devise est « Liberté, Egalité, Fraternité ». En 1881, sont votées les lois de liberté de la presse et de réunion ; en 1884 sur la liberté syndicale.

Ministre de l'Instruction publique, Jules Ferry organise l'école primaire, gratuite, obligatoire et laïque pour tous les enfants de 6 à 13 ans, jusqu'au certificat d'études (lois de 1881-1882). La mairie et l'école publique incarnent dans toutes les communes la présence de la République.

Des bustes de Marianne qui représentent la France républicaine sont installés dans les mairies. Les statues de la République et des grands hommes ornent les places et les fontaines publiques. Ces symboles, comme l'enseignement dispensé à l'école laïque ou la pratique des élections, contribuent à enraciner la République en France.

La culture républicaine s'oppose dans un premier temps à l'Église catholique, encore largement nostalgique de la royauté. Les affrontements aboutissent en 1905 à la loi de séparation de l'Église et de l'État. En France, l'identité républicaine est étroitement liée à la laïcité.

En 1914, les opposants à la République ne sont plus qu'une minorité. La IIIe République résiste à l'épreuve de la première guerre mondiale. Elle est toutefois fragilisée par la crise économique qui touche la France à partir des années 1930. Les échecs gouvernementaux suscitent un fort mécontentement et la montée des extrêmes.

Complément(s)

Image(s)

Archives municipales de Montbéliard, 1Fi43

Photographie d’un théâtre improvisé aux usines Peugeot et de Sochaux, 1936. Archives municipales de Montbéliard, 1Fi43 Dans les ateliers occupés c’est l’impression d’une parenthèse dans la vie quotidienne, l’impression d’une revanche aussi : on s’amuse là où on travaillait quelques jours auparavant.

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