La vie au maquis
L’année 1944 constitue l’apogée de l’engagement résistant. La mise en place du service du travail obligatoire (STO) en février 1943 par l’État français conduit des jeunes gens requis pour l’Allemagne à passer dans la clandestinité et à rejoindre les maquis déjà constitués. Un maquis est un groupe armé vivant dans des bois et des zones montagneuses. Ces réfractaires au STO vont jouer un rôle essentiel dans la libération du département.
Les maquis sont localisés dans l’ensemble du département. Les zones boisées sont les plus propices à la constitution de camps clandestins. Plusieurs dizaines de maquis sont recensés en Côte-d’Or à la veille du débarquement du 6 juin 1944. Au total, il y en a eu trente-deux. Dans le nord du département, on peut citer par exemple les maquis Montcalm, Richelieu, Jean-sans-Peur, Casse-Cou et Blonde. Dans la partie sud-ouest, se trouvent les groupes de résistants Valmy, Douaumont, Liberté et René Laforge. Dans la plaine de Saône, les maquis s’appellent Bonaparte, Perdrix et Du Guesclin.
En savoir plus
Le choix du nom d’un maquis est lié à des valeurs républicaines, à des références historiques telles des noms de personnages de l’histoire de France, des batailles de la Révolution ou de la Première Guerre mondiale et au pseudonyme du fondateur et chef du maquis.
Les premiers maquisards s’installent souvent dans des fermes abandonnées. Les résistants peuvent également utiliser comme abris des grottes ou des cavernes naturelles. Au printemps 1944, les parachutages alliés permettent d’améliorer l’installation des maquisards qui réutilisent les toiles de parachutes en guise de tentes.
La vie quotidienne au sein d’un maquis est rythmée par les corvées quotidiennes : la recherche d’eau potable, de bois de chauffage et de ravitaillement, les exercices de préparation militaire et les chants et les jeux organisés pour rompre la monotonie de cette vie clandestine. La chasse, la cueillette, le troc, l’aide des populations locales et les coups de main pour récupérer des tickets de rationnement permettent d’assurer le ravitaillement élémentaire des maquis.
Dimitri Vouzelle, enseignant détaché aux Archives départementales de la Côte d’Or
Contexte
La Libération
La France libre, organisée par le général de Gaulle, combat aux côtés des Alliés depuis l’été 1940. Elle prend part en 1943-1944 à la libération de l'Europe.
Ainsi, les Forces Françaises Libres (FFL) participent en novembre 1942 au débarquement en Afrique du Nord, le 6 juin 1944 à celui de Normandie et enfin à celui de Provence le 15 août 1944. Leurs troupes sont en partie composées de soldats des colonies d'Afrique.
Parallèlement, en 1942, Jean Moulin, envoyé du général de Gaulle, assure le lien entre la Résistance extérieure de la France libre et la Résistance intérieure, parfois avec difficulté. La Résistance intérieure accepte finalement l'autorité du général. Les mouvements de Résistance sont unifiés au sein du CNR, le Conseil National de la Résistance. En plus de l'organisation de la Libération, son programme prépare les grandes réformes de la France de l'après-guerre.
En novembre 1943, de Gaulle préside le Comité français de libération nationale qui se transforme le 2 juin 1944 en Gouvernement provisoire de la République française.
Les FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) et les FTP (Francs-Tireurs et Partisans) aident par leurs sabotages et leurs renseignements l'offensive des Alliés. Ils freinent l'armée allemande et désorganisent ses opérations.
Les résistants libèrent certaines régions comme le Sud-Ouest, les Alpes ou le Jura. L'armée allemande réagit avec une violence extrême. Elle se livre à de terribles exactions comme à Oradour-sur-Glane, dans la Haute-Vienne, où une division SS abat ou brûle vifs 642 villageois et réfugiés, dont 240 femmes et enfants.
C'est la Résistance intérieure qui organise en août 1944 la libération de Paris, qui n'était pas prévue par les Alliés. L'opération se déroule en relation avec la deuxième division blindée du général Leclerc, qui se dirige en toute hâte vers la capitale. Le 26 août 1944, le général de Gaulle défile dans Paris libéré. Il descend les Champs-Élysées en triomphateur. Personne ne conteste son autorité.
Des poches de résistance allemande subsistent jusqu'au printemps 1945 où la totalité du territoire est enfin libérée.
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